Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée, Saïd Chanegriha, a présidé, hier mercredi, une importante réunion consacrée à l'examen de la situation sécuritaire «dans le pays et dans la région». C'est ce qu'indique un communiqué du ministère de la Défense nationale. Kamel Amarni - Alger - (Le Soir)- Une réunion, précisera le communiqué, qui s'inscrit dans le cadre «de l'analyse des évolutions de la situation sécuritaire dans le pays et dans la région». Ont assisté à cette réunion, ajoutera encore le ministère de la Défense dans son communiqué, le commandant de la Gendarmerie nationale, le chef du département emploi-préparation de l'état-major de l'ANP, le directeur de la communication, de l'information et de l'orientation, le directeur général de la Sûreté nationale, ainsi que les différents responsables des services de sécurité et des officiers généraux de l'état-major de l'ANP». Autrement dit, l'ensemble des hauts responsables de tous les services de sécurité du pays. On notera d'ailleurs, à ce propos, la présence du directeur général de la Sûreté nationale, ce qui est sans doute une première, la DGSN ne faisant en effet pas partie des services de sécurité sous tutelle du ministère de la Défense, mais de celui de l'Intérieur. Ce qui dénote en tout cas le caractère assez spécial de la réunion de ce mercredi, où il a été question de l'examen de la situation sécuritaire nationale et régionale dans sa globalité. Il est également à rappeler d'ailleurs que, récemment, une visite en 3e Région militaire à Béchar, du chef d'état-major, Saïd Chanegriha coïncidait avec une tournée dans cette même région du directeur général de la Sûreté nationale, Khalifa Ounissi. Une région, le Sud-Ouest notamment, qui se hisse, depuis quelques mois particulièrement, au rang de la priorité absolue de l'ANP et de l'ensemble de nos services de sécurité. Autrement plus urgente comme priorité, par rapport aux frontières sud et sud-est, pourtant tout aussi préoccupantes, en raison de la crise en Tunisie et en Libye et de la situation chaotique de la région du Sahel. La menace est en effet beaucoup plus «prononcée» du côté ouest et sud-ouest de nos frontières, avec un royaume voisin plus hostile que jamais, alternant, depuis des mois, provocations, travail de sape au plan diplomatique et, plus grave encore, des projets militaires qui n'augurent rien de bon pour la région. Outre l'agression militaire perpétrée à Guerguerat contre le peuple sahraoui, Rabat entreprend, depuis une année, la réalisation d'une base militaire en coopération avec l'armée israélienne, tout près de ses frontières avec l'Algérie. Ce qui interpelle naturellement quant aux intentions du Makhzen, vis-à-vis de son voisin qu'il inonde, en parallèle, par des quantités jamais égalées, de toutes sortes de drogues. Cette nouvelle arme «silencieuse , que Rabat n'a jamais cessé d'utiliser dans l'objectif évident de chercher à déstabiliser l'Algérie, mobilise l'ensemble de nos services de sécurité tout le long des frontières avec cet «Etat narcotrafiquant», et les saisies astronomiques des drogues réussies depuis quelques mois dans la région dépassent l'entendement. En somme, une forme d'agression, massive et permanente, qu'utilise Rabat, à chaque fois que l'Algérie est préoccupée par des problèmes internes. C'était d'ailleurs ouvertement le cas, durant les années 1990, lorsque Hassan II n'hésitait pas à fournir toute l'assistance et les facilités possibles aux sanguinaires du GIA. «La sécurité, c'est un tout», disait-il cyniquement aux autorités algériennes qui réclamaient à l'époque l'extradition de l'émir terroriste Abdelhak Layada que le roi voulait marchander contre «une nouvelle» position de l'Algérie par rapport à la question sahraouie. Mêmes réflexes, mêmes méthodes reprises aujourd'hui par son successeur, et pour les mêmes objectifs. A la différence que, cette fois-ci, même l'armée et les services israéliens sont appelés à la rescousse par le palais et l'armée royale, et de manière grossièrement ouverte ! Suffisamment, en tout cas, pour que soient mobilisés tous les services de sécurité et l'Armée nationale, pour parer à toute autre mauvaise surprise... K. A.