C'était contre toute attente que le Premier ministre français, Jean Castex, annonçait, jeudi dans la soirée, « le report » de la visite qu'il devait effectuer aujourd'hui, dimanche, à Alger. Un « report » d'autant plus surprenant qu'il s'agit du second du genre et de suite, d'une visite officielle entrant dans le cadre de rencontres cycliques de haut niveau, convenues depuis 2012 entre les deux pays. Ce qui, d'emblée, fait voler en éclats l'argument sanitaire avancé par la partie française pour justifier cette défection. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - En fait, à Alger, on affirme que c'est la partie algérienne qui avait demandé ce report. Et pour cause, « il est loisible de relever que le Premier ministre français a sous-évalué l'importance de la rencontre », à savoir le cinquième comité intergouvernemental de haut niveau qui devait avoir lieu aujourd'hui à Alger. Ce comité, pour rappel, avait été institué à la demande de l'ancien Président français François Hollande. Coprésidé par les Premiers ministres des deux pays, il est composé, à chaque fois, d'au moins une dizaine de ministres de chaque côté et ce, en raison de l'importance, en nombre et en enjeux, des dossiers à traiter, comme cela a d'ailleurs été toujours le cas entre Alger et Paris. La densité et la complexité des relations algéro-françaises, allant des questions liées à l'histoire et la mémoire, aux dossiers politiques, en passant par les relations économiques, commerciales, culturelles, scientifiques, et humaines. Or, le Premier ministre français, qui avait commis une première indélicatesse en décidant de réduire son séjour à Alger à seulement une journée au lieu des deux initialement convenues, finira par irriter Alger en ramenant la délégation qui devait l'y accompagner à deux seuls ministres de son gouvernement. Une attitude peu diplomatique qui renseigne, en tout cas, sur le peu d'intérêt qu'accorde Castex à cette rencontre. Selon des indiscrétions, « les autorités algériennes savent en réalité, depuis quelque temps déjà, que Matignon et l'Elysée ne sont pas sur la même longueur d'ondes, sur ce dossier précis des relations algéro-françaises ». Il est effectivement paradoxal qu'un Premier ministre français reporte à deux reprises, en décembre 2020 d'abord et ce début avril, ensuite, une visite si importante pour les relations entre les deux pays, au moment où, entre-temps, le Président Macron multipliait, lui, les gestes de bonne volonté à l'endroit de l'Algérie. Des gestes soulignés d'ailleurs par le Président Tebboune en personne qui, à l'occasion de sa dernière sortie médiatique, n'a pas manqué de rappeler, en outre, les bonnes relations qu'il entretient avec son homologue français. Cependant que, nuancera-t-il encore, toute la bonne volonté de Macron pourrait ne pas suffire face à la toute-puissance du lobby anti-algérien en France, qui freine, de toutes ses forces, toutes les tentatives de normalisation des relations entre les deux pays. K. A.