Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Enfin, la fameuse politique de l�offre, comme disent les �conomistes, c�est-�-dire cette politique �conomique qui fait de l�entreprise sa pr�occupation principale, est en train de prendre forme chez nous. Nous avions d�j�, en plusieurs occasions, soulign� que les programmes de relance, engag�s par le gouvernement depuis le d�but des ann�es 2000 (investissements publics d�infrastructures, revalorisation des salaires, politique de redistribution et de transferts sociaux) ont incontestablement remis la machine �conomique en marche. Mais nous avons eu aussi � souligner que cette relance par la demande que nous avions appel�e de nos v�ux et � laquelle nous avons applaudi au moment m�me o� elle a �t� d�cid�e a, aujourd�hui, atteint ses limites. Nous avons maintes fois rappel� que pour inscrire la croissance �conomique dans la dur�e et en faire une croissance robuste, (c�est-�-dire, une croissance forte, sans inflation et sans d�ficit public), le gouvernement devait accompagner ses programmes de relance de type keyn�siens par une politique de l�offre, c�est-�-dire une politique de soutien � l�entreprise, foyer principal de cr�ation de richesses. Eh bien, nous y sommes et c�est une bonne nouvelle. Le dernier Conseil des ministres (tenu le 11 juillet 2010) a adopt� une s�rie de mesures en faveur de l�entreprise qui sont venues confirmer la nouvelle orientation de politique �conomique qui donne enfin sa place � l�entreprise. Depuis le d�but de cette ann�e 2010, nous avons pu recenser cinq s�ries de mesures qui indiquent que le gouvernement cherche � pr�sent � compl�ter ses programmes de relance par la demande, par une politique de l�offre qui cible un encouragement de l�investissement productif et un soutien � la production nationale. En commen�ant par les plus r�centes de ces mesures, on peut citer : 1/ La r�vision du code des march�s publics Par cette r�vision, le gouvernement cherche � �promouvoir la participation de l�entreprise et de la production nationales � la satisfaction de la commande publique�. Ainsi, les r�alisations des importants programmes d�investissements publics doivent profiter aux entreprises et � la production nationale. La marge maximale de pr�f�rence reconnue � l�entreprise locale, dont le capital est majoritairement national, ainsi qu�aux produits et services locaux, passe de 15% � 25%. On pr�f�rera l�entreprise locale jusqu�� 25% plus ch�re. Mieux, il y a �obligation de recours � l�appel d�offres national exclusivement lorsque la production nationale ou l�outil local de production est en mesure de satisfaire le besoin du service contractant�. Les services de l�Etat contractants sont encourag�s � recourir � l'aboutissement des projets pour permettre aux entreprises de participer davantage � la r�alisation des programmes d�investissements publics. De plus, l�entreprise �trang�re soumissionnaire � une commande publique doit conclure un partenariat d�investissement avec une entreprise alg�rienne�. 2/ La mise � niveau des PME Le Conseil des ministres a d�autre part adopt� un important programme de mise � niveau des PME (�Op�ration qui repr�sente l��quivalent de 5 milliards de dollars de ressources publiques pour pr�parer les entreprises nationales � affronter la comp�tition internationale et permettra la diversification de nos exportations�). Le programme de mise � niveau comporte cinq mesures : a) - Le co�t du pr� diagnostic et du diagnostic est financ� par une aide publique � un niveau de 80%. b) - L�investissement immat�riel est soutenu par l�Etat � un niveau de 3 millions de dinars : aide publique directe + des cr�dits bancaires � taux bonifi�s. c) - L�investissement mat�riel est soutenu par l�Etat dans une limite de d�pense de 15 millions de dinars. d) - La r�alisation des investissements mat�riels prioritaires, des investissements technologiques et scientifiques, de d�veloppement de l�encadrement b�n�ficie de subventions et de bonifications partielles des int�r�ts sur les cr�dits bancaires. Entre 2010 et 2014, l�Etat a fix� un objectif de mise � niveau de 20 000 PME (380 milliards de dinars de ressources publiques). 3/- Am�lioration des modes de financement de l�exploitation de l�investissement et des �quipements Le gouvernement a pris aussi des mesures qui am�liorent le financement des activit�s des PME. Ainsi, un r�seau d'entit� de leasing financier au b�n�fice des entreprises se met progressivement en place. La BNA et la BDL viennent de cr�er une soci�t� de leasing. La BEA a d�j� sign� un pacte de partenariat avec le groupe bancaire portugais Banco Esperito Santo (BES), et le Fonds d�investissement multinational Swicorp. Les banques publiques ont, par ailleurs, d�gag� des ressources pour les cr�dits aux PME : la BEA, un montant de 5 milliards de dinars pour la p�riode de 2010-2012. La BNA, un montant de 80 milliards de dinars pour le financement des investissements. Il faut aussi noter que les banques sont accompagn�es dans leur octroi de cr�dits aux PME par le Fonds de garantie (FGAR), qui a d�j� garanti en 2009, quelque 470 octrois de cr�dits pour un montant d�passant 30 milliards de dinars. 4/- Dans le cadre des mesures d�incitation � la cr�ation d�emplois, le gouvernement a d�cid� le financement du recrutement de jeunes dipl�m�s par les entreprises : l�entreprise b�n�ficie d�un abattement de trois ann�es de la part patronale de la cotisation de S�curit� sociale. De plus, l�Etat attribue � l�entreprise qui recrute les jeunes dipl�m�s, une subvention mensuelle, � l�emploi pour chaque travailleur recrut� en CDI. Le co�t salarial support� par l�entreprise est ainsi sensiblement r�duit, pendant une p�riode, chaque fois que l�entreprise recrute un jeune dipl�m�. 5/- La cinqui�me mesure qui m�rite d��tre rappel�e est celle qui concerne la modernisation des zones industrielles et la cr�ation de nouvelles aires d�accueil des investissements. Comme on peut le voir, les contours d�une politique de l�offre qui met l�entreprise au c�ur de la politique �conomique sont en train de se dessiner. Peut-�tre pourrions-nous faire deux remarques : 1/-Il reste encore quelques probl�mes s�rieux en suspens. a)- La question de la formation des cadres gestionnaires en management qui pourrait �tre efficacement prise en charge par la cr�ation de �corporate universities� du type Hec, Ecole sup�rieure de commerce, Essec. L�Etat devrait encourager le patronat � s�impliquer financi�rement dans la cr�ation de ces grandes �coles qui travailleraient d�abord et avant tout pour les entreprises. b)- Il est indispensable que ce vaste programme d�di� � l�entreprise soit correctement pris en charge. Et la cr�ation d�une entit� qui s�occuperait du suivi de ce programme et de sa coordination ne serait plus superflue : observatoire de l�entreprise, maison de l�entreprise, agence de suivi, etc. Un tel signal envoy� par le gouvernement serait fortement stimulant pour la relance du �monde des affaires�.