De Tunis, Mohamed Kettou Toutes les parties se félicitent de l'absence de heurts entre les protagonistes. La journée du samedi était appréhendée par les Tunisiens qui craignaient que la situation dégénère suite à la manifestation à laquelle avait appelé le parti islamiste Ennahdha, qui a choisi pour slogan dominant : «La défense des institutions». Et d'ailleurs les cafés avaient baissé rideau. Néanmoins, il est difficile d'avancer une estimation du nombre des participants, alors que des responsables du parti islamiste l'estiment à 150 000. Toutefois, vu l'espace réservé par le ministère de l'Intérieur, le nombre ne dépasserait pas quelques milliers. En effet, l'avenue Bourguiba, artère principale et traditionnelle de telles manifestations, a été fermée. Aucun accès n'était toléré et les manifestants venant d'autres artères perpendiculaires étaient stoppés à l'entrée de l'avenue Bourguiba, ce qui réduit l'impact de cette manifestation. Bien que celle-ci ait été organisée en faveur du gouvernement, le chef Hichem Mechichi qui assure l'intérim de l'intérieur s'est gardé de favoriser Ennahdha après avoir empêché, il y a quelques jours, d'autres manifestations sur l'avenue Bourguiba. Apparemment, Ennahdha appelle, à travers cette manifestation, au respect de la Constitution et des institutions et au dialogue pour dénouer les crises, notamment politique, dont souffre le pays. Mais, les observateurs et les analystes politiques s'accordent à dire qu'au-delà des slogans exprimés par les manifestants, l'objectif assigné par Rached Ghannouchi est, à ses yeux, plus important. Sa principale cible est le Président Kaïs Saïed à qui il veut montrer qu'il dispose d'une assise populaire qui lui permettrait de gouverner le pays ou, du moins, qu'il a son mot à dire dans la gestion des affaires de la Tunisie. Simultanément, la gauche de Hamma Hammami a organisé une marche vers le même lieu, appelant le gouvernement à satisfaire les revendications exprimées par le peuple, il y a une dizaine d'années. Pour la gauche, c'était, aussi, une occasion pour dénoncer les agissements du parti islamiste qu'il tient pour responsable de la crise que vit le pays. Cependant, ce dont se félicitent toutes les parties, c'est l'absence d'accrochages entre les protagonistes, accrochages tant appréhendés par les tenanciers des nombreux cafés qui avaient baissé leurs rideaux depuis le début de la matinée. M. K.