Par Zoubir Zemzoum Lorsque les dégradations politiques, économiques et sociales génèrent un mécontentement général de la société, une prise de conscience collective de la société s'affirmera inéluctablement. Tous les mouvements contestataires et revendicatifs de la population prendront, alors, conscience de la nécessité de s'unir, sous la bannière du souverainisme, pour engager la lutte contre l'ordre établi, par la mondialisation du capitalisme ultralibéral, à l'échelle des Etats-nations, et du monde. Ce souverainisme, revendiqué par tous les mouvements contestataires et revendicatifs de la jeunesse mondialisée, ce souverainisme révolutionnaire, différent de ceux revendiqués par les mouvements extrémistes de droite et de gauche, milite pour le rassemblement et l'unification de toutes les franges d'une société qui rejettent les antagonismes idéologiques de l'heure et toute affiliation à un parti politique, à un syndicat ou à toute autre organisation sociale partisane, considérés comme un frein à la nécessaire prise de conscience collective de la société, à l' indispensable unité, des rangs et d'actions, exigée par la lutte engagée contre les nouveaux décideurs du monde, les argentiers et autres mentors du capitalisme ultralibéral, contre surtout leurs mandants politiques et technocrates, à la tête des Etats- Nations. En évacuant de leur discours toute référence à une idéologie quelconque, ils offrent, à tous les mouvements apparentés, l'opportunité de se regrouper, d'abord, autour d'un même objectif, celui de la récupération prioritaire de la souveraineté, une et indivisible, du peuple et celle de l'Etat-nation. C'est pourquoi nous devons le distinguer de celui auquel font référence les extrémistes de droite et de gauche car, par-delà la portée idéologique sous-tendue par ce concept, c'est la notion de consensus mise en avant par les partisans de ces modèles de souverainisme, qui mérite explication et clarification. Il ne faut pas confondre, en effet, le sens du consensus recherché par les animateurs des mouvements contestataires et revendicatifs de la société avec celui réclamé par les ultranationalistes ou les internationalistes. Introduit, aussi, dans la nouvelle stratégie de la gouvernance de l'Etat capitaliste, en cette période de crise, par les maîtres à penser du néo-libéralisme, le consensus recherché par ces derniers est souhaité pour faire face aux effets catastrophiques de la crise du moment. L'exemple de ce genre de consensus, réalisé dans certains pays, comme l'alliance scellée entre la gauche et la droite allemande, en est le plus édifiant. Dans une période de crise profonde et multiforme comme celle que vivent présentement les pays du Nord comme ceux du Sud, les problèmes liés aux contraintes imposées par les multinationales qui contrôlent le marché mondial et la finance internationale ne sont pas faciles à surmonter. Devant l'échec avéré des gouvernements des formations politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche qui se succèdent à la tête de l'Etat-nation, le recours au consensus, comme alternative de gouvernance, est sollicité, au nom du nationalisme politique et du patriotisme économique, pour suppléer la carence des partis ; ce consensus est voulu et encouragé par les multinationales pour hâter la formation d'un gouvernement d'union nationale capable d'appliquer les réformes économiques et sociales indispensables à la sauvegarde de leur système, de les imposer aux populations, au nom de l'intérêt général. Or, ces réformes sont rejetées par la majorité de la population pour leurs retombées sociales négatives.Le consensus est souhaité et adopté, aussi, comme mode de gouvernance, par les pays qui subissent de profondes crises politiques internes – guerre civiles pour les uns et renversement des régimes dictatoriaux pour les autres –, il est alors souhaité par l'ensemble de la population qui craint le pire et qui espère, par ce recours, à l'unicité du pouvoir, sauvegarder ses intérêts par l'institution d'un gouvernement consensuel, seul à même de ramener la paix dans le pays et concrétiser les objectifs retenus dans le plan de redressement national. Dans ces conjonctures politiques particulières, le consensus politique est un moyen approprié de gouvernance, en effet, qui peut aider les nations et les peuples à surmonter les épreuves du moment. Néanmoins, un tel choix ne peut contribuer au véritable redressement national escompté que s'il est accompagné par un projet de société à la hauteur des aspirations de la société et conforté par un régime républicain qui épouse son temps. Le seul cas de figure du consensus qui nous paraît particulièrement intéressant est celui généré par le souverainisme «sociétaliste». L'essence historique de ce consensus, son contenu idéologique et sa finalité politique se distinguent, en effet, des exemples cités plus haut, car ce consensus représente l'aboutissement d'une prise de conscience et d'une maturation politique des différents mouvements contestataires représentatifs de la société qui s'unissent autour d'un premier objectif commun : la reconquête de la souveraineté du peuple, une et indivisible, pour donner à toute la société, la possibilité de décider librement, loin des clivages idéologiques traditionnels, du devenir de son être collectif. La portée de ce consensus vise la consolidation de l'unicité de cette souveraineté, afin d'éviter sa division et son émiettement par la résurgence des antagonismes idéologiques du passé. Ce mouvement souverainiste préconise le rassemblement de ses militants, par-delà