Une autre note vient s'ajouter à la partition en faveur de la libération du journaliste, Khaled Drareni, condamné lundi à trois ans de prison ferme par le tribunal d'Alger. Après le tollé et l'onde de choc provoqués par cette condamnation, la vague d'indignation s'amplifie en Algérie et à l'étranger. Dernière réaction en date : celle de l'Union européenne. "Nous suivons avec préoccupation la situation du journaliste Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme pour ‘attroupement non armé' et ‘atteinte à l'unité nationale'", a déclaré hier Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. "Nous traitons des cas individuels et des questions relatives aux droits de l'Homme à différents niveaux dans le cadre du dialogue entre l'UE et l'Algérie", a-t-elle ajouté, comme pour rappeler l'engagement de l'Union européenne en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes. Avisée sans doute de la frilosité des autorités à chaque fois qu'une institution internationale s'exprime sur les questions des libertés et des droits de l'Homme en Algérie, l'UE invite "diplomatiquement" Alger à prendre des mesures "d'apaisement". "L'UE appelle l'Algérie à œuvrer à l'apaisement et au dialogue." Cette réaction de l'Union européenne, du reste, attendue après la vague d'indignation exprimée au sein de l'opinion et parmi de nombreux acteurs politiques et de la société civile, intervient alors que des actions de solidarité se multiplient avant le procès en appel du journaliste prévu dans les prochaines semaines. Lancée par le comité de soutien à Khaled Drareni — mis en place dès le prononcé du verdict —, une pétition a déjà recueilli plusieurs centaines de signatures parmi lesquelles figurent celles de personnalités, dont les icônes de la Révolution, Zohra Drif, Lakhdar Bouregâa et Louisette Ighil Ahriz, le chercheur à la Nasa, Nourredine Melikchi, Pierre Audin, mais également de nombreux journalistes à l'image d'Edwy Plenel et autres artistes, cinéastes et hommes de culture. En Tunisie, plusieurs organisations des droits de l'Homme et des syndicats de journalistes ont rendu public un communiqué appelant à la libération "immédiate" de Khaled Drareni. En France, le SNJ-CGT a joint sa voix aux journalistes algériens en appelant à la signature de la pétition. Le SNJ-CGT appelle à signer la pétition, dont il fait sienne cette revendication : "La place de Khaled Drareni n'est pas en prison. Nous, signataires de cette pétition initiée par un groupe de journalistes, exigeons sa libération immédiate et sa réhabilitation", écrit ce syndicat dans un communiqué. "Il est plus que temps que la liberté de la presse et des journalistes soit respectée en Algérie", ajoute le texte. Des réactions qui semblent faire écho à l'appel à la mobilisation internationale lancée par les avocats de la défense du journaliste. "Nous lançons un appel aux citoyens, aux élites, à tous les journalistes où qu'ils soient, à l'intérieur et à l'extérieur du pays", a plaidé, il y a quelques jours lors d'une conférence de presse, l'avocate Zoubida Assoul. "Il faut que nous nous mobilisions pour faire barrage à ces pratiques et que nous fassions face à ce pouvoir qui dit quelque chose dans ses discours, mais dans la pratique fait le contraire." C'est probablement cette onde de choc qui a fait réagir jeudi le ministre de la Communication qui a dénié à Khaled Drareni la qualité de journaliste. Un argument loin d'avoir convaincu grand monde, destiné visiblement à l'opinion internationale, mais qui dissimule difficilement le désarroi du gouvernement face à un dossier qui se révèle, en définitive, comme une patate chaude entre les mains. Karim K.