Après un début laborieux, la campagne électorale entame sa seconde semaine. Sur le terrain, les candidats axent leurs discours sur l'enjeu de la participation. Si l'Anie se dit satisfaite des conditions de déroulement de la campagne, cette dernière reste d'une morosité inédite. Même les quelques échanges d'amabilité entre postulants n'auront pas réussi à lui redonner du relief. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Deuxième semaine d'une campagne électorale résolument pas comme les autres. Les cinq postulants la poursuivent dans une atmosphère souvent tendue. Leurs déplacements dans les différentes wilayas sont quasi systématiquement chahutés par des manifestations hostiles à la tenue des élections. Des arrestations sont quotidiennement opérées dans les rangs des manifestants alors que les discours des candidats sont souvent entrecoupés d'interventions de personnes bien décidées à se faire entendre. C'est dans ce climat que sont réduits les candidats à faire campagne. D'ailleurs, dans un communiqué, l'Anie a tenu à saluer leur « courage ». A près de deux semaines de la tenue d'un rendez-vous électoral aussi important qu'une élection présidentielle, la tiédeur de la campagne électorale renseigne sur l'atmosphère dans laquelle elle est appelée à se tenir. Alors que la première semaine s'achève, les panneaux d'affichage réservés aux candidats restent désespérément vides dans plusieurs wilayas. C'est à peine si certains candidats entament une timide campagne d'affichage en ce début de semaine. Les panneaux ne sont pas restés vides trop longtemps puisque les photos des détenus d'opinion y sont collées dans plusieurs communes et que des slogans hostiles à la tenue des élections y sont tagués. En choisissant de débuter leur campagne à partir du sud du pays, les candidats à l'élection présidentielle espéraient certainement échapper à la contestation qui ne cesse de monter. Ils auront été tous rattrapés par une conjoncture exceptionnelle. Ils tentent, chacun à sa manière, d'adopter une attitude plutôt soft vis-à-vis des manifestations qui chahutent leurs meetings. Presque tous reconnaissent à ces manifestants « le droit de s'exprimer » tout en rappelant le principe selon lequel, le respect de toutes les opinions devait prévaloir. Au plan du discours, les candidats insistent tous sur la nécessité de prendre part aux élections, faisant presque passer leurs programmes au second plan. Les candidats n'ont, cependant, pas hésité à qualifier le climat dans lequel elle se déroulait d' « ordinaire ». C'est également le constat fait par l'Autorité nationale des élections. Après une semaine de campagne, l'instance présidée par Charfi ne relève aucun dépassement digne d'être signalé. Même les échanges d'« amabilités » entre quelques candidats n'ont pas eu pour effet de réanimer une campagne des plus moroses. Le porte-parole de l'Anie estime en effet que « les joutes verbales entre les candidats, par programmes interposés, sont une pratique courante dans tous les pays démocratiques, c'est un fait normal et ordinaire tant qu'il reste dans le cadre du respect de la charte d'éthique des pratiques électorales signée ». Des candidats qui pourraient exercer leurs talents d'orateurs lors d'un débat télévisé qui devrait les réunir. Le président de l'Autorité nationale des élections en discute avec eux. La date du 7 décembre a été retenue en attendant que l'ensemble des candidats donnent leur aval. Dans une estimation de la première semaine de campagne, ladite instance s'est félicitée du respect du contenu de la charte, rappelant qu'elle œuvrait « dans le cadre de la transparence, de la justice et de l'égalité entre toutes les parties » tout en entreprenant « les démarches nécessaires en cas de différends pour résoudre la situation et remettre les choses dans leur situation normale ». N. I.