Le procès en première instance de l'activiste politique Fodil Boumala est programmé pour dimanche 9 février au tribunal de Dar El-Beïda. Accusé d'"atteinte à l'unité nationale" et d'"affichage de tracts portant atteinte à l'unité nationale" sur la base des articles 79 et 96 du code pénal, l'ancien journaliste de l'ENTV a été arrêté à son domicile et placé sous mandat de dépôt le 19 septembre 2019. Les multiples demandes de libération, introduites par le collectif de défense, ont toutes été rejetées aussi bien par le juge d'instruction près le tribunal de Dar El-Beïda que par la Cour d'Alger. En quelques semaines, l'homme est devenu un visage incontournable du mouvement citoyen en raison de ses interventions virulentes contre le régime et son engagement sans faille dans la révolution populaire. Il est l'un des promoteurs de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, créée en janvier 2011 dans le sillage des émeutes qui ont ébranlé le pays et ce, dans le contexte du printemps arabe. Trois jours avant son arrestation, l'opposant politique Samir Belarbi a subi le même sort. Il a été interpellé à proximité de son domicile à Bouzaréah par des agents en civil, puis présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs, qui a ordonné son incarcération à la prison d'El-Harrach. Il est poursuivi pour les mêmes chefs d'inculpation. Son procès sera ouvert mercredi 27 janvier. À la même période, l'ancien député du FFS, actuel porte-parole de l'UDS (Union démocratique et sociale, parti non agréé), Karim Tabbou, est arrêté et placé en détention provisoire par le tribunal de Tipasa pour "atteinte au moral des troupes de l'armée". Il est remis en liberté conditionnelle par la Cour de Tipaza le 25 septembre 2019. Coup de théâtre, 24 heures plus tard, des policiers en civil se sont présentés à son domicile pour l'arrêter de nouveau. Présenté devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, il est renvoyé à la Maison d'arrêt de Koléa, où il est placé en isolement, selon des avocats. Il lui est reproché, cette fois-ci, d'"atteinte à l'unité nationale" et d'"incitation à la violence". Le 20 janvier dernier, sa détention provisoire a été renouvelée pour une deuxième période de quatre mois. Aucune date n'est fixée, jusqu'alors, pour son procès, alors que l'instruction est close. Abdelouahab Fersaoui, président du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse), et l'activiste Brahim Laâlami sont dans une situation similaire. Ils séjournent respectivement au centre pénitentiaire d'El-Harrach et de Bordj-Bou-Arréridj depuis le 10 octobre et le 22 novembre. Il était attendu que tous les détenus d'opinion quittent les prisons après que les tribunaux eurent ordonné, le 2 janvier 2020, la liberté provisoire au profit de 76 prisonniers dont le moudjahid Lakhdar Bouregâa, des cadres du RAJ (Hakim Addad, Djalal Mokrani, Ahcène Kadi, Karim Boutata…), le général à la retraite Hocine Benhadid. Les pouvoirs publics ne semblent néanmoins pas être dans une logique d'apaisement. Des personnalités mais aussi des étudiants (Nour El-Houda Oggadi) et des hirakistes sont encore en détention.