L'accalmie qui a régné depuis plusieurs mois au sein du vieux parti n'était en fait que de façade puisque la crise persiste et risque de perturber la gestion de la période pré-électorale. Des membres du bureau politique (BP) mènent un mouvement de redressement et dénoncent la gestion financière et administrative de l'actuel SG. Ils vont plus loin en annonçant leur intention de porter l'affaire concernant la dilapidation de deniers publics devant la justice. Le conflit qui oppose des hauts dirigeants du FLN au SG intérimaire Abou Al Fadhl Baâdji ne cesse de prendre de l'ampleur, surtout que ce dernier a ciblé directement ce vendredi trois grosses pointures du parti en décidant de les écarter du BP et geler leur activité. Il s'agit de Alioui Mohamed, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens, du sénateur Ahmed Bennai et de l'ancien ministre Mahmoud Khoudri, militant depuis 1968 et membre du comité central depuis 1989. À l'origine du désaccord avec les ténors de l'ex-parti unique, leur demande d'une réunion urgente du comité central, et l'installation de la commission de préparation pour le 11e congrès. La décision d'Abou Al Fadhl Baâdji de geler la qualité de membre du BP à l'ancien ministre et au sénateur Ahmed Bennai a été faite sur la page Facebook du parti, sans l'évocation de la moindre explication. Pour cela, et selon Mahmoud Mohamed Khoudri, cette décision « est illégale et n'a aucun fondement statutaire, puisque nous n'étions ni sanctionnés pour des fautes politiques graves ni écoutés par le conseil de discipline comme le stipulent les dispositifs du règlement intérieur ». Dans sa déclaration au Soir d'Algérie, Mahmoud Khoudri a précisé : « Il n'a jamais été dans les traditions du FLN que celui qui occupe le poste de SG se présente comme candidat aux élections législatives. Or, l'actuel occupant du poste ambitionne de le faire pour des considérations financières .» Pour Khoudri, les erreurs dans la gestion administrative du parti sont énormes. «Comment expliquer qu'à quelques mois seulement d'un rendez-vous électoral d'une grande importance, le SG et le responsable de l'organique ont ouvert un grand chantier sur le plan des instances ? » s'est-il interrogé. Il s'agit de changements des mouhafedhs et des responsables des kasmates selon l'ancien ministre qui poursuivra : « La désignation des responsables à tous les niveaux doit obéir aux urnes, et l'improvisation des comités transitoires ne peut que provoquer l'instabilité du parti en cette période délicate.» À cet effet, notre interlocuteur estime que Baâdji Abou al Fadhl « ne possède plus les prorogatives pour son éviction ou le gel de sa qualité de membre du BP ». Il insistera pour dire : «Je demande une réunion du CC et son arbitrage dans le litige qui nous lie .» Il ira plus loin avec son groupe de contestataires pour dire :« Nous allons participer à la campagne électorale en soutenant les militants du FLN, qu'ils soient présentés sous la bannière du parti ou dans des listes libres ». Et de poursuivre : « Au cas où nous trouverons des noms d'intrus ou de personnes ayant une relation avec l'argent sale sur les listes du FLN, nous allons, non seulement dénoncer ces listes, mais nous prendrons à témoin l'opinion public et la presse .» Khoudri saisira cette tribune pour lancer des appels au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, « afin d'insister sur le strict respect de l'application de la loi organique relative aux partis politiques et associations sur le FLN », ainsi qu'aux « commissaires et contrôleurs publics à travers le Trésor public, les banques et les bureaux de poste, pour faire attention aux transactions financières du parti, en insistant sur le fait que Baâdji Abou Al Fadhl se trouve dans une situation illégale depuis le 30 novembre 2020, date de l'expiration de son mandat ». Ilhem Tir