Devant la caméra de la WEBTV de la FAF et alors que le journaliste lui posait des questions en rapport avec son avenir et celui de l'EN, le sélectionneur national Djamel Belmadi a lâché quelques vérités qui peuvent bien constituer un indice pour l'après-2022, date à laquelle son bail avec la Fédération algérienne de football prendra fin. Djamel Belmadi qui sait et aime jouer avec les mots se qualifie de quelqu'un de «très fidèle». «Je suis fidèle à l'homme mais je suis fidèle aussi au pays», a-t-il dit lors de cet entretien intervenant le jour du premier anniversaire du sacre africain des Verts en Egypte. Une «sentence» que chacun comprendra à sa manière mais que l'entraîneur Belmadi expliquera par une profonde conviction des principes. «Je suis en train de planifier avec le président de la FAF (Kheireddine Zetchi, ndlr) le plus loin qu'on puisse le permettre», dira encore l'ancien Marseillais. Belmadi qui sait bien la «mauvaise posture» du président de la FAF ces derniers mois ne fait pas de fixation et encore moins de chantage. Au-delà des hommes, il préfère le pays et il ne l'a jamais caché. Mais pour réussir, il faut une équipe et jusqu'à preuve du contraire, la paire Zetchi-Belmadi fait gagner des points à l'Algérie dont l'image, ternie par une décennie de terrorisme et trois autres de fiascos à répétition à tous les niveaux, a été grandement polie par la grâce des coups de patte de ses footballeurs durant la CAN-2019. Une équipe qui gagne et qui vient d'enregistrer l'arrivée d'un autre «gagneur», «Magic» Bougherra, nommé récemment à la barre technique de l'EN des locaux avec pour objectifs la prospection des joueurs du Championnat que Belmadi ne semble plus dénigrer comme par le passé, ainsi que cette perspective d'un CHAN-2022 à gagner en Algérie. Un choix, celui de Madjid Bougherra, «qui est le mien et qui était cautionné par le président de la FAF et même le bureau fédéral», précise le driver des Verts. Une belle relation de confiance que le patron de la fédération entretient en offrant un maximum de liberté à Djamel Belmadi de choisir ses hommes et les moyens à même de lui permettre d'atteindre ses objectifs. Une confiance et une fidélité déjà exprimées lorsque des informations laissaient entendre que Belmadi est convoité par des fédérations, celle des Emirats arabes unis notamment, qui lui ont offert un pont d'or pour qu'il dirige leur sélection nationale. «Je peux vous assurer que depuis le sacre africain, en 2019, Belmadi a reçu des offres très alléchantes sur le plan financier. Il prendra une décision sur son avenir après le Mondial-2022. Son défi est de qualifier l'Algérie à la Coupe du monde au Qatar. Nous avons une grande stabilité au niveau de la sélection A. Je demande à tout le monde d'être derrière cette fédération quelles que soient les personnes, en dehors des conflits, et de laisser l'intérêt de l'Algérie au-dessus de toute considération. Aujourd'hui, nous n'avons pas l'impression d'être champions d'Afrique, d'avoir cette fierté de capitaliser ce sacre», avait déclaré Zetchi en juin dernier sur les ondes de la Radio nationale. «La parole aux hommes» Un échange d'amabilités qui en dit long sur les rapports Zetchi-Belmadi lesquels sont répercutés sur ceux entretenus par Belmadi avec son groupe de joueurs. «Au jour d'aujourd'hui, il n'y a pas plus intéressant qu'une parole donnée aux joueurs, plus qu'une signature pour moi. Dire aux joueurs qu'on veut aller à la Coupe du monde dans un premier temps et de faire quelque chose de grand dans un second temps, ça vaut tout. Si aujourd'hui, j'ai reçu ces offres-là, c'est en grande partie grâce aux joueurs», assure Belmadi reconnaissant envers des joueurs qu'il espère emmener plus loin, plus haut. Et qu'il n'abandonnera que s'il se rend à l'évidence qu'il n'a plus rien à tirer de positif chez eux. «Le jour où je constate qu'il n'y aurait pas une marge de progression, qu'on ne peut pas aller plus haut que ça, je ne serai donc plus d'un réel apport. Ça serait malhonnête de ma part de rester aux commandes pour un contrat, ou un autre motif. Je ne le ferai pas en club et je ne le ferai jamais pour mon pays. L'accord qu'on a eu avec les joueurs est celui de savoir est-ce qu'on est capables d'aller plus haut ?, nous avons des objectifs, dont celui du Mondial-2022 au Qatar», explique Belmadi. Un Belmadi qui annonce du nouveau au sein de l'effectif mais qui n'admet pas un chamboulement dans ses projets. Le départ annoncé pour mars prochain de Kheireddine Zetchi, un homme auquel il a juré fidélité, peut être l'amorce du début de la fin de l'aventure de Djamel Belmadi à la barre technique des Verts. A ce moment, l'EN aura tout le moins composté son billet pour la CAN-2022. Belmadi pourra-t-il mener le navire à bon port en voyant embarquer un nouvel équipage ? C'est un scénario peu confus auquel le football algérien est convié. La pression des clubs, du président de la LFP, du ministère, de certains médias et des cercles qui ont toujours «milité» pour l'échec en continu va certainement pousser le président de la FAF à remettre le tablier avant l'heure. M. B.