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Graffitis, le Parlement des jeunes
Les murs d'Alger et des grandes villes en sont pleins
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 01 - 2021

Les murs n'ont pas que des oreilles, ils ont aussi une langue. C'est, en somme, ce qui transparaît de plus en plus en contemplant les murs d'Alger, ce sont ces nombreux témoins des vies de leurs habitants. Plus que des mots, des signes, des dessins, mais surtout des messages porteurs.
Un mur entier portant les tags relatifs aux ultras et supporteurs du CRB a été tagué par de jeunes artistes. Le message est clair, nous vivons pour et par le CRB. Un peu plus loin, sur un autre pan, on peut lire : «Bottlestreet», traduction « la rue des bouteilles : tout se sait !», un tout autre message qui d'emblée donne l'impression qu'ils n'ont aucune relation. Mais pour les habitants des quartiers, ils connaissent le sens et savent à qui sont envoyés ces codes. Et dans d'autres quartiers encore, des messages sociaux, politiques, sportifs ou culturels sont parsemés par ceux qui veulent faire entendre leur voix.
Les graffitis on en voit de plus en plus dans l'espace public. Ils sont souvent anonymes, à part quelques initiales qui traînent. Les graffiteurs s'approprient cet espace pour en faire leur tribune d'expression servant à mettre en valeur des discours sur tout ce qui les touche, les affecte en utilisant différentes langues (français, arabe algérien, tamazight (berbère), arabe littéraire, anglais, et autres...) suivant les quartiers et aussi le niveau social.
Ainsi, il en ressort un brassage de langues qui existe déjà dans l'oral.
Des graffitis avec une maturité politique
Mohammed Zakaria Ali-Bencherif, de l'Université de Tlemcen, Laboratoire Dylandimed, note dans une étude ayant pour titre : «Les graffitis en Algérie : des voix du hirak mises en mur» qu'outre le caractère transgressif et libertaire qui caractérise les graffitis en tant qu'expression urbaine, il y a la performativité des mots et le plurilinguisme. «Ces deux éléments socio-langagiers et discursifs ont jalonné le hirak depuis février 2019. La présence notable des graffitis en tant que trace visible a rendu, en effet, lisible ce hirak (la voix du peuple) non seulement à travers des mots mais aussi à travers des formes langagières diverses et originales. Exutoire urbain occupé par les manifestants, le mur est devenu la voix criante et permanente qui relaie les marches pacifiques hebdomadaires. De ce fait, nous pouvons souligner une force locutoire dite dans plusieurs langues et représentée par différentes formes qui diffèrent d'un espace urbain à l'autre mais elles se rejoignent sur les plans (socio)linguistique, sémiotique et discursif comme une voix commune, et ce, malgré le caractère polyphonique des graffitis», note-t-il dans son étude.
Et dans l'Histoire, les graffitis ont de tout temps accompagné les moments de crise et les moments révolutionnaires que connaissent les sociétés de par le monde. Ils sont une forme d'engagement social et politique permettant aux graffiteurs de se positionner dans la vie politique de leurs sociétés. Par exemple, le graffiti au temps de la guerre de libération nationale a été mobilisé par les militants nationalistes comme moyen de lutte contre le colonialisme français. Dans les mois qui précèdèrent l'indépendance, l'OAS en a fait un usage propagandiste contre la révolution algérienne.
Le graffiti-icône «ICI, ON NOIE LES ALGERIENS» apposé sur les quais de La Seine après le massacre de centaines d'Algériens, le 17 octobre1961 à Paris, a participé à faire connaître l'histoire d'un crime que la France coloniale a toujours cherché à dissimuler. D'ailleurs, la photo de ce graffiti, prise par Jean Texier et Claude Angeli, n'a pu être publiée que dans les années 1980. C'était dans le journal l'Humanité, et depuis, ce graffiti est devenu le symbole de cette répression cinglante du 17 octobre 1961.
Les graffitis : un refuge
Le Dr Karim Ouaras est maître de conférences à l'Université d'Oran 2. Il y enseigne la sociolinguistique, la sémiologie, l'analyse du discours (critique) et la méthodologie de la recherche. Il est également chercheur associé au Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle et directeur adjoint du Centre d'études maghrébines en Algérie. Ses travaux de recherche portent, entre autres, sur la pratique du graffiti et l'espace public en Algérie, le patrimoine matériel et immatériel, les langues, les identités, l'Etat-nation, la politique linguistique et le contact des langues au Maghreb. Depuis de nombreuses années, il a mené diverses recherches sur les graffitis. Dans la revue Insaniyat du CRASC, qui a consacré un double numéro à cette thématique, le Dr Karim Ouaras note : «Les graffitis et le street art s'érigent en mode d'expression sociopolitique et artistique dans les quatre coins de la planète imprimant aux espaces vécus des allures de corps tatoués, parlants et signifiants.
Les conflits sociopolitiques, les compétitions sportives, plus particulièrement le football, les démonstrations culturelles, les détresses humaines y trouvent refuge et y laissent leurs empreintes éphémères certes mais percutantes par la charge de leurs discours.
Faisant partie prenante des décors urbains et des dynamiques de l'espace public, jadis strictement contrôlés par la doxa, la pratique du graffiti est impliquée de manière décisive dans les mutations sociales locales en les révélant et matérialisant. Provoquée par l'envie d'énoncer et propulsée par les mouvements sociaux, politiques et culturels, et les aléas de la vie quotidienne, cette pratique scripturale devient, de plus en plu, massive dans l'espace public, charriant sur son passage, langues, signes et discours. Ce fait social complexe révèle, à travers les récits urbains et les littératures qu'il étale dans l'espace public, la face cachée de la vie sociale normée.»
Sarah Raymouche


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