La tension monte d'un cran chez la communauté éducative. Au moment où la liste des nouveaux cas de Covid-19 ne cesse de s'allonger, la crainte et la colère des travailleurs de l'Education nationale continuent de se faire entendre. Ce secteur, qui a toujours été caractérisé sur bien des aspects par des lacunes assez marquées, a redoublé de vulnérabilité en ces temps de pandémie. Ce malaise se traduit sur le terrain par les intentions affichées du personnel de l'éducation qui envisage d'initier des actions de protestation si le statu quo persiste. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) a déjà ouvert le bal de la protestation en observant, mercredi dernier, un débrayage qui a concerné plusieurs collèges et écoles primaires. Les enseignants affiliés à ce syndicat ont également tenu un sit-in à Alger pour réclamer l'application du protocole sanitaire. Le manque de moyens de protection sur les lieux de travail serait la principale raison de la grogne des travailleurs de l'éducation. Le taux de suivi de la grève a atteint les 60,5%, selon les chiffres annoncés par l'UNPEF. Tandis que d'autres sources relevant du secteur parlent d'une participation « très mitigée ». Rappelons qu'avant cela, les syndicats autonomes de l'éducation avaient appelé à l'organisation d'une action de protestation commune pour dénoncer la « gestion des autorités de la rentrée scolaire ». L'UNPEF a manifestement fait cavalier seul et a décrété une journée de grève. En dehors de l'impact de celle-ci, cette démarche est peut-être annonciatrice d'une vague de protestations en milieu scolaire. La situation que vit le secteur pourrait se détériorer davantage, selon les acteurs de l'éducation. Cette crainte se révèle justifiée lorsqu'on voit la multiplication des menaces de grève. L'intersyndicale lance d'ailleurs un ultimatum au gouvernement, suite à la promesse de ce dernier de mettre en place un fonds visant l'approvisionnement des établissements scolaires en matériels de protection. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, prévient que « si cette garantie ne se matérialise pas d'ici une semaine, on agira en conséquence ». Il fait savoir que l'intersyndicale prévoit de se réunir pour faire le point sur la situation. «La mise en place d'un fonds spécial est l'une des revendications qu'on rabâche depuis des mois», tient-il à préciser. Il souligne que maintenant : «Nous attendons qu'elle soit mise en œuvre dans les plus brefs délais.» Boualem Amoura relève que les autorités disposent d'une semaine de plus pour mettre en œuvre cette promesse. Dans le cas où les choses ne bougent pas, «l'intersyndicale passera inévitablement à l'action». Le SG du Satef fait état d'une situation intenable pour le personnel de l'éducation, qui ne demande que des moyens de protection les plus rudimentaires, ainsi qu'un emploi du temps adapté. Une autre syndicaliste du Conseil des lycées d'Alger (CLA) dit reprocher à la tutelle de faire la sourde oreille. «Nous recensons plusieurs cas de Covid-19 dans les écoles et le ministère ne daigne pas lever le petit doigt», soutient-elle. Celle-ci explique que nul ne peut mesurer l'ampleur de la gravité de la situation dans les écoles. « Avec un emploi du temps inapproprié et l'absence d'un protocole sanitaire strict, les travailleurs sont au bord de l'épuisement », déplore-t-elle encore. Elle aussi fait part de son intention de recourir à des moyens de pression si rien ne change. La crise qui prévaut dans le secteur risque ainsi de s'accentuer si les débrayages s'enchaînent. Déjà que le déroulement de l'année scolaire se fait de manière bancale, qu'adviendra-t-il du sort des élèves si les actions de protestation s'enchaînent ? M. Z.