Après la libération surprise de 76 détenus d'opinion et du mouvement populaire, jeudi, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, le général Hocine Benhadid et les militants de l'association RAJ, les observateurs s'attendent à la sortie de prison d'autres détenus cette semaine. Karim Aimeur - Alger ( Le Soir )- L'injustice qui leur est infligée prendra-t-elle ainsi fin ? Tout porte à le croire, d'autant plus que plusieurs détenus qui croupissent à la prison d'El Harrach pour leur implication dans le mouvement populaire ont reçu la promesse de se faire libérer à partir d'aujourd'hui dimanche. Certaines sources évoquent une nouvelle liste de 24 personnes qui retrouveront la liberté ce matin. Selon des détenus libérés jeudi, qui ont pris part aux marches de vendredi à Alger, ils ont été informés que leur codétenus, dont le président de l'association RAJ, Abdelouahab Fersaoui, seront libérés aujourd'hui dimanche. En tout cas, les militants politiques et associatifs, les amis et les familles des détenus sont optimistes quant au dénouement tout proche de cette question, qui est devenue l'une des revendications principales du Hirak, ainsi que l'une des mesures d'apaisement réclamées par la classe politique. L'avocat Abdelghani Badi ,qui a défendu plusieurs détenus d'opinion, a affirmé avoir rendu visite ,hier samedi, à Fodil Boumala, Samir Benlarbi et le président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui. «Ils sont optimistes et félicitent les détenus libérés», a-t-il affirmé. A côté de ces trois détenus, Karim Tabbou reste lui aussi à la prison de Koléa. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), plus de 100 personnes sont toujours incarcérées, et dont la majorité sont à Alger. Incarcérés pour avoir arboré l'emblème amazigh pour certains, pour avoir simplement participé aux marches pacifiques pour d'autres, et pour avoir exprimé leurs opinions encore pour d'autres, les détenus du Hirak retrouvent la liberté dont ils étaient privés arbitrairement les uns après les autres. Si les premiers groupes des détenus ont purgé leur peine avant de retrouver la liberté, d'autres semblent avoir bénéficié d'une décision politique non annoncée. «C'est un soulagement à chaque fois qu'un militant se libère des griffes de l'arbitraire. La libération des détenus, bien qu'elle soit provisoire, donc toujours otages politiques en attendant leurs procès, est le fruit de la solidarité et la mobilisation populaire, des avocats et des médias libres», soutient le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, dans une déclaration au Soir d'Algérie. Il souligne que les détenus ont été libérés de la même façon dont ils étaient arrêtés, «sur injonctions», ce qui porte un coup à l'image de la justice. «Il s'agit plutôt d'une réparation d'une injustice en attendant la réhabilitation de ceux qui ont été condamnés», a-t-il soutenu, exigeant la libération des détenus encore en prison. L'ancien diplomate Abdelaziz Rahabi a réagi, lui aussi, à la libération de Lakhdar Bouregaâ, estimant qu'elle constitue le début de réparation d'une injustice qui doit être suivie de celle de tous les détenus d'opinion encore incarcérés. «Cette mesure constitue un signe positif qui pourrait participer à la mise en place des mesures de confiance et d'apaisement ,sans lesquelles aucune sortie de crise ne peut être valablement envisagée», a-t-il ajouté. K. A.