Rien ne va plus ! Le malaise est de plus en plus apparent dans les établissements scolaires. Une semaine après la reprise des cours pour les élèves des paliers du moyen et du secondaire, le personnel de l'éducation monte au créneau et dénonce une rentrée scolaire dégradée. Evoquant un dispositif sanitaire inadapté voire inexistant et un volume horaire inadéquat, le corps éducatif montre déjà des signes de lassitude. Devant cette situation, les syndicats de l'éducation craignent le pire, et s'attendent même à un mouvement de contestation dans les rangs des enseignants. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Ainsi, à la multiplication des nouveaux cas de contamination au Covid-19 vient s'ajouter la menace de voire naître un mouvement de protestation au sein de la communauté éducative. Les appels de détresse des enseignants se sont multipliés ces derniers jours. À l'origine de cette tension, le système de groupe appliqué cette année qui est, selon eux, en inadéquation totale avec le nombre d'enseignants en poste. Etat de fait qui a créé une lourde charge horaire sur le personnel qui est, paraît-il, déjà au bord de la saturation. Outre cet aspect, les enseignants ont également pointé du doigt l'absence d'un protocole sanitaire garantissant la protection du personnel et des élèves, dans les salles de classe. D'autant plus que plusieurs cas positifs au Covid-19 ont été signalés dans plusieurs établissements du pays. Réagissant à ce constat peu rassurant, les syndicats de l'éducation haussent également le ton et font état des sérieux dysfonctionnements qui ont malheureusement marqué la reprise des cours. Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) Zoubir Rouina a, dans ce registre, regretté que cette rentrée ne se passe pas comme prévu. «Le jour de la rentrée, le personnel a été surpris par le fait qu'aucun moyen de protection n'ai été mis en place dans certains établissements», a-t-il regretté. Il fera observer en outre, qu'avec la formule de groupe appliquée actuellement «les personnels de l'éducation ne sont pas au bout de leurs peines». Zoubir Rouina dit comprendre le mécontentement des enseignants notamment, qui «se retrouvent avec une charge de travail importante». Le SG du CLA s'est dit dès le début, favorable à la reprise des cours. Toutefois, il considère que le personnel de l'éducation est livré à lui-même et que les conditions d'entame des cours n'ont pas été à la hauteur des espérances. «Aujourd'hui, il revient aux autorités d'assumer leurs responsabilités», a-t-il estimé. Ajoutant que ni les enseignants ni les directeurs des établissements n'ont «à porter ce lourd fardeau». Même son de cloche du côté du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Son président Boualem Amoura déplore «une gestion unilatérale des autorités». Selon lui, l'Etat algérien n'a pas mis les moyens nécessaires pour faire face à cette pandémie. «En dépit d'un contexte sanitaire extraordinaire, aucun budget spécial n'a été destiné aux établissements scolaires.» Boualem Amoura va jusqu'à affirmer que «le protocole sanitaire n'existe finalement que sur le papier». Le désarroi affiché par les enseignants aujourd'hui est selon lui une conséquence de ces défaillances de gestion. La surcharge de travail engendrée par le système de groupe appliqué dans les écoles amènera, explique-t-il, les enseignants à déposer en masse des congés de maladie. «Beaucoup de travailleurs de l'éducation pensent à déposer un congé une semaine après la reprise», fait-il savoir, certifiant que certains ont déjà entamé cette démarche. Le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba a lui aussi dénoncé le « flagrant manque de moyens de prévention dans les écoles». Il refuse, par ailleurs, de cautionner que des directeurs d'école s'obstinent malgré les circonstances à ne pas déclarer les cas suspects détectés dans les établissements qu'ils gèrent. D'autant plus que cette situation se répercute sur les enseignants. Le syndicat ne cache plus ses inquiétudes et explique que si la situation perdure, le recours à la protestation sera inévitable. M. Z.