Les réductions proposées demeurent insuffisantes au regard de la chute de la demande liée à la crise sanitaire. Les pays de l'alliance Opep+ se sont accordés dimanche 12 avril sur une réduction de leur production de 9,7 millions de barils par jour (mbj) à partir du 1er mai. Cet accord de réduction, jugé historique et salué de toutes parts, ne semble pas, pour le moment, avoir d'effets sur les prix. Les cours du baril de Brent comme ceux du WTI restent inférieurs à ceux qui prévalaient avant la réunion, autour de la barre des 30 dollars pour la référence européenne, et de 21 dollars pour la référence américaine. Hier, vers 16h30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 27,98 dollars à Londres, en baisse de 5,47%, tandis que le WTI pour livraison en mai perdait 0,65% par rapport à la clôture de mardi, à 19,98 dollars. Censée endiguer la chute des prix du baril, cette réduction qui peut paraître importante, laisse, néanmoins, les observateurs sceptiques. Cet accord "n'est tout simplement pas suffisant à court terme pour rééquilibrer le marché" de l'or noir, a estimé Neil Wilson, de Markets.com. De son côté, Jasper Lawler, analyste de LCG a estimé que "cette réduction représentait le minimum nécessaire pour stabiliser les prix, mais pas davantage". Un constat qui, par ailleurs, fait l'unanimité même au sein de l'alliance Opep+. D'ailleurs, le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salmane, a indiqué mardi que les baisses de production de pétrole envisagées par l'Opep, ses partenaires de l'Opep+ et du G20 pourraient atteindre 19,5 millions de barils par jour. Le ministre saoudien s'aligne ainsi sur la fourchette de baisse déjà annoncée par le président américain Donald Trump qui évoquait une coupe de 20 millions de barils par jour. Selon les médias du royaume, le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salmane, a indiqué que des producteurs de brut du G20, en dehors de l'Opep+, ont promis des coupes de 3,7 millions de barils par jour. La demande baisserait de 9,3 mb/j Dans son rapport mensuel, publié hier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE ) dit s'attendre à ce que la crise du coronavirus efface près d'une décennie de croissance de la demande de pétrole en 2020. L'agence, basée à Paris, a indiqué que la demande mondiale de pétrole devrait s'effondrer de 9,3 millions de barils par jour (mb/j) cette année par rapport à 2019. Cette chute "historique" ramènera la consommation mondiale à son niveau de 2012, autour de 90,6 mb/j. Sur le seul mois d'avril, l'AIE prévoit une chute de la demande de 29 mb/j de moins qu'il y a un an, atteignant un niveau vu pour la dernière fois en 1995. Pour le deuxième trimestre de l'année, la demande de pétrole devrait être de 23,1 mb/j inférieure aux niveaux de l'année précédente. Certes, les mesures adoptées pour endiguer la pandémie et soutenir l'économie devraient permettre une "reprise" de la demande pétrolière au second semestre, mais celle-ci sera "progressive" et, en décembre, la demande baissera toujours de 2,7 mb/j en glissement annuel. La production mondiale de brut devrait être sabrée de 12 mb/j en mai, une baisse record, a estimé l'AIE. Toutefois, elle souligne que "l'accumulation implicite de stocks de 12 mb/j au premier semestre menace encore de submerger la logistique de l'industrie dans les semaines à venir". Dans ce contexte, il y a de fortes chances que le marché du pétrole reste excédentaire et sous pression encore quelques mois. Et même s'il y a une réduction supplémentaire des pays producteurs, il faudra du temps pour résorber les immenses stocks qui s'accumulent.