Dans le souci de faire la lumière sur le Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance, et son rôle notamment durant la crise sanitaire, et dans le cadre du suivi du processus de vaccination, sa directrice générale le Pr Nadjat Loumi qui a introduit depuis 2016, la notion de phytovigilance, réactovigilance, cosmétovigilance, en sus de la vigilance du médicament, du dispositif médical et du vaccin déjà établies, n'a pas hésité à nous répondre. Le Soir d'Algérie : en quoi consistent les missions du CNPM ? Pr Loumi : Le Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM) est un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du ministre chargé de la Santé depuis sa création par le décret exécutif n°98-192 du 3 juin 1998, et s'attelle à la surveillance des effets indésirables suite à l'utilisation des médicaments, vaccins, compléments alimentaires, réactifs et dispositifs médicaux. Depuis 2016, il a joint d'autres vigilances, telles que la vaccinovigilance, la réactovigilance, la cosmétovigilance, la phytovigilance et les compléments alimentaires. Il a pour mission également d'organiser des enquêtes en matière de pharmacovigilance, de matériovigilance et de proposer au ministre de la Santé des actions correctives après enquêtes. Des formations continues sont assurées annuellement par le CNPM dans le cadre du développement du bon usage des médicaments, du suivi thérapeutique par le monitoring plasmatique des médicaments, et la promotion de l'usage rationnel des médicaments dans les unités de soins de bases (PURMA). Cela nous ramène aux enquêtes de pharmacovigilance lancées, dans quels objectifs ? Une enquête de pharmacovigilance est lancée pour analyser les risques, la participation à la mise en place et au suivi des plans de gestion des risques. Elle est déclenchée dans les situations suivantes : des effets indésirables graves, fréquents, survenant suite à une vaccination ou dans le cas d'incidents ou risque d'incidents lors de l'utilisation d'un dispositif médical. Qu'en est-il de la veille médicale ? La veille médicale consiste en des actions visant à reconnaître la survenue d'un événement inhabituel ou anormal pouvant présenter un risque pour la santé humaine dans une perspective d'anticipation, d'alerte et d'action précoce. La confrontation des données nationales (effets indésirables) et internationales par le biais des différentes agences des médicaments et l'OMS nous permet d'avoir une vigilance orientée, efficace et rapide, afin de prendre les dispositions nécessaires en Algérie pour la protection du citoyen. Durant cette pandémie de coronavirus, quelle place le CNPM a-t-il occupée ? En plus de toutes les missions inhérentes au CNPM, la Covid-19 a suscité une vigilance particulière que ce soit dans le traitement de la maladie, ou lors de la vaccination. Une plateforme spécifique au Covid-19 a été créée, visible sur le site web du CNPM www.cnpm.org.dz, et ce, dès le début de la pandémie pour la déclaration des effets indésirables. Par ailleurs et pour une plus large diffusion, il existe également une page Facebook du CNPM par laquelle les médecins ou de simples citoyens peuvent interagir. En plus, le centre a mis en ligne dès les premiers mois de l'apparition de la pandémie en Algérie, un cours destiné aux professionnels de la santé publique, aux gestionnaires d'incidents, aux coordonnateurs d'urgence et aux collaborateurs travaillant pour les Nations-Unies, les organisations internationales, ainsi que les ONG. Il constitue une introduction générale à la Covid-19 et aux virus respiratoires émergents. A la fin, les concernés ont été en mesure de décrire la nature des virus respiratoires émergents, la façon de détecter et d'investiguer une épidémie, les stratégies de prévention et de contrôle des épidémies dues aux nouveaux virus respiratoires, sans oublier les stratégies qui devraient être utilisées pour communiquer les risques et impliquer les communautés dans la détection et la prévention d'un nouveau virus respiratoire. Le CNPM assure le suivi de la vaccination en général et celle de la Covid-19 en particulier. Expliquez-nous la collecte d'informations et les effets indésirables enregistrés. Avant le lancement de la vaccination une formation adéquate des professionnels de la santé et des vaccinateurs a été organisée par le comité de vaccination dont fait partie le CNPM, mis en place par le ministère de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière. Dans le cadre du suivi des manifestations post-vaccinales anti-Covid, le CNPM a formé des collaborateurs au niveau de chaque wilaya pour être nos principaux interlocuteurs des notifications des cas de manifestations post-vaccinales. Cette formation s'est déroulée sur plusieurs jours afin de couvrir toutes les wilayas et avec un accompagnement des formateurs. Une fiche de déclaration élaborée par l'équipe du CNPM est mise à la disposition des professionnels de la santé et du patient. Cette fiche est téléchargeable sur la plateforme du centre (www.cnpm.org.dz). Les coordonnées du patient étant relevées, un suivi téléphonique est réalisé, afin de s'enquérir d'éventuels effets indésirables. À ce jour, plusieurs notifications nous sont parvenues, ne représentant que des cas bénins, notamment des fièvres, céphalées, asthénie courbatures, nausées et vomissements, des syndromes pseudo-grippaux etc., mais aucun cas grave n'a été signalé pour les deux vaccins administrés. Ces données sont rassurantes pour les professionnels de la santé et les citoyens. Quel message adressez-vous au grand public alors ? Le CNPM est un organisme qui met au centre de ses préoccupations le citoyen. Parmi les missions de la pharmacovigilance, la vaccinovigilance qui est la science et les activités en rapport avec la détection, l'évaluation, la compréhension, la prévention et la communication des effets indésirables ou autres questions concernant les vaccins et la vaccination. Nous avons des experts en place pour assurer ces rôles, mais nous insistons sur le maintien des mesures de distanciation physique et les gestes barrières avant, pendant et après une séance de vaccination, le port du masque de protection pour le personnel médical et les personnes à vacciner ainsi que le nettoyage et l'aération fréquents des locaux. Propos recueillis par Ilhem Tir