C'est la dernière marche des étudiants avant la rentrée. Hier mardi, au 27e acte de leur mobilisation hebdomadaire contre le système, ils étaient nombreux à maintenir la pression sur le pouvoir, rejetant, pour la énième fois, le dialogue et les élections tant que les figures du régime sont en place. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Au lendemain du discours du chef d'état-major de l'armée où il insistait sur l'organisation de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais et critiquait les partisans de la transition, les étudiants sont revenus à la charge. Ils ont exprimé leur rejet de toute élection et de tout dialogue tant que les figures du système, à leur tête Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, n'ont pas quitté leur poste. Les étudiants, rejoints par des centaines de citoyens en ce dernier mardi du mois d'août, se sont attaqués aux détenteurs du pouvoir réel, avec des slogans à l'encontre des généraux et du chef d'état-major. «Bouteflika n'est plus là, mais son gouvernement est toujours là», s'offusque une manifestante, en inscrivant son constat sur une pancarte. Aux environ de 10h, ils ont commencé à se rassembler au niveau de la place des Martyrs. Des débats sur la situation politique du pays ont eu lieu. Les étudiants veulent une transition d'où seront écartés tous les responsables de la crise. Avant l'entame de la marche, les manifestants ont entonné l'hymne national, puis observé une minute de silence à la mémoire des cinq jeunes décédés jeudi dernier dans une bousculade au gala de Soolking en raison de l'organisation catastrophique de l'évènement. La marche a été lancée sous les cris de «Etat civil et non militaire». Dans les premiers rangs des marcheurs, Benyoucef Mellouk, déclencheur de l'affaire des magistrats faussaires, tente d'expliquer aux jeunes cette affaire et les sensibiliser sur les faux moudjahidine. «La nouvelle génération doit prendre le flambeau», dit-il à ceux qui l'entouraient alors que les manifestants lancent le slogan révélateur du fossé qui sépare le pouvoir des citoyens «Le peuple veut l'indépendance». Les étudiants ont dénoncé les organisations estudiantines qui veulent participer au dialogue, affirmant qu'elles ne les représentent pas. Ils s'en sont pris également à Karim Younès, coordinateur du Panel de dialogue et de médiation. «Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous gouvernera pas», ont-ils scandé, reprenant, ainsi, le slogan principal des manifestations des vendredis. Les manifestants ont exigé, en outre, la libération des détenus d'opinion et porteurs du drapeau amazigh, comme ils ont réclamé la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ. En arrivant devant le siège du Panel de dialogue, les manifestants ont observé une halte de plusieurs minutes, marquant leur rejet catégorique de cette instance, l'accusant d'être au service du pouvoir. «Y aura pas d'élections avec les bandes», «Pas de dialogue avec les bandes», ont-ils lancé avant de poursuivre la manifestation. Ils ont lancé également des slogans contre le FLN, le RND et Ali Benflis. Les étudiants promettent une forte reprise de leur mouvement dès la rentrée, début septembre. Ils estiment que le système politique n'a aucune chance de survivre au mouvement populaire qui, tel un tsunami, promet de l'emporter sur son passage. K. A.