« Malgré les signes positifs et une amélioration significative des prix du pétrole, je pense qu'il convient d'être très prudent .» C'est au président de l'Opep, Abdelmadjid Attar, le ministre algérien de l'Energie, que l'on doit ce conseil très pragmatique tant la panoplie de facteurs influents sur le marché pétrolier mondial est large. Les propos tenus par le président de l'Opep, dans l'entretien accordé à Bloomberg, illustrent le réalisme qui prévaut désormais chez les acteurs engagés dans la stabilisation du marché mondial du pétrole, convaincus que les 23 pays impliqués dans Opep+, doivent, comme le dit Abdelmadjid Attar, continuer à calibrer l'assouplissement de leurs réductions collectives de la production en fonction de la demande mondiale de pétrole, encore fragile. « Malgré les signes positifs et une amélioration significative des prix du pétrole, je pense qu'il convient d'être très prudent », a donc confié le ministre algérien de l'Energie pour justifier ce pourquoi les membres d'Opep+ ont décidé de voir à chaque début de mois si « le marché à suffisamment d'appétit pour absorber 0,5 million de barils par jour de production additionnelle le mois suivant ». C'est eu égard aux incertitudes qui pèsent sur le marché qu'il est, ainsi, difficile de prévoir qu'elles seront les décisions futures des signataires de l'accord. Un accord qui, doit-on le rappeler, prévoyait à l'origine une augmentation de 2 millions de barils par jour (mb/j) de la production de l'Opep+ à partir de janvier, avant qu'un compromis ne soit difficilement arraché au début de ce mois, à l'issue d'une réunion lors de laquelle se sont heurtées les propositions des uns et des autres, avant que cette augmentation de la production ne porte finalement que sur 0,5 mb/j en raison des incertitudes qui minent la demande mondiale de pétrole. « L'Opep+ peut décider, en fonction des fondamentaux, notamment de l'équilibre offre-demande et l'état des stocks mondiaux de pétrole, aussi bien d'augmenter sa production pour le mois suivant que de la réduire. Nous pouvons agir dans les deux sens », a rappelé M. Attar pour dire que rien n'est acquis même à plus court terme pour qualifier cette approche de «sage» tant elle permet aux 23 membres d'Opep+ «d'être proactifs et de prendre des décisions sur la base des données les plus récentes». La prudence semble être le mot d'ordre adopté par les pays producteurs, malgré les signes positifs et une amélioration significative des prix et, selon le ministre algérien, les 2 mb/j d'augmentation de la production pourraient être atteints dès le mois d'avril, mais cela «ne constitue pas un objectif en soi», l'essentiel étant de s'assurer que «le surplus des stocks mondiaux continue à s'éroder, et que nous sommes sur le chemin d'une stabilisation durable du marché». En tous les cas, comme le soutient la majorité des analystes, Abdelmadjid Attar s'attend à un second semestre 2021 moins contraignant pour le marché pétrolier, et ce, du fait des nouveaux soutiens financiers aux économies qui sont mis en place, et les perspectives d'un déploiement rapide et large de vaccins. Quoi qu'il en soit, hier vers la mi-journée, le pétrole confirmait sa bonne tenue de ces dix derniers jours. Les cours poursuivaient, en effet, leur envol pour marquer 50,95 dollars le baril de Brent, franchissant même la barre des 51 dollars à un moment de la séance, ce qui ne s'était plus vu depuis le 5 mars dernier, alors que le baril de pétrole algérien, le mélange saharien (Sahara Blend) accrochait 50,61 dollars. Azedine Maktour