Le baril de brut américain WTI est tombé mercredi à 19,87 dollars, son niveau le plus bas depuis 2002, alors que le Brent a fait pire en perdant plus de 8% de sa valeur de la veille pour afficher 27,69 dollars. Jeudi, les deux barils de référence ont, respectivement, gagné quelques centimes de dollars, 27,82 dollars pour le Brent, et stagné à 19,87 dollars pour le WTI, confirmant ainsi qu'il va falloir attendre pour que l'effet annoncé par l'accord «historique» conclu par l'Opep+ redonne des raisons d'espérer aux producteurs et investisseurs. Il est encore loin le bout du tunnel pour les pays producteurs de pétrole si l'on se fie aux perspectives pour les prochains mois. L'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans un rapport publié mercredi, prévoit une chute «historique» de la demande de brut, situant la consommation mondiale de 90,6 millions de barils par jour sur l'année, alors que l'Opep, pas plus tard que le lendemain, a fait état d'une consommation mondiale de 92,82 millions de barils par jour sur l'année. Ce sont là les prévisions les plus pessimistes de l'histoire des deux entités. Rien que pour ce mois d'avril, comparé au même mois de l'année dernière, la demande quotidienne de pétrole finira par chuter de 29 millions de barils, soit une baisse de près de 30%, selon l'AIE qui s'attend à un recul à chaque mois de l'année en cours. En mai prochain, par exemple, la baisse de la consommation sera de 26 millions de barils quotidiennement, prévoit l'Agence qui s'attend tout de même à une légère amélioration en raison de la levée des restrictions des déplacements, ce qui n'empêchera pas le marché de connaître en 2020 «la pire année de l'histoire des marchés pétroliers», a commenté Fatih Birol, le directeur général de l'AIE, avant de relever que la demande de pétrole est revenue à son niveau d'il y a dix ans. Le sentiment du dirigeant de l'AIE, c'est que la guerre déclenchée par l'Arabie Saoudite et la Russie, après l'échec de la rencontre de l'Opep+ du 6 mars dernier, a fait perdre deux mois importants au pétrole. Il rejoint ainsi l'avis du cabinet Rystad Energy qui estime que l'accord conclu la semaine dernière par lequel il a été annoncé la réduction de près de 10 millions de barils par jour en mai et juin prochains «arrive trop tard», parce que d'ici l'été, les capacités de stockage mondiales seront atteintes et, dans ce cas, la demande en pâtira. Les prévisions de l'AIE, les plus pessimistes de son histoire, ont été confirmées pas plus tard que le lendemain, jeudi, par le rapport mensuel de l'Opep qui prévoit, lui aussi, un effondrement de la demande de pétrole devant mener à «un choc historique, brutal, extrême et d'ampleur planétaire». Pas moins. L'organisation que mène l'Arabie Saoudite s'attend, elle, à une consommation mondiale atteignant 92,82 millions de barils par jour, soit une chute «sans précédent» de 6,85 millions de barils si on la compare à 2019. Une estimation un peu plus élevée que celle de l'AIE qui, elle, l'établit à 90,6 millions de barils par jour. De quoi mettre en doute la portée espérée par l'historique accord Opep+ de la semaine dernière qui, le moins que l'on puisse dire, n'a pas produit l'effet psychologique attendu sur le marché. Le marché qui, hier vendredi, a été quelque peu ranimé, du moins durant les premières heures de la première moitié de séance pour retomber dans le doute avant midi, le Brent faisant de la résistance alors que le pétrole américain lâchait encore de sa valeur malgré le coup de pouce du Président Donald Trump qui annonçait jeudi : «Il est temps que l'Amérique redémarre.» Cela a bien boosté le marché asiatique, le Brent atteignant 28,65 dollars, alors que le WTI affichait 19,99 dollars, à un moment de la séance. Mais, la réalité, sur les deux marchés principaux, Londres et New York, au fil de la séance, a retrouvé ses droits. Azedine M.