Après avoir purgé leur peine, 13 manifestants, arrêtés le vendredi 21 juin à Alger, pour port du drapeau amazigh, ont quitté la maison d'arrêt d'El-Harrach hier matin. A l'extérieur de la prison, une foule nombreuse constituée de citoyens engagés dans le mouvement populaire, de militants politiques et associatifs, d'amis et de membres de leurs familles, les attendait. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - A leur sortie, des dizaines de citoyens regroupés devant le portail de la structure, en présence d'un fort dispositif de police, les ont reçus dans une ambiance indescriptible où l'émotion le disputait à la joie, avec le slogan : «Les détenus, bravo à vous ! L'Algérie est fière de vous.» Les 13 détenus ont vécu des moments chargés d'émotion lorsque les manifestants, nombreux à les attendre, ont couvert certains d'entre eux de l'emblème amazigh. Les 13 détenus libérés sont Messaoud Leftissi, Djaber Aïbeche, Bilal Bacha, Khaled Oudihat, Hamza Meharzi, Tahar Safi, Mouloud Chatri, Samir Idir Gerroudj, Nacer Timsi, Amine Ould Tateb, Abderrahmane Boudraâ, Khaled Ouidir et Makhlouf Bibi. Sept d'entre eux doivent consommer le reste de la peine : six mois de prison avec sursis alors que les six autres étaient condamnés à six mois de prison ferme. A sa sortie, l'un des détenus a déclaré : «Je remercie tous les Algériens qui nous ont soutenus lors de toutes les marches populaires. Je remercie le collectif d'avocats qui s'est constitué bénévolement pour défendre notre cause. Ils étaient toujours près de nous. Je remercie également tous les partis politiques, les associations et ONG et les instances nationales et internationales qui nous ont soutenus.» L'air détendu, dégageant une charge de dignité et de fierté, un bébé entre les mains, il ajoute : «Je ne vous le cache pas. Je ne suis pas content. Il n'y a pas de quoi être content. La seule chose qu'on peut négocier avec le système est son départ», a-t-il lancé en condamnant la justice qui «au lieu de protéger et garantir les libertés et les droits des citoyens, se met au service du plus fort au détriment du faible.» Il est interrompu par les cris des manifestants qui ont lancé des slogans du Hirak, avant d'entonner l'hymne national. Les 13 détenus libérés hier constituent le premier groupe de jeunes manifestants incarcérés pour avoir porté l'emblème amazigh. Un autre groupe quittera la prison la semaine prochaine, après avoir purgé une peine de six mois de prison. K. A.