Tizi-Medjber, village perch� sur le flanc de adhrar de Guenzet a connu une grande animation durant le premier week-end d�ao�t. La treizi�me journ�e Ass N�Tkourbabine�, plat de cuisine traditionnel sp�cifique au pays Ith Yala, a �t� une grande r�ussite. Le village ne pouvait contenir la grande foule venue de plusieurs r�gions du pays particuli�rement d�Alger et m�me de l��migration pour contribuer � cette f�te des familles de la localit�. La pittoresque mosqu�e du village, partag�e en deux parties, femmes et hommes, a �t� prise d�assaut. Le jury s�y installa pour go�ter les 60 plats de tikourbabine confectionn�s par les familles concourant pour les honneurs des premi�res places. Les organisateurs ont instaur� des normes de comp�tition. Pour �viter tout malentendu, les plats passent incognito devant le jury choisi par tadjema�th. Chaque membre du jury attribue 5 notes � chaque plat. Ces notations se basent sur l�aspect des boulettes de semoule, la forme doit �tre ovale, les ingr�dients qui la composant doivent d�gageait n�cessairement des ar�mes, sa consistance duret�) et le go�t aussi bien de la boulette que de l�assaisonnement de la sauce d�accompagnement. Ces notes sont ensuite int�gr�es au programme informatique qui �tablit automatiquement le classement de chaque plat. Comme lors de l�ann�e �coul�e, ces sont des Azzerouales qui s�emparent de la premi�re et la seconde place. C�est la famille de Zerouale Bachir qui s�adjuge la premi�re place, suivie de la famille de Zerouale Sma�l et de celle de Sma�l Slimane. Mais les organisateurs ont �t� victimes de leur succ�s. En effet, une pagaille a envahi la mosqu�e lorsque les plats ont �t� servis au public. De peur de ne pas �tre de la partie, chacun y allait avec sa cuill�re et voulait ingurgiter le maximum de tikourbabine en un minimum de temps. C�est cette ru�e qui emp�che les organisateurs d��tendre ces joutes culinaires � d�autres villages de la r�gion �Avec les seuls concurrents de notre village, nous arrivons difficilement � ma�triser la situation. L�organisation nous �chappera totalement si d�aventure nous augmentons le nombre de concurrents�, dira Aoun Allaoua, l�un des organisateurs. A noter que ces joutes culinaires et familiales ont �t� pr�c�d�es, durant 3 jours, par diverses activit�s culturelles, sociales et de solidarit� envers les familles n�cessiteuses du village. Les femmes ont organis�, l� urar, une soir�e f�minine typiquement kabyle. Protection de l�h�ritage culturel Le succ�s de ce concours, qui est, rappelons- le, � sa treizi�me �dition, est une occasion de mettre en valeur une petite facette de la d�licieuse cuisine des montagnes de la Petite-Kabylie. D�licieuse, elle l�est incontestablement. Ce n�est s�rement pas l�ancien ministre, le professeur Abdelahamid Berchiche, qui a appr�ci� ce plat de tikourbabine de Tizi Medjeber, qui dira le contraire. D�autres villages des Ith Yala choisissent un plat de la longue liste en possession des femmes yalaouies et tentent, � leur tour, d�organiser des journ�es. C�est fort louable. Ainsi le village de Tighert organise depuis quelques ann�es un concours de chlita (plat � base de piments). L�agglom�ration d�Aourir, dans la m�me commune de Guenzet, a, de son c�t�, organis�, mais irr�guli�rement, une journ�e en l�honneur du roi de la cuisine alg�rienne : seksou(couscous). Puisque la r�f�rence culinaire de la r�gion est riche, comme le sont d�ailleurs les autres r�gions du pays, et que la volont� citoyenne est forte pour mettre en valeur ce patrimoine culturel, pourquoi ne pas donner une autre dimension � ces joutes familiales et conviviales pour revisiter le patrimoine culturel ? C�est � partir des petites choses pittoresques que naissent des vocations touristiques. La question a �t� pos�e au pr�sident de l�association Ith Yala, Nadjb Athmani. Selon lui, la r�flexion sur l�organisation d�un festival culinaire de la r�gion est lanc�e. Ce qui est valable pour la r�gion des Ith Yala l�est aussi pour d�autres r�gions du pays. Que chaque contr�e mette en valeur et prot�ge son h�ritage culinaire. Ne faisons pas ce que nous avons fait avec le couscous. En effet, ce plat l�gendaire est n� en Alg�rie. Des conditions climatiques, agronomiques et �cologiques ont oblig� nos anc�tres � cr�er le couscous pour, d�une part, exploiter les produits disponibles localement et, d�autre part, se nourrir convenablement pour faire face au rude climat du pays. Le bl� � l�Alg�rie n��tait-elle pas le grenier de Rome �, le mouton, la disponibilit� de l�huile d�olive et du smen (beurre sal�) et les l�gumes du terroir sont les principaux ingr�dients de ce plats. Ils ne sont disponibles que dans un seul espace g�ographique, les Hauts-Plateaux et le voisinage imm�diat, le Tell en l�occurrence. Sans chauvinisme aucun, il faudrait tout de m�me se rendre � l��vidence. On le voit, seksou, couskessi, couscous est bien de chez nous. D�autre pays revendiquent, avec le soutien de leurs m�dias, l�invention de ce plat. La chose n�a �t� rendue possible que parce que les Alg�riens se sont d�tach�s de leur patrimoine. Ils n�ont, par cons�quent, pas appos� un sceau culturel sur leur h�ritage culinaire, entre autres. C�est dans la perspective de mettre fin � cette usurpation que l�initiative de Tizi Medjeber, de Tighert ou d�autres villages et r�gions du pays est louable et m�rite toute l�attention des sp�cialistes et des sponsors, en particulier, ainsi que la soci�t� civile, en g�n�ral.