L'annonce de la dissolution de l'APN par le chef de l'Etat porte un coup dur aux deux partis majoritaires, le FLN et le RND, qui dominent cette Assemblée et qui avaient affiché leur opposition à une telle démarche. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Dans son discours, à l'occasion de la Journée du chahid, Abdelmadjid Tebboune a annoncé sa décision de dissoudre l'Assemblée populaire nationale, conformément aux prérogatives prévues dans la Constitution. Ce qui implique l'organisation d'élections législatives anticipées dans un délai minimum de trois mois et maximum de six mois. «J'ai décidé de dissoudre l'APN dans sa composante actuelle. Nous allons passer de suite à des élections où l'argent, sale ou pas, n'aura point de place, des élections qui ouvriront leurs portes aux jeunes (...) L'Etat œuvrera à aider ces jeunes, notamment pour mener leurs campagnes électorales dont nous prendrons en charge une grande partie», a-t-il déclaré. Il a ajouté que «le Parlement sera élu et le contrôle sera assuré par l'Instance indépendante dans les prérogatives de laquelle ne s'immisceront ni les présidents des APC, ni les walis (...), ni même le président de la République, et nous ferons en sorte que nos institutions ne suscitent aucune suspicion». Pour peu que cette instance joue pleinement son rôle et ne cautionne pas la fraude comme par le passé. La décision du chef de l'Etat est intervenue conformément à l'article 151 de la Constitution qui stipule que «le président du Conseil de la Nation, le président de l'Assemblée populaire nationale, le président de la Cour constitutionnelle et le Premier ministre ou le chef de gouvernement, selon le cas, consultés, le président de la République peut décider de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale ou d'élections législatives anticipées». «Dans les deux cas, les élections législatives ont lieu dans un délai maximal de trois mois. Dans le cas où ces élections ne peuvent être organisées dans les délais prévus en raison d'une impossibilité quelconque, ce délai peut être prorogé d'une durée maximale de trois mois, après avis de la Cour constitutionnelle», précise le même article. Ainsi, la nouvelle loi électorale fera certainement l'objet d'une ordonnance en raison de cette dissolution. L'article 142 de la Constitution souligne qu'en cas de vacance de l'APN, le président de la République peut, sur des questions urgentes, légiférer par ordonnance, après avis du Conseil d'Etat. La dissolution de l'APN est une revendication portée par le mouvement populaire du 22 février 2019 depuis ses premières semaines. La demande a fait aussi la quasi-unanimité au sein de la classe politique, à l'exception de quelques-uns, à l'image du FLN et du RND, qui étaient parmi les cibles du Hirak, et certains partis comme le FFS et le PT qui avaient décidé de démissionner de l'APN en vue d'imposer la dissolution. Mais plusieurs députés de ces deux partis se sont rebellés contre leurs directions en refusant de remettre leur mandat. De ce fait, la décision de Tebboune est un coup dur pour le FLN et le RND, qui étaient les premiers à exprimer leur soutien au nouveau chef de l'Etat après son installation à la tête du pays, et qui ont affiché leur opposition à une telle démarche, considérant que la dissolution des assemblées est une «période de transition déguisée». K. A.