La période des soldes débarque à Alger en pleine propagation exponentielle du Covid-19. Au moment où des commerces s'investissent dans cette activité promotionnelle, certains marchés et magasins sont à nouveau sommés de fermer. La promiscuité dans ces lieux et le non-respect du protocole sanitaire en sont la cause. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Malgré la crise sanitaire du Covid-19 et la hausse effrénée des cas de contamination au nouveau coronavirus, les soldes d'été 2020 ont été maintenues. Entamée dans la wilaya d'Alger mardi 21 juillet, la période de soldes se poursuivra jusqu'au 31 août prochain. Pendant six semaines, les commerçants tenteront justement de rattraper les pertes enregistrées durant le confinement sanitaire de la population qui a duré près de trois mois. Le 22 mars dernier, la quasi-totalité des magasins ont été sommés de cesser leur activité. Ils n'ont pu rouvrir qu'à la mi-juin avec la levée progressive du confinement. Les magasins qui ont joué le jeu n'ont pas lésiné sur les moyens pour annoncer la nouvelle tant attendue. Alors que la plupart des enseignes franchisées ont recouru à leurs sites pour informer leurs clients, les autres magasins, particulièrement de vêtements et de chaussures , ont opté pour les réseaux sociaux. Via les publications postées, ils annoncent les soldes. «Profitez de nos soldes en toute sécurité. Toutes les mesures sanitaires ont été prises pour vous accueillir dans les meilleures conditions», poste sur son compte Facebook, un magasin de prêt-à-porter implanté sur les hauteurs de Chéraga à l'ouest d'Alger. Dans son annonce, cette boutique se vante presque des mesures mises en place pour parer à la contamination au Covid-19. Mise à la disposition des clients du gel hydroalcoolique, définition de distanciation physique entre les clients et les employés, et disponibilité de paiement par carte bancaire sont autant de mesures affichées par ce commerce. Rouverts le 17 juin dernier après de longues semaines de confinement, les centres commerciaux restent les lieux les plus prisés par les Algérois. Afin de garantir le respect du protocole sanitaire, une série de mesures ont été adoptées. Outre l'entrée et la sortie qui ont été séparées, l'orientation à l'intérieur de ces hauts lieux de commerce a été définie par flèches collées au sol, afin d'éviter le croisement des clients. La crise sanitaire actuelle qui ne cesse de se corser ces derniers jours n'a pourtant pas dissuadé les consommateurs à éviter les magasins et à bouder les soldes. Bien au contraire, la plupart d'entre eux se réjouissent de profiter des rabais proposés. Au grand bonheur des adeptes du shopping qui, eux, vont pouvoir renouveler leur dressing en vêtements, chaussures et accessoires et refaire la décoration de leurs maisons. Les soldes «été 2020» coïncident cette année avec l'approche de l'Aïd-el-Adha, prévu fin juillet. Les parents pourront ainsi offrir à leurs enfants des habits neufs à moindre coût pour cette fête, comme le dicte la tradition. Le shopping, un virus plus fort que le Covid-19 Etudiante en droit, Amel guette la période des soldes depuis la levée du confinement. «J'attendais avec impatience les soldes pour m'acheter des fringues pour l'été. Je n'ai plus rien à me mettre», se justifie-t-elle. Contrairement aux années précédentes, cette jeune étudiante n'a pu, cet été, décrocher un poste de travail pendant les vacances. «À cause du coronavirus, je n'ai pas travaillé cette année comme vacancière. Aujourd'hui, je ne dispose que des économies faites sur ma bourse d'étudiante , ce qui ne me permet pas d'acheter à plein tarif. Heureusement que les soldes sont enfin là pour profiter et m'offrir des fringues et des pompes», explique-t-elle toute contente. Mère de deux enfants, Sabrina rêve de briser l'isolement imposé par le confinement et aller vadrouiller pendant de longues heures dans les boutiques. Pour elle, les soldes sont toujours l'occasion de faire quelques folies et se faire plaisir. Seulement, cette jeune femme se retrouve encore une fois coincée par la crise du Covid-19. Faute de garderie, elle n'a pas à qui confier ses enfants pour faire du shopping. «Mon mari ne peut garder les enfants que les vendredi et samedi, mais depuis la fermeture du centre commercial de Bab-Ezzouar pendant les week-ends, je n'ai pu y remettre les pieds. Je ne sais pas comment faire pour ne pas rater les soldes de cette année», raconte-t-elle. Accro aux soldes, Rafik, la trentaine, lui aussi ne risque pas de perpétuer cette tradition. Cette fois-ci, profiter des bonnes affaires pour s'offrir des baskets et des t-shirt de marque pourra attendre. «J'aurai vraiment aimé faire les soldes mais je n'ai pas d'argent. Dommage !», dit-il. Employé dans une entreprise privée, ce père d'une petite fille a été démobilisé pendant de longues semaines. Il n'a repris le travail que récemment. Son salaire est désormais réservé pour régler les crédits cumulés depuis le début du confinement chez l'épicier de son quartier. Comme Rafik, ils sont nombreux à ne pas joindre les deux bouts. La pandémie du Covid-19 a eu raison de toutes leurs économies. En chômage forcé depuis le début de la crise sanitaire, ces pères de familles n'ont plus, aujourd'hui, de quoi s'acheter du pain et du lait pour leurs enfants. Ry. N.