leurs appartenances idéologiques, dans un mouvement sociétal solidaire, autour d'un objectif commun : la reconquête de la souveraineté, une et indivisible, du peuple. Cet appel, entendu aujourd'hui par les différentes sociétés du monde, trouve, en effet, un large écho auprès de la jeunesse à travers le monde. C'est pour cette raison, d'ailleurs, qu'il est combattu par tous les courants idéologiques existants dans le paysage politique national et international. On a tendance, dans les milieux politiques, à justifier ce rejet par la confusion entretenue, à dessein, sur la portée de ce souverainisme sociétal qu'on veut assimiler à tout prix à celui du passé fasciste d'extrême droite, que l'histoire avait déjà jugé et condamné pour son extrémisme idéologique et politique, sa xénophobie, son racisme, son antisémitisme et son anti islamisme. La confusion des genres est entretenue à dessein par les politiques et les gouvernants défendant le système capitaliste mondialisé pour discréditer cet authentique souverainisme sociétal, révolutionnaire, symbolisant la lutte de toute la société contre l'ordre établi par les tenants de la mondialisation qui impose son ordre politique, économique et social aux nations et aux peuples. Une société qui veut recouvrer sa souveraineté pour libérer son Etat et se libérer elle-même du joug des multinationales, pour décider librement et souverainement de son devenir. Cette vision progressiste du souverainisme est contestée par les adeptes du multipartisme pour, dit-on, son nationalisme excessif considéré comme incompatible avec les principes et les valeurs de la démocratie qui régissent les régimes républicains, et antinomique aussi avec les nouvelles lois et règles politiques, économiques, sociales et civilisationnelles contenues dans la philosophie de la mondialisation imposée au monde par les tenants du capitalisme. A ce dogmatisme anesthésiant, des formations politiques existantes dans le paysage politique des nations, s'ajoute l'inertie, voire le rejet, des solutions imaginées par les différentes formations politiques pour sortir les pays de la crise. Hormis le fait qu'ils s'accrochent aux privilèges de leur leadership, les responsables de la classe politique n'ont aucune solution alternative capable d'imposer la souveraineté du peuple et de l'Etat-nation aux tenants du capitalisme. Ils n'arrivent pas à saisir toute l'importance de l'avancée spectaculaire d'un mouvement qui s'impose, sur la scène politique, par le projet de société qu'il propose comme alternative à celui défendu par les partisans d'idéologies éculées. Ils persistent à ne pas admettre que l'ère des «idéologies classiques», issues des Révolutions bourgeoise et prolétarienne sont bien mortes. Les luttes partisanes y afférentes ont perdu de leur légitimité à cause, d'une part, de l'échec du bolchevisme et son ensevelissement sous les décombres du mur de Berlin et, d'autre part, à cause de l'essoufflement d'un capitalisme dont la mondialisation a impacté négativement son système de démocratie représentative et son modèle de développement économique et sociétal, devenu pesant et insupportable pour toute la société. Même les nouvelles idéologies fondées sur le nationalisme chauvin et sectaire ou l'intégrisme religieux sont rejetées également par la société pour les mêmes causes et les mêmes effets. La généralisation de l'idéologie du capitalisme ultra libéral dominant et son adoption par toutes les nations a fini par marginaliser, en effet, la place et le rôle des partis dans la vie politique des pays. Elle a réduit, à sa plus simple expression, l'existence du multipartisme en vidant les discours de ces derniers de leurs fondements doctrinaux originels. Et ce ne sont pas les grands spectacles médiatiques auxquels nous assistons lors des empoignades électorales périodiques, opposant leurs candidats pour la conquête du pouvoir, qui peuvent nous convaincre des changements notables que pourraient apporter ces formations politiques dans la trajectoire du capitalisme ultralibéral et donc dans la finalité de son projet civilisationnel. Le Souverainisme «sociétaliste» trouve, donc, toute sa justification, dans le rejet des luttes stériles des partis politiques actuels et toute sa raison d'être dans l'énoncé des principes constitutifs de son projet de société visant l'instauration d'un nouvel ordre national et international, aux seuls services de l'homme et de l'humanité. Ainsi situé politiquement, le souverainisme «sociétaliste» est une doctrine qui offre à la société la possibilité de transcender les clivages idéologiques qui sèment la division dans ses rangs et attisent les luttes entre ses différentes composantes sociales, et qui peut la munir des moyens susceptibles de forger son unité autour d'un nouveau projet de société permettant à chaque citoyen et à toute la société de participer, librement et souverainement, à sa réalisation. Se pose alors la question de l'architecture des institutions de la nouvelle République souhaitée par le citoyen, les règles déterminant sa véritable participation à la décision politique , économique et social concernant son devenir matériel et immatériel, et l'organisation du pouvoir qui lui permet de l'exercer réellement par ses représentants dans toutes les institutions du pays de la base au sommet de l'Etat. Mais, avant de préciser le mode opératoire facilitant cette participation du citoyen à la décision politique déterminante pour son devenir matériel et immatériel, revenant sur la portée de ce souverainisme «sociétaliste». (voir l'article suivant). Z. Z.