La section syndicale des enseignants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou le (Cnesto) condamne et dénonce de graves dérives en réagissant vigoureusement à l'agression caractérisée d'une enseignante du département de français par un étudiant mécontent d'avoir été empêché de frauder à l'examen. L'affaire a provoqué stupeur et indignation dans les rangs des enseignants, particulièrement parmi ceux du département de français, « eux, lit-on dans la déclaration du Cnesto, qui vivent déjà dans la crainte permanente d'être agressés. Cet acte a suscité l'indignation de tous les enseignant (e) s de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou (…) La dignité de l'enseignant se trouve, encore une fois, foulée au pied. Les enseignants de ce département n'ont pas manqué d'alerter la communauté universitaire, le doyen de la faculté et le recteur sur le risque d'agression qui pèse sur eux et la psychose qui s'est installée dans tous les coins et recoins de leur lieu de travail », écrit le Cnesto qui dénonce et condamne « cette énième attaque qui vient nous rappeler avec force la triste réalité dans laquelle vivent les enseignant (e) s de l'UMMTO, dans tous les départements, facultés et campus.» Dans la matinée de mercredi, de nombreux enseignants ont observé un rassemblement devant le rectorat. Objectif : «Dénoncer et condamner cette dernière agression, et à travers elle, toutes les précédentes ainsi que toute forme de violence à l'université », écrit le syndicat qui exige : «des mesures appropriées et immédiates afin d'éviter le pourrissement.» Et de s'alarmer que «l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou connaît ces dernières années une situation de marasme généralisé.» Les syndicalistes de la section locale du Cnes ne s'arrêtent pas à la dénonciation de cet acte ignoble dont a été victime l'enseignante. Ils vont plus loin et décrient des dérives graves et incompatibles, selon eux, avec une telle institution vouée au savoir, évoquant un climat caractérisé par l'insécurité, l'intrusion d'individus étrangers à la communauté universitaire, et des faits qui sortent du cadre normatif. Car, à en croire la déclaration du syndicat, l'université Mouloud-Mammeri est devenue une véritable zone de non-droit où se déroulent des actes équivoques et plus que délictueux. « Elle (l'UMMTO) est devenue le nid de tous les fléaux sociaux et manquement à la déontologie universitaire, trafic de stupéfiants (…) Nul n'est à l'abri d'une agression et personne ne se sent en sécurité où qu'il soit à l'UMMTO, notamment à partir de 14h00, moment où cette enceinte, censée être un havre de sécurité, de paix et de savoir, commence à se vider de la communauté universitaire, laissant place à une autre communauté composée de personnes versées dans le commerce de drogue de toutes sortes, de boissons alcoolisées et de proxénétisme, avec la complicité (hélas !) de quelques universitaires qui les y introduisent», s'alarme le Cnesto qui constate : «Les conditions de vie des étudiants se dégradent de plus en plus. Le cadre pédagogique n'est plus adéquat pour des cursus universitaires dignes de ce nom», déplorant une situation où «l'université se retrouve victime de sa mauvaise gestion.» Pour le Cnesto, cette situation, n'est pas le fruit du hasard. Un état des lieux qui est la conséquence de la rupture dans la chaîne des responsabilités qui dépasse le seul cadre universitaire, puisque, souligne-t-il : « l'inaction de tous les responsables qui se sont succédé à la tête de l'université et des responsables en charge de la sécurité des biens et des personnes au niveau de la wilaya qui ont été maintes fois alertés par les enseignants et par les étudiants, ne peut signifier qu'une seule chose : cette situation est entretenue sciemment pour des fins inavouées. Cet état de fait a graduellement donné lieu à un bouleversement programmé des mœurs et à un renversement de l'échelle des valeurs au point où ce sont les universitaires eux-mêmes qui commettent le plus souvent ces agressions. Nombreux sont les enseignants qui ont été victimes d'agressions (insultes et voies de faits) perpétrées par des enseignants eux-mêmes, des agents responsables de la sécurité ou de l'administration et des étudiants. La violence symbolique et le harcèlement moral a remplacé le respect mutuel et la convivialité entre les membres de la communauté universitaire », lit-on encore sur le document qui déplore les dérives morales constatées au grand jour sous forme de «l'affairisme (qui) a pris le dessus sur les obligations statutaires chez de nombreux membres de cette communauté. Ce qui est bien plus triste encore, c'est que l'optimisme et l'enthousiasme de la Révolution populaire en cours dans le pays tout entier, ne semblent pas avoir eu d'impact sur ces fléaux qui rongent notre université», écrivent en conclusion les syndicalistes du Cnesto. S. A. M.