Entretien réalisé par Ahmed Ammour Abdelkrim Sadou, directeur des équipes nationales (DEN) de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA), aborde quelques sujets d'actualité avec notamment les prochains Championnats d'Afrique prévus à Alger puis délocalisés à Oran ainsi que les Jeux olympiques de Tokyo tout en affirmant que la relève existe pour l'avenir. Le Soir d'Algérie : Après plusieurs mois d'arrêt, les athlètes internationaux ont repris les entraînements avec des stages à Tikjda et Tlemcen, quel est le premier bilan de cette reprise ? Abdelkrim Sadou : Effectivement, les athlètes de la sélection nationale ont repris depuis novembre, collectivement, la préparation avec des stages à Tikjda et à Tlemcen. Des stages qui regroupent notamment des athlètes d'élite qui préparent surtout les Championnats d'Afrique, et qui se déroulent dans de bonnes conditions. Les athlètes comme les entraîneurs sont satisfaits du déroulement des stages. Certes, cela a été très dur par rapport à la Covid-19 qui est une pandémie internationale qui nous a touchés. Ceci dit, il y a des athlètes, déjà qualifiés aux Jeux olympiques, qui n'ont pas arrêté la préparation. Ils ont trouvé la possibilité de s'entraîner, et avoir accès aux infrastructures sportives locales grâce aux autorisations du MJS tels que Lahoulou qui s'entraîne à Jijel dans un premier temps puis ici à Alger, ainsi que Triki à l'Opow de Constantine et bien d'autres aussi à Béjaïa ou encore ici à Alger. Maintenant, nous allons ouvrir pour d'autres athlètes, toujours avec la collaboration du MJS et les orientations du comité scientifique. L'athlétisme algérien a été bouleversé récemment par l'histoire des soupçons de dopage de Makhloufi ; ce qu'il rejette catégoriquement ? Concernant cette polémique, créée par le journaliste français qui avait parlé de cette histoire du sac laissé par Taoufik à l'INSEP, pour nous, c'est une aberration. Tous les athlètes, surtout Makhloufi, bénéficient largement de la présomption d'innocence du moment qu'il n'a pas été pris en flagrant délit, il n'a pas été pris la main dans le sac, comme on dit. Makhloufi est un athlète qui est très souvent contrôlé notamment par la Wada (Agence mondiale antidopage), ici en Algérie et partout où il va. Makhloufi, qui a été bloqué pendant des mois en Afrique du Sud lors de sa préparation, a été contrôlé aussi (...) Jusqu'à présent, il n'y pas eu de poursuites. Les travaux au stade Sato tardent à se terminer, depuis pratiquement sept ans, c'est quoi le fond du problème ? Le nouveau stade d'Oran enregistre aussi un retard dans la pose de la piste, pensez-vous qu'il sera prêt pour les Championnats d'Afrique ? Effectivement, cela fait pas mal de temps que le Sato (stade d'athlétisme situé au complexe olympique du 5-Juillet) est en travaux. Le Sato est un peu La Mecque des athlètes algériens, surtout de l'élite. Nous avons eu pas mal de réunions avec le ministère de la Jeunesse et des Sports concernant le Sato. Je viens de faire une petite visite ce matin (lundi, ndlr) et ils sont en pleins travaux. Les Championnats d'Afrique, prévus à Alger ont été délocalisés à Oran. Là encore, c'est le même problème, celui des travaux de la piste du stade qui ne sont pas terminés. Il y avait une réunion tout récemment au ministère à laquelle j'ai assisté, avec l'insistance de la part de la tutelle et de la fédération pour que les travaux puissent se terminer bien avant l'échéance des Championnats d'Afrique qui sont prévus du 1er au 5 juin 2021. Le président de la FAA a fait aussi une réunion jeudi dernier, à Oran, avec les responsables où il a tenu le même langage. L'Algérie a une grande réputation dans l'organisation des événements sportifs internationaux dont les derniers JAJ. Il ne faudrait pas qu'aujourd'hui, cela change ou que les championnats soient délocalisés dans un autre pays. Ça c'est important. La saison de cross-country n'étant pas encore entamée alors que les Championnats d'Afrique ont lieu en mars 2021 à Lomé, comment allez-vous sélectionner les athlètes ? Effectivement, sans les compétitions, il est difficile de constituer une sélection, mais nous sommes en train d'étudier la possibilité d'organiser un challenge réduit et s'il le faut des challenges régionaux. C'est à l'étude. J'ai une discussion avec le président sur la possibilité d'ouverture des compétitions pour très bientôt, possible au mois de janvier 2021 pour commencer les différentes étapes du challenge national du cross-country. Et c'est à partir de là que nous allons arrêter la liste de notre sélection nationale. Les minima pour les JO de Tokyo sont en cours, quels sont les athlètes susceptibles de décrocher la qualification ? Nous avons déjà des athlètes qui sont qualifiés à savoir Makhloufi (1 500 m), Tabti (3 000 m steeple), Lahoulou (400 m haies) et Triki au le triple saut. On s'attend à ce qu'il y aura d'autres athlètes qui vont réaliser les minima ; des athlètes qui se qualifient habituellement pour les Mondiaux ou les JO. Les minima ne seraient en principe qu'une formalité. Depuis quelques années, on ne voit plus l'émergence de nouveaux talents dans l'athlétisme algérien... Concernant la relève, il y a quelques jeunes qui sont suivis de très près comme Oussama Cherrad sur 1500 m/800 m ; un athlète de Bordj-Bou-Arréridj et qui est très intéressant. Il était finaliste au Championnat du monde junior. Il a une performance intéressante, ou encore Gouaned Mohamed de Biskra sur qui on peut compter à l'avenir notamment pour les Jeux méditerranéens et les prochains JO de 2024 ainsi que le jeune Moula Slimane sur 400 m qui est en train de se reconvertir sur le 800m et c'est de bon augure. C'est dire qu'il y a une ossature et un noyau d'athlètes qui sont bien suivis et pris en charge. Il y a d'autres jeunes, mais on préfère attendre encore un petit peu. A. A.