Plus de cent artistes, écrivains et acteurs culturels ont signé une pétition dénonçant la condamnation récente du journaliste Khaled Drareni à trois années de prison ferme. À l'instar de nombreuses pétitions nationales et internationales exigeant la libération immédiate du journaliste Khaled Drareni, un texte a été signé par une centaine d'artistes et de travailleurs de la culture. Parmi eux, les cinéastes Sofia Djama, Yanis Koussim, Karim Moussaoui, Hassen Ferhani, Nadir Moknache... La condamnation du journaliste, lundi dernier, à trois années de prison ferme pour «atteinte à l'unité nationale» et «appel à attroupement non armé» a suscité une large indignation de l'opinion publique en Algérie et ailleurs. Une première pétition a rassemblé un millier de signataires, dont des défenseurs des droits de l'Homme, d'anciens combattants de la Guerre de libération, des intellectuels et artistes. Une seconde visant à faire entendre la voix des acteurs culturels et à participer à la multiplication des appels à sa libération a été diffusée mercredi. « Nous artistes et acteurs actifs de la culture avons appris avec consternation le verdict condamnant Khaled Drareni à trois années de prison ferme. Nous considérons ce verdict comme une atteinte et une violence faites à la liberté́ d'expression qui est, comme pour la presse, la condition de notre existence en tant que travailleurs de la culture. Nous artistes, femmes et hommes de culture, après ce verdict du 10 août 2020, ne nous sentons plus en sécurité dans notre pays en tant que citoyens. Ce procès arbitraire nous montre que nous ne pouvons plus jouir de nos droits et de notre liberté d'expression et d'opinion garanties par la Constitution. Aujourd'hui, c'est aussi notre existence même, en tant qu'artistes, qui est directement menacée, mais ce sont surtout, les valeurs fondamentales de l'Algérie qui sont gravement atteintes », déclarent les signataires. L'onde de choc provoquée par le verdict du procès du 10 août figure parmi les plus fortes depuis le début de la répression judiciaire du mouvement populaire du 22 février 2019. Son statut de journaliste « professionnel, éthique et engagé au sein du Hirak», ainsi que ses déclarations et son attitude «dignes et héroïques», lors des deux audiences ayant abouti à sa condamnation, ont fait de Khaled Drareni la nouvelle figure de la contestation. C'est pour cela que les artistes signataires de la pétition affirment qu'un «tel verdict ne peut être rendu au nom du peuple, en notre nom, puisqu'il est contre nous tous et contre nos droits et nos libertés fondamentales. Ce verdict est contre notre droit et notre devoir d'informer et d'être informés, notre droit et notre devoir de débattre, notre droit d'exprimer notre opinion et nos points de vue, notre droit de créer, notre droit d'exercer dignement nos métiers. Nous retenons la date du 10 août comme un jour de deuil. Nous voulons que cette date soit oubliée par la libération inconditionnelle de Khaled Drareni et de tous les détenus d'opinion. Nous voulons vivre en sécurité et libres dans notre pays, dans un Etat de droit fort et pérenne. Nous appelons à la raison, nous appelons au droit ». La pétition a très vite fédéré de nombreuses signatures du monde de la culture et des arts à l'instar de l'écrivaine et militante féministe Wassyla Tamzali, la romancière Maissa Bey, l'acteur franco-algérien Réda Kateb, la chanteuse Souad Massi, l'écrivain Anouar Benmalek, etc. S. H.