La légère baisse du nombre de cas positifs au Covid-19 ne peut encore être assimilée à une tendance baissière. Pour que cette dernière devienne une réalité, il faudra que cela se maintienne sur une période d'au moins deux semaines en plateau, avant qu'une éventuelle décrue ne survienne, affirme le Pr Nafti. Il est, dit-il, encore prématuré de crier victoire puisque les signes du retour à la normale ne seront perceptibles que dans une dizaine de jours. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Aussi légère soit-elle, la baisse du nombre de cas testés positifs au Covid-19 est perceptible. Faut-il en conclure à une tendance baissière qui va durer dans le temps ? Interrogé, le Pr Nafti, spécialiste en pneumologie, ne verse pas dans un optimisme béat. Il considère, au contraire, qu'il est « encore trop tôt pour se prononcer. Pour pouvoir parler de baisse, il faut que le plateau soit maintenu pour au moins deux semaines ou trois et, surtout, qu'on nous dise combien de tests sont effectués pour identifier ces cas positifs : est-ce qu'on ne compte que les PCR positifs ou est-ce que ce sont les PCR plus la sérologie, ou est-ce qu'on prend également en compte tous ceux qui ne sont pas testés mais qui sont dépistés grâce au scanner ?» Il ajoute que pour avoir une vision globale de la situation épidémiologique, il « faudrait qu'on puisse avoir ces chiffres par secteurs, par wilayas, pour avoir une idée précise. C'est le travail des épidémiologistes qui doivent travailler sur la prévalence et l'incidence. Il faudra faire un dépistage massif. Il ne suffit pas de comptabiliser les gens qui se présentent au niveau des hôpitaux. Ce ne sont pas les seuls cas positifs, sachant qu'un cas positif a déjà contaminé autour de lui au moins trois à cinq personnes ». Et d'ajouter que « tout ce travail de statistiques devrait se faire de manière plus rationnelle et scientifique par les épidémiologistes. Il y a eu installation d'une cellule d'épidémiologie, mais on ne voit aucun résultat ». Pour le spécialiste en pneumologie, « crier victoire à ce stade, c'est être trop optimiste ». Il en veut pour preuve, la recrudescence des cas dans beaucoup de pays européens au sortir du confinement. Ce scénario va-t-il se produire en Algérie ? Le professeur Nafti répond qu'« il faudra attendre de voir comment la situation va évoluer, maintenant que les gens sont autorisés à aller à la plage, à fréquenter les cafés et à aller à la mosquée ». Les jours à venir seront riches en enseignements, dit-il, tout en affirmant ne pas être très optimiste au regard des conditions dans lesquelles se passe le retour à une quasi-normalité. « Je ne suis pas optimiste sans vouloir mettre en cause les concitoyens qui n'ont pas à disposition des bavettes, et encore faut-il faire respecter les règles de distanciation. Il suffit de voir dans quelles conditions la réouverture des plages se fait pour avoir un pincement au cœur. Il faut croiser les doigts .» N. I.