Bien que dotés de colossaux moyens, les Américains ont pris la résolution de mettre en quarantaine l'Europe, le nouveau foyer du coronavirus, pour ensuite déclencher l'état d'urgence. L'impératif de se prémunir contre une propagation du virus dans la même ampleur que celle que subissent des pays tels que l'Italie, l'Espagne et la France, n'ayant pas de prix aux yeux des Américains. Le Président Donald Trump a donc pris des mesures drastiques qui, il faut le dire, s'imposent au regard de l'étendue dramatique de la pandémie, mettant au second plan, une fois n'est pas coutume, le coût économique que pourraient engendrer ces dispositions. Un exemple majeur de mesures prises pour répondre à l'alerte déclenchée de par le monde et qui, par ricochet, interpelle et surtout met sur la brèche l'ensemble des pays de la planète et les autorités algériennes n'y échappent pas, elles qui se retrouvent hautement interpellées, le pays se retrouvant exposé au premier plan eu égard à la proximité et à la nature des échanges qu'il entretient avec les pays du territoire désormais classé par l'OMS «nouvel épicentre de la pandémie». Ainsi, on imagine aisément l'origine de l'ordre ayant commandé à la compagnie nationale Air Algérie d'annoncer, vendredi, la forte réduction de son programme de vols vers la France à compter de demain, lundi. La compagnie aérienne nationale a ainsi décidé d'annuler ses dessertes en direction des aéroports français à partir de Batna, Sétif, Tlemcen, El Oued, Biskra, Chlef, Béjaïa et Annaba. Pour les plaques tournantes que représentent les aéroports d'Alger, d'Oran et de Constantine, la compagnie nationale a opté pour une réduction de ses vols. Dans le même temps, et c'est ce qui laisse interrogateur, les compagnies de l'Hexagone, Air France et sa filiale Transavia, ne semblent pas, du moins jusqu'à hier, concernées par le cours pris par la situation sanitaire et en France et en Algérie puisqu'elles continueront à assurer la liaison entre les deux pays dans les deux sens. S'il est aisé de comprendre le pourquoi de l'annulation des vols à partir des aéroports «secondaires du pays», il est en revanche à se demander, pour le cas des trois principaux aéroports du pays, si l'on se considère mieux «armés» que les Américains qui, eux, n'ont pas voulu prendre le moindre risque supplémentaire en fermant leurs frontières aériennes avec la France et les autres pays d'Europe. Du coup, même si cela pourrait paraître déplacé, voire immoral, de parler coûts, Air Algérie se retrouve dans la situation de la compagnie qui a tout à perdre dans l'histoire, au contraire des compagnies d'en face qui, elles, ont désormais tout à gagner. A savoir maintenant s'il ne se prépare pas quelque part une décision à teneur politique du genre de celles prises par plusieurs pays, à l'instar des Etats-Unis donc, pour atténuer autant que possible le risque de propagation de l'épidémie. Le Président Donald Trump, il faudrait le relever, comme le soulignait d'ailleurs dans une de ses dernières éditions le quotidien économique Les Echos, a décidé de passer, mercredi dernier, à la vitesse supérieure en mettant quasiment en quarantaine l'Europe des 26 pour contrer la propagation de la pandémie, et ce, après les reproches de laisser-aller qui lui étaient adressés, en privilégiant ce qui lui semble être la meilleure façon de gérer la crise sanitaire, quitte à enclencher une autre crise, économique celle-là. Azedine Maktour