Plusieurs dizaines de distributeurs de lait en sachet se sont rassemblés, dès la matinée d'hier dimanche, devant le siège de la Direction du commerce de la wilaya de Bouira, pour protester contre les dernières mesures prises par le ministère du Commerce concernant la distribution et la commercialisation du lait en sachets. Si le ministre du Commerce, M. Kamel Rezig, s'est attardé longuement sur le cas de laiteries qui détournent la poudre de lait subventionnée et destinée pour le lait en sachet qui reste parmi les produits subventionnés par l'Etat, et si ce même ministre a promis des sanctions exemplaires pour toute entrave à la réglementation, les distributeurs se sentent vraiment lésés surtout quand, dans ces mesures, figurent des restrictions concernant des produits laitiers autres que le lait en sachet subventionné. Rencontrés hier devant le siège de la Direction du commerce de la wilaya de Bouira, ces distributeurs expliquent que la marge bénéficiaire qu'ils perçoivent sur le litre de lait en sachet n'a pas changé depuis le début des années 2000. Une marge qui est exactement de 0,90 dinar par sachet, et qui est devenue, au fil des années, non rentable. Actuellement, et avec les restrictions constatées auprès des laiteries desquelles ils s'approvisionnent pour la wilaya de Bouira, ces distributeurs, dont le quota pour chacun se situe entre 3 000 et 5 000 litres par jour et avec une rotation de quatre jours par semaine, n'arrivent plus à couvrir les charges comprises entre le chauffeur, le combustible — surtout que la majorité des distributeurs ramènent leurs quotas depuis les lointaines villes des wilayas de Béjaïa, Tizi- Ouzou et Alger —, et les impôts. Aussi, et pour respecter le cahier des charges tel que voulu par le ministère du Commerce qui veut interdire à ces distributeurs tout autre produit laitier et dérivé non subventionné comme le petit-lait, le lait caillé, ainsi que le lait de vache, alors que, jusque-là, ce sont justement ces produits dérivés qui leur compensent les pertes dans la distribution du lait en sachet, ceux-ci réclament la révision de la marge bénéficiaire du lait en sachet en la fixant à 3 dinars. Car, selon eux, vu les quotas qui leur reviennent auprès de ces laiteries, seule l'augmentation de la marge de bénéfice par litre pourra sauver leur activité. Faute de quoi, ces distributeurs rappellent que personne ne restera dans ce créneau, surtout pour le cas de la wilaya de Bouira qui s'approvisionne depuis les autres wilayas. Pour rappel, dans la wilaya de Bouira, dont la population est de plus de 850 000 habitants, les besoins quotidiens en lait sont de l'ordre de 240 000 litres par jour. Actuellement, et selon les informations fournies récemment par la Direction du commerce, seuls quelque 180 000 litres de lait sont distribués et cela, avec une rotation de quatre fois par semaine. Autant dire que les besoins quotidiens pour la wilaya sont loin d'être satisfaits. Pour y remédier, les distributeurs du lait en sachet, qui ont rencontré hier matin le directeur du commerce, puis celui des services agricoles, lesquels ont promis de transmettre leurs doléances à qui de droit, rappellent que la demande en lait pour la wilaya de Bouira ne peut être satisfaite que si les pouvoirs publics, via l'Onil, l'Office national interprofessionnel du lait, donnent leur feu vert aux laiteries conventionnées avec la wilaya de Bouira, pour augmenter les quantités quotidiennes. Et, bien entendu, revoient à la hausse la marge bénéficiaire pour ces mêmes distributeurs. Y. Y.