Pour les manifestants, il ne fait aucun doute que l'attachement au scrutin présidentiel répond à l'impératif de sauver le régime. Des milliers d'Oranais sont encore sortis, hier vendredi à l'occasion de la 34e marche, pour réitérer leur rejet de l'élection présidentielle dans les conditions imposées par le pouvoir et réaffirmer leur détermination à poursuivre la lutte pour le changement radical du régime. Les manifestants oranais ont dénoncé l'escalade de la répression contre les manifestations pacifiques, qui s'est exprimée de la pire des manières, mardi dernier à Alger, lorsque des étudiants ont été tabassés par la police. "C'est indigne ! Aucune raison ne peut justifier la violence dont les policiers ont fait preuve contre les étudiants. Ce ne sont ni des délinquants ni des trafiquants de cocaïne", a dénoncé l'une des manifestantes, écœurée par les images diffusées ce mardi-là sur les réseaux sociaux. Leur rejet de l'élection présidentielle, les Oranais l'ont exprimé par les traditionnels slogans refusant "el intikhabet mâa el îssabat" (les élections avec la bande), mais également en détruisant l'enseigne du siège local de l'Autorité nationale indépendante des élections, situé avenue Larbi-Ben M'hidi. "Le peuple ne veut pas de cette élection. Il l'a dit et répété à chaque marche. Pourquoi vouloir l'imposer à tout prix si ce n'est qu'elle vise le maintien du pouvoir ?", s'est exprimé l'un des marcheurs pendant que les slogans contestataires emplissaient le centre-ville. Pour les manifestants, il ne fait aucun doute que l'attachement à l'élection répond à l'impératif de sauver ce qui peut l'être du régime. "C'est parce que nous sommes certains que ces gens ne sont pas mus par l'intérêt suprême de l'Algérie et de son peuple que nous refusons cette mascarade", a encore dénoncé un manifestant de la première heure. À côté du rejet de l'élection et la dénonciation de la répression, les Oranais ont également appelé à la libération des détenus politiques et d'opinion. Les informations faisant état de la maltraitance de Karim Tabbou à la prison de Koléa, largement relayées sur les réseaux sociaux, n'ont pas laissé les manifestants indifférents. "Le sort réservé aux détenus est également indigne de la justice dont les magistrats doivent s'affranchir des pressions pour exercer en toute indépendance", a-t-on souligné parmi les manifestants dont certains brandissaient des portraits de Bouregâa, de Tabbou, de Boumala et d'autres détenus. "Vos matraques et vos barreaux ne seront jamais une entrave à nos libertés", pouvait-on lire sur une pancarte en référence à la répression des étudiants et à l'incarcération des détenus. Pour le 2e vendredi consécutif, les Oranais ont dénoncé l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures "qui ne sert pas l'intérêt national" et rappelé aux forces de l'ordre que leur mission est de "veiller à la sécurité de la population et non à la tranquillité de la îssaba".