La commémoration du 4e anniversaire de la disparition de Hocine Aït Ahmed a montré l'étendue du fossé qui sépare les deux clans qui s'entredéchirent au sein du FFS, mettant en danger la cohésion du parti qui, impuissant, encaisse les coups les uns après les autres. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les «deux FFS», qui se sont recueillis en deux cérémonies distinctes sur la tombe du fondateur du parti, dont ils se disputent l'héritage et la mémoire, ne s'entendent plus malgré l'installation d'un comité ad hoc chargé de prendre attache avec les deux ailes et préparer les conditions de la réunification. Les échanges peu plaisants ont été présents, y compris à l'occasion de la commémoration du 4e anniversaire du décès du père spirituel du parti. L'ancien chef du groupe parlementaire, Chafaa Bouaïche, sanctionné par la direction conduite par Ali Laskri et Mohand Amokrane Cherifi, a dénoncé un «comportement indigne» de «Madjid Lemdani, soldat de Ali Laskri», qui a posé son pied sur la tombe de Hocine Aït Ahmed et de sa mère lors du recueillement. Le député qui a refusé de démissionner de l'APN a appelé, dans un commentaire, à chasser tous les «agents» de Cherifi et de Laskri qu'il qualifie du «mal du FFS». Ces deux cérémonies montrent l'étendue du fossé qui sépare les deux clans qui s'entredéchirent au sein du FFS. Le comité ad hoc, installé le 10 octobre 2019 par l'instance présidentielle dans le but de réunifier les rangs étant chargé de préparer une réunion du conseil national, peine à avancer dans sa démarche. «La démarche de réconciliation est toujours en cours. Ce qui bloque, c'est un dernier noyau dur qui refuse d'ouvrir le siège national pour le conseil national rassembleur, faisant de l'enceinte du siège un bunker sous haute surveillance, inaccessible pour les militants», nous affirme une source du parti. En effet, depuis plusieurs mois, l'instance présidentielle conduite par Ali Laskri a élu domicile à Alger-Centre après avoir été «débarquée» du siège national occupé par l'autre aile composée de députés, élus locaux et membres du conseil national. Cette division des rangs qui s'est aggravée depuis le début de l'année, mine le parti en pleine révolution populaire. Constatant cette réalité, l'épouse de Hocine Aït Ahmed a profité de l'occasion qu'offre le 4e anniversaire de la mort de son époux pour appeler les deux ailes au rassemblement. Djamila Aït Ahmed a exhorté les belligérants à dépasser leur désaccord pour s'unir à nouveau. Profitant de cette circonstance, le comité ad hoc, dépassé par l'ampleur de la division, a affirmé qu'il poursuit sa mission de préparation de la prochaine session du conseil national, afin de réunir toutes les conditions pour faire de cette réunion «une étape décisive dans le processus de rassemblement du parti». «Le comité ad hoc vous appelle à renforcer cette dynamique de rassemblement, qui ne peut réussir que si nous œuvrons toutes et tous ensemble à substituer à la haine et l'affrontement entre camarades, la culture du dialogue, du compromis et de la conciliation, si chers à notre président feu Hocine Aït Ahmed», a lancé le comité dans un communiqué. Il précise qu'il communiquera, dans les prochains jours, la liste des membres du conseil national qui seront conviés à cette prochaine session, sur la base de la composante de la session tenue le 25 janvier 2019, incluant les membres de l'instance concernés par la décision de suspension des sanctions prises depuis le dernier congrès extraordinaire. Le comité ad hoc proposera une date pour la tenue de cette session au siège national et entreprendra des consultations internes, pour recueillir toutes propositions utiles à la bonne tenue de ce conseil. A souligner, enfin, que, selon un message de Jugurtha Aït Ahmed, fils du fondateur du FFS, Hocine Aït Ahmed a exprimé «ses volontés», trois années avant sa disparition. Dans un extrait de ses dernières volontés, le défunt avait écrit : « Aucun tombeau, ni mausolée, ne doit être construit sur ma tombe, laquelle ne fera jamais l'objet d'aucune cérémonie de la part de toutes autorités politiques, de tous les partis politiques et autres groupements, ni d'aucune exploitation mercantile.» K. A.