C'est au niveau de la chambre basse qu'est attendu le nouvel épisode de la guerre ouverte entre pro-Benflis et pro-Bouteflika. Quelle sera l'attitude des quelque deux centaines de députés du plus vieux parti sur la scène lors de la reprise des travaux de l'Assemblée populaire nationale prévue pour aujourd'hui? Les députés du FLN iront-ils jusqu'à rejeter les six ordonnances présidentielles au programme de la plénière de demain et ouvrir de la sorte les portes d'une dissolution du parlement par le Président, duquel émanent ces ordonnances? Ce sont les questions qui semblent tarabuster les observateurs de la scène politique nationale depuis le retrait des derniers ministres, acquis à Ali Benflis, du gouvernement Ouyahia et l'annonce officielle du secrétaire général du FLN de se porter candidat officiel à la magistrature suprême. En effet, il est fort possible que les députés du FLN usent de leurs prérogatives pour bloquer les ordonnances présidentielles. Cette attitude, si elle est adoptée, risque de créer un précédent dans les annales de l'APN. Pour le moment, cette mesure n'a pas été retenue même si elle reste plausible. La direction du parti avait déclaré le jour du congrès extraordinaire: «Le parti est prêt et déterminé à défendre avec force et conviction les valeurs démocratiques, le pluralisme politique, les institutions de l'Etat algérien et les acquis du peuple algérien.» Or le FLN n'est pas dans l'ignorance que la dissolution du parlement est une arme à double tranchant. En effet, la Constitution est claire à ce sujet. Dans son article 129 la Constitution stipule: «Le président de l'Assemblée populaire nationale, le président du Conseil de la nation et le chef du gouvernement consultés, le président de la République peut décider de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale ou d'élections législatives anticipées». «Dans les deux cas, les élections législatives ont lieu dans un délai maximal de trois mois», poursuit le même article. En outre, l'article 93 stipule que devant une crise constitutionnelle s'instaure «l'état d'exception». Une situation que les députés du FLN voudront éviter afin de ne pas perdre un droit de regard dans la gestion des affaires de l'Etat acquis démocratiquement. En effet, cet article indique que «lorsque le pays est menacé d'un péril imminent dans ses institutions, dans son indépendance ou dans son intégrité territoriale, le président de la République décrète l'état d'exception». Une situation du genre implique, selon l'article 124 de la Constitution, que le président de la République «peut légiférer par ordonnances». Pour les députés FLN, il n'est pas question de céder le moindre droit octroyé par le peuple. D'ailleurs, Samia Moualfi, vice-présidente du groupe parlementaire, souligne que «les députés seront présents en nombre, sinon la journée parlementaire où ont été débattues les ordonnances n'aurait servi à rien», avant d'affirmer que «le retrait des élus n'est pas dans l'intérêt du parti, d'autant que le parlement reste une tribune efficace».