De Tunis, Mohamed Kattou Les années se suivent et se ressemblent. Encore une fois, la Tunisie s'engagera dans la nouvelle année avec un budget déséquilibré. Ce sera un « remake » de celui de l'année en cours qui brille par l'absence des gros investissements dans l'équipement. Comme en 2019, les dépenses de fonctionnement occuperont une place importante. En effet, plus de 40% de ce budget estimé à 47 milliards de dinars iront aux salaires des fonctionnaires de l'Etat. Un pourcentage colossal quand on sait que la Tunisie doit consentir davantage d'efforts pour booster l'investissement dans des projets créateurs d'emplois pour réduire le chômage qui touche, depuis plusieurs années, plus de 15% de la population. C'est aussi un budget qui réduit la marge de manœuvre du prochain gouvernement (qui sera formé prochainement) pour engager les réformes souhaitées. Techniquement aussi, ce budget est en déséquilibre flagrant avec les normes internationales. Son volume représente 40% du PIB contre 20% seulement reconnus au plan mondial. Ce qui ne manquera pas d'avoir un impact direct sur les prochaines négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Soucieux quant à ses recommandations, ce fonds ne facilitera pas la tâche à la Tunisie qui prévoit un recours à l'emprunt international à concurrence de 12 milliards de dinars pour combler son déficit budgétaire. Avec un tel budget, la tâche du gouvernement sera ardue, selon les experts économiques et financiers. Ceux-ci résument les problèmes à résoudre dans l'immédiat en mettant l'accent sur la nécessité de maîtriser l'inflation et de s'attaquer au chômage, principale source du marasme social dont souffre le pays depuis, bientôt, dix ans. A moyen terme, ces experts conseillent au gouvernement de consacrer une période de 18 mois à la mise au point et à l'exécution d'un plan d'ajustement structurel avant d'entamer les grandes réformes dont l'exécution s'établissait sur une période de quatre à cinq ans. Le peuple a-t-il assez de patience ? M. K.