«Toutes les tribus (en Libye) sont prêtes à venir en Algérie. Ils pourront installer leur CNT (Conseil de transition), un président provisoire, un gouvernement provisoire et on peut les aider techniquement pour organiser des élections et élaborer leur Constitution, ce qui permettra la reconstruction de l'Etat libyen par les Libyens», a annoncé le Président Tebboune. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Lors de sa conférence de presse diffusée dans la nuit de vendredi, le chef de l'Etat a abordé les questions internationales, notamment la situation en Libye et les relations algéro-françaises. Il a commencé par la situation dramatique en Libye où les troupes du maréchal Haftar et le GNA se livrent des batailles acharnées, mettant en péril l'existence même du pays. Pour Tebboune, la solution dans ce pays ne pourrait pas être militaire, réitérant la position de l'Algérie qui plaide pour une solution politique inclusive. Le conférencier a présenté ce qui s'apparente à un plan politique de sortie de crise, déplorant que les accords de Berlin de janvier 2020, relatifs à l'arrêt de la livraison des armes et de l'envoi de mercenaires, n'aient pas été respectés. Il a précisé que le GNA et Haftar sont favorables à une médiation de l'Algérie. Il ajoutera que ce que l'Algérie a fait pour le Mali elle pourra le faire pour la Libye. «Notre souci est d'arrêter l'effusion de sang et de protéger nos frontières», a-t-il affirmé, précisant que l'Algérie n'interviendra pas militairement en Libye en accusant certaines parties de vouloir entraîner le pays dans ce conflit. Pour M. Tebboune, quel que soit le nombre de victimes du conflit armé, le retour à la table des négociations est un impératif, d'où la nécessité de les engager. Selon lui, même les grandes nations réalisent que l'Algérie est «en mesure de contribuer à l'instauration de la paix en Libye, sachant que nous n'avons aucun intérêt expansionniste ni économique, et que notre objectif est de préserver la vie des Libyens et de protéger nos frontières». Pour ce faire, il affirme qu'il «n'éprouve aucun souci à collaborer avec les deux pays frères, l'Egypte et la Tunisie, autour d'une solution à la crise libyenne», expliquant que «le sang qui coule est celui des Libyens et non celui de ceux qui mènent une guerre par procuration . Pour ce qui est du flux et reflux survenant en Libye, notre principe fondamental que nous avons clairement exprimé est que la résolution du conflit ne saurait être militaire et l'ensemble des Etats, y compris les grands, adhèrent au plan de l'Algérie et son approche», a-t-il indiqué. Il a souligné que le pays a tenté de résoudre la crise libyenne et à stopper l'effusion de sang de manière pacifique, en se tenant à équidistance de l'ensemble des parties en conflit, en les recevant à Alger et en allant à leur rencontre sur le territoire libyen. Concernant les relations avec la France, Tebboune a soutenu que les deux pays sont liés par des intérêts communs, les obligeant à travailler ensemble. L'Algérie et la France « sont deux grands Etats, en Afrique pour l'un et en Europe pour l'autre, qui ont des intérêts communs les obligeant à travailler ensemble, mais cette bonne intention se heurte parfois à des tentatives de lobbys de susciter des conflits, et, par conséquent, de nuire à ces intérêts», a-t-il affirmé. Il a assuré n'avoir aucun problème avec son homologue français, Emmanuel Macron, avec lequel il a dit avoir une entente quasi-parfaite. Le Président Macron a fait montre, à plusieurs reprises, de positions «qui l'honorent» sur la question de la mémoire et des crimes du colonialisme français, a ajouté le président de la République, rappelant ses déclarations lors de sa visite en Algérie et même en France. Dans le contexte des relations extérieures toujours, le Président Tebboune a évoqué également les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, dont il avait reçu, il y a quelques jours, l'ambassadeur en audience, soulignant «l'amitié de longue date et le respect mutuel» existant entre les deux pays, outre les accords stratégiques ayant trait à la lutte contre le terrorisme et bien d'autres domaines. Il a souligné, à ce propos, que pour les Etats-Unis d'Amérique, «l'Algérie est un pays qualifié pour la médiation, un pays stabilisateur dans la région». Le Président Tebboune a cité également l'Allemagne, dont il avait reçu récemment l'ambassadeur, rappelant les relations bilatérales économiques importantes dans de nombreux secteurs. K. A..