La chambre haute du parlement tend à vivre, ces jours-ci, une crise similaire à celle vécue à l'automne 2018 par sa consœur basse quand son ex-président, Moad Bouchareb, qui avait succédé à Saïd Bouhadja dans les conditions que l'on sait, était à son tour destitué au bout d'un bras de fer. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Cette crise est née de l'entêtement du président intérimaire du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, désormais nonagénaire, qui tient à ce poste, laissé vacant après la décision de retrait de son titulaire, Abdelkader Bensalah, fin décembre dernier, lui qui ne pouvait admettre, surtout pas au crépuscule de sa vie, «rétrograder» après avoir assuré, neuf mois durant (avril 2019-décembre 2019), l'intérim au plus haut sommet de l'Etat, en remplacement de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission sous la pression du mouvement populaire du 22 février 2019. C'est que celui qui fut commandant dans l'armée des frontières, durant la guerre de libération nationale tient à demeurer et ainsi être « titularisé» au rang de second personnage de l'Etat, au mépris du règlement régissant le fonctionnement du Conseil de la Nation. Un règlement auquel Goudjil a superbement tordu le cou en convoquant, avant-hier dimanche, une réunion du bureau de la chambre haute du parlement, élargie aux chefs des groupes parlementaires pour préparer les futures échéances, à commencer par le débat sur le plan d'action du gouvernement Abdelaziz Djerad, au lieu de provoquer une plénière devant élire un successeur à Abdelkader Bensalah. Cela dit, le vœu ardent de Goudjil de se maintenir à la tête de la Chambre haute du parlement risque d'être sérieusement contrarié par une règle certes non écrite, mais toujours de mise en haut lieu. Il s'agit du sacro-saint principe de l'équilibre régional, s'agissant des quatre principaux postes dans l'architecture institutionnelle du pays: président de la République, président du Conseil de la Nation, président de l'Assemblée populaire nationale et, enfin, Premier ministre. Et de tous ces postes actuellement occupés à «temps plein», le premier, occupé par Abdelmadjid Tebboune, de l'ouest du pays au moment où les trois autres sont occupés par des personnalités issues de l'est et du sud du pays avec absence notable de toute trace du centre du pays comme a toujours été l'us. Et comme le poste de président du Conseil de la Nation est pourvu à titre intérimaire, il n'est pas exclu qu'il revienne, au nom du respect de ladite règle d'équilibre régional, à une personnalité du centre du pays et, pourquoi pas issue de la Kabylie. Une personnalité que le président de la République pourrait choisir au titre du tiers présidentiel, surtout qu'une dizaine de sièges au sein du Conseil de la Nation demeurent vacants et qui pourrait être, par la suite, plébiscitée président de la chambre haute du parlement comme l'a toujours voulu la tradition. M. K.