L'institution élue de la wilaya de Béjaïa a tenu ce mercredi une session extraordinaire pour examiner la situation qui prévaut dans la région, suite au puissant séisme de jeudi passé, ayant engendré des dégâts matériels importants. Lors de la rencontre avec les différents responsables de l'habitat, des équipements publics, du secteur de l'éducation et de la santé, la Protection civile et le directeur de wilaya du CTC, ont dressé un premier bilan des dégâts occasionnés par le séisme. Dans son rapport présenté devant les élus de l'APW, le directeur du CTC a fait état de 1789 demandes d'expertises effectuées depuis la forte secousse tellurique de jeudi à travers la ville de Béjaïa et plusieurs communes de la wilaya. Sur les 1 789 demandes, 228 concernent des établissements scolaires, 63 blocs universitaires, 46 infrastructures sanitaires, 46 de la formation professionnelle, 19 de santé et 798 logements individuels. Dans son intervention, le directeur du CTC a fait savoir que «l'ensemble des demandes d'expertise enregistrées au 23 mars dernier ont été effectuées». Une déclaration qui a été démentie par plusieurs témoignages de personnes dont les habitations ont été touchées. «Contrairement à sa déclaration, des citoyens attendent depuis cinq jours le passage des équipes techniques pour procéder à l'expertise des locaux ou habitations dans plusieurs quartiers notamment l'ancienne ville de Béjaïa», ont témoigné certains élus. Intervenant dans les débats, des élus de l'APW n'ont pas manqué de déplorer la lenteur et la cacophonie constatées dans l'organisation des secours et la prise en charge des familles en détresse. «Même si fort heureusement, aucune perte en vie humaine n'est à déplorer, d'importants dégâts matériels sont enregistrés et la population a été fortement impactée psychologiquement. Il aurait fallu décréter le plan Orsec pour une meilleure organisation des secours. Une maison fragilisée par une secousse majeure reste sous la menace d'un effondrement avec les répliques. On peut toujours envisager des solutions provisoires à travers tout au moins l'hébergement des familles. À l'instar de ses camarades intervenants, il a pointé du doigt la mauvaise gestion par le passé des différents programmes de développement inscrits à l'indicatif de la wilaya. «Pour cause de retard dans l'exécution des différents programmes de réalisation et la prise en charge de décisions irréfléchies, on est en train de payer cette mauvaise gestion», a souligné l'élu tout en citant l'exemple des 16 000 logements de Oued Ghir, construits sans prévoir la réalisation d'une step. Des élus regrettent que lors du dernier Conseil des ministres «le séisme de Béjaïa soit passé sous silence». Dans ses réponses, Ahmed Maâbed a fait savoir qu'un état des lieux des conséquences du séisme est établi et des mesures concrètes pour la prise en charge des personnes affectées sont également envisagées. «Il y a des dégâts matériels qu'on est en train de traiter. On n'est pas dépassé par la situation», a assuré le wali de Béjaïa, tout en annonçant la visite pour la journée de ce jeudi dans la wilaya des ministres de l'Habitat, de l'Hydraulique et de l'Energie. Dans une résolution adoptée au terme des travaux de leur session, les élus de l'APW ont réclamé urgemment le classement comme zone sinistrée les localités impactées afin de «ne pas rééditer l'amère expérience de la gestion plus que chaotique, des différentes catastrophes qu'a connues la wilaya, notamment le séisme de Béni Maouche le 10 novembre 2000». «Le déclenchement immédiat des plans orsec, l'hébergement sans plus attendre des familles sinistrées, prendre en charge le problème récurrent du vieux bâti, ainsi que l'éradication de l'habitat précaire» sont les doléances exprimées lors de cette session laissée ouverte aux autorités concernées avec «la mise en place d'un plan d'urgence». A. Kersani