La nonchalance qui caractérise le développement des énergies renouvelables en Algérie a entraîné, en l'espace de 10 ans à peine, des pertes financières et pas des moindres pour le secteur, s'élevant à plus d'un milliard de DA. Pourtant, ce n'est pas faute de l'existence d'un potentiel énergétique ni même d'une réglementation claire en la matière. Les déclarations politiques promettant d'en faire une priorité nationale ne cessent de se succéder mais incontestablement, l'accomplissement en temps réel peine à suivre. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - C'est précisément l'aspect sur lequel s'est attardé hier le président du cluster des énergies renouvelables en Algérie, Boukhalfa Yaici, lord de son intervention sur la Radio nationale Chaîne 3. Ce dernier concède que «le retard accusé en matière d'exploitation des énergies propres résulte de l'absence de l'application de textes de loi bien spécifiques». Selon lui, bien que les autorités semblent, d'après leurs déclarations, avoir conscience des avantages dont on pourrait bénéficier en exploitant efficacement rien que l'énergie solaire, «on constate que sur le terrain, la volonté n'y est pas et que la chose est quelque part toujours minimisée». Evoquant le taux d'avancement des programmes lancés à l'effet de réaliser les objectifs établis par le programme national, l'expert a indiqué que seulement 1,8 % du plan a été réalisé, ce qu'il juge «infime par rapport au schéma tracé». Il a signalé, à ce propos, que le programme initial lancé en 2011 avait pour projet d'arriver à réaliser au moins 2 600 mégawatts à l'horizon 2020, et ce, avant de le revoir à la hausse en 2016 avec comme nouvelle ambition d'atteindre les 4 000 mégawatts pour la même période. «Au final, seulement 390 mW sur 22 000 mW ont été installées et exploitées», regrette Boukhalfa Yaici, estimant qu'on «aurait pu faire beaucoup mieux». Il citera, dans ce sillage, l'existence du fonds national de la maîtrise des énergies renouvelables en Algérie, se demandant quel a été son rôle durant toutes ces années. En sachant que le principe d'un fonds destiné aux énergies renouvelables était bel et bien consigné dans la loi de finances complémentaire pour l'année 2010. Par conséquent, si ces lois ont été sorties de l'aspect théorique et concrétisées sur le terrain, «l'investissement en matière d'énergies renouvelables aurait vite été impulsé», a-t-il soutenu. En outre, l'invité de la radio pointe du doigt le ministère de l'Energie, lequel, estime-t-il, ne s'est jamais «concrètement conformé à la réglementation régissant l'exploitation des énergies propres». Boukhalfa Yaici a également souligné que le retard qui a accompagné l'exécution du fameux programme national noua a fait «non seulement perdre du temps mais a également impacté nos finances. Il rappellera, à ce titre, que plus d'un milliard de DA est parti en fumée en un laps de temps très court, estimation faite, précise-t-il, par la Cour des comptes. Ce qui est inquiétant, d'après ce dernier, c'est le fait qu'aucun changement d'orientation dans la politique de l'exploitation des énergies renouvelables ne semble à l'ordre du jour. «Même en constatant que la stratégie initiée dans ce sens ne porte pas ses fruits, le département de l'énergie continue sur la même voie», fait-il remarquer. Comment sortir de cette impasse et accélérer le processus du développement des énergies renouvelables ? A cette question, Boukhalfa Yaici estime que «nous avons besoin d'un plan d'action détaillé». Plan qui, dit-il, «permettra aux acteurs activant dans le domaine d'avoir de la visibilité. A propos de la transition énergétique, le président du cluster des énergies renouvelables a rappelé qu'aujourd'hui, certains faits nous incitent à encourager et à développer ce secteur. Il tient à signaler que la consommation de gaz par les Algériens a enregistré des pics et laisse présager une incapacité sur le moyen terme, soit en 2022, d'exporter. Elément d'ailleurs sur lequel «ont insisté plusieurs experts», a-t-il souligné. M. Z.