Une semaine a passé depuis le déclenchement de la grève des magistrats sans que ceux-ci parviennent à faire fléchir la position du ministre de la Justice et celle des plus hautes autorités du pays sollicitées pour un arbitrage urgent. Abla Chérif - Alger (le Soir) - Officiellement, Abdelkader Bensalah n'a pas réagi à l'appel du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui l'a officiellement saisi pour la tenue d'une session extraordinaire pour débattre du différend, mais la note adressée ce jeudi par Zeghmati aux présidents de juridictions pourrait laisser entrevoir la nature de la réponse du chef d'Etat par intérim. Le texte précise, en effet, que la session ordinaire du CSM se tiendra la «troisième semaine de novembre», prouvant ainsi qu'aucune décision de changement n'était encore à l'ordre du jour ce jeudi. Les magistrats de l'instance suprême solidaires du SNM (Syndicat national des magistrats) appellent, de leur côté, à avancer cette date. La réponse à leur demande a-t-elle été fournie par Zeghmati ? Ce jeudi, celui-ci laissait, en tous les cas, dégager l'image d'un homme bien accroché à son siège et à ses décisions qu'il a tenu à formuler selon les mêmes termes utilisés au premier jour de la grève. Le mouvement touchant près de 3 000 magistrats est maintenu et ceux qui se sentent «lésés par les décisions dont ils ont fait l'objet» sont priés de déposer des «recours auprès du CSM». La note émise comporte une précision de taille. Elle indique, en effet, que la «décision (du mouvement) a été prise par le Conseil supérieur de la magistrature». Une nouvelle manière bien éloquente de rappeler son rejet du communiqué émanant de cette même instance et annonçant le gel du mouvement après que le CSM l'eut validé trois jours auparavant. Dimanche dernier, des informations émanant de sources proches du dossier ont tenu à faire savoir qu'une réunion regroupant le ministère de la Justice, des représentants du SNM et du CSM s'était déroulée quelques jours avant l'annonce du mouvement pour concertation, et que «tous les partenaires avaient donné leur accord». Issad Mabrouk, président du SNM, a d'ailleurs reconnu le fait ce jeudi mais en introduisant des nuances. «La tutelle prétend que le syndicat était d'accord avec les paramètres, dit-il, il est vrai que nous avons assisté à une réunion préliminaire et on s'est entendu sur une période de cinq ans pour muter les magistrats à l'instar des procureurs de la République, les présidents de cour et les juges instructeurs. Nous avons dit que pour un meilleur fonctionnement de la justice, ceux-ci devraient être changés tous les cinq ans, or, ce qui s'est passé est que la plupart des magistrats qui ont été touchés par le mouvement ne l'ont pas été à leur demande.» Cette déclaration a été faite devant la Cour suprême où s'est tenu un rassemblement, événement durant lequel Issad Mabrouk a tenu à aborder un sujet brûlant, celui des détenus d'opinion. Ainsi, dit-il, «les juges auprès desquels je me suis renseigné, auprès desquels j'ai enquêté m'ont assuré qu'ils n'avaient reçu aucune instruction. Certains juges ont pris des décisions historiques mais de ceux-là personne ne parle. Les détenus d'opinion sont pour nous des dossiers judiciaires qui sont traités devant des juges et chacun est responsable de la décision qu'il prend et en son nom propre. L'Histoire retiendra qui des juges a appliqué la loi correctement ou incorrectement». A l'heure où étaient tenus ces propos, des scènes déchirantes se déroulaient aux abords du tribunal de Baïnem. En larmes, des familles courent derrière le fourgon cellulaire transportant des détenus d'opinion dont l'audience a été reportée en raison de la grève. A. C.