C'est un rapport de la Banque mondiale datant de mercredi dernier qui le dit : sept pays, dont l'Algérie, sont responsables des 2/3 du volume mondial de gaz torchés. Le torchage consiste à brûler des rejets de gaz fossile, à l'aide de torchères, à différentes étapes de l'exploitation du pétrole et du gaz naturel, une pratique qui se traduit par l'émission d'une panoplie de polluants dans l'atmosphère, y compris du dioxyde de carbone, du méthane et du noir de carbone (suie). L'Algérie a beau éprouver des difficultés de production de pétrole depuis quelque temps, mais il n'en demeure pas moins que, selon le Global Gas Flaring Tracker 2020 (Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés) de la Banque mondiale, le suivi mondial du torchage du gaz relève que le niveau d'émission de polluants a toujours de quoi alerter. Si l'on doit se fier aux nouvelles estimations reposant sur des données satellitaires recueillies par le Global Gas Flaring Tracker (GGFR) de la Banque mondiale, l'année 2020 a été sans précédent ; la production pétrolière ayant décliné de 8% alors que le volume mondial de gaz torchés baissait de 5%. En volume, la production de pétrole est passée de 82 millions de barils par jour en 2019 à 76 millions en 2020, tandis que la production mondiale de gaz torchés régressait de 150 milliards de mètres cubes en 2019 à 142 milliards en 2020, selon les données satellitaires du GGFR qui, il faut l'expliquer, est un fonds fiduciaire administré par la Banque mondiale qui rassemble des Etats, des compagnies pétrolières et des institutions internationales dans l'objectif de mettre fin au torchage systématique du gaz sur les sites de production pétrolière partout dans le monde. Pour les rédacteurs du rapport du GGFR pour la Banque mondiale, le volume de gaz brûlés à travers le monde reste suffisant pour alimenter l'Afrique subsaharienne en électricité. Les Etats-Unis sont responsables de 70% de cette baisse, le brûlage à la torche du gaz y ayant diminué de 32% entre 2019 et 2020 sous l'effet d'un recul de 8% de la production pétrolière combiné à l'établissement de nouvelles infrastructures utilisant du gaz qui serait autrement torché. Selon des données satellitaires recueillies en 2020, la Russie, l'Iraq, l'Iran, les Etats-Unis, l'Algérie, le Venezuela et le Nigeria continuent d'occuper la tête du classement des pays émetteurs de gaz torchés pour la neuvième année consécutive depuis le lancement du premier satellite en 2012. En effet, précise le rapport, ces sept pays représentent 40% de la production annuelle de pétrole à travers le monde, mais sont responsables de près des deux tiers du volume mondial de gaz torchés (65%). «Cette tendance est indicative des différents défis auxquels ils sont confrontés à l'heure actuelle. Par exemple, les Etats-Unis comptent des milliers de sites de torchage qu'ils ont de la peine à relier aux marchés, tandis que quelques champs pétrolifères exploitant de grandes torchères en Sibérie de l'Est (Fédération de Russie) sont extrêmement enclavés et manquent d'infrastructures pour recueillir et évacuer les gaz générés», est-il affirmé dans le rapport rendu public mercredi dernier par la Banque mondiale qui explique que la pratique du brûlage du gaz naturel sur les sites de production pétrolière est le résultat d'une diversité de contraintes liées aux marchés et aux difficultés économiques, mais aussi à l'absence de réglementations appropriées et de volonté politique. Elle (la pratique du brûlage du gaz naturel) se traduit par l'émission d'une panoplie de polluants dans l'atmosphère, y compris du dioxyde de carbone, du méthane et du noir de carbone (suie), poursuivent les rédacteurs du rapport 2020. «Les émissions de méthane issues du torchage contribuent substantiellement au réchauffement de la planète à court et à moyen terme, parce que les effets de ce gaz sont au moins 80 fois plus puissants que ceux du dioxyde de carbone sur un horizon de 20 ans», est-il encore affirmé par le GGFR. «Les pays en développement tributaires du pétrole se ressentent de la pandémie de Covid-19, compte tenu des pressions que celle-ci exerce sur leurs recettes et leurs budgets. Cependant, le torchage générant toujours plus de 400 millions de tonnes d'équivalents d'émissions de dioxyde de carbone chaque année, le moment est venu d'agir. Nous devons poursuivre la mise en œuvre de programmes visant à réduire considérablement les émissions directes issues du secteur pétrolier et gazier, notamment du torchage », a confié Demetrios Papathanasiou, directeur au pôle énergie et industries extractives de la Banque mondiale. Pour sa part, Zubin Bamji, le responsable du GGFR, estime que «plus que jamais auparavant, le brûlage des gaz à la torche apparaît comme un grave problème pour le climat et la gestion des ressources. Près de 80 pays et compagnies pétrolières se sont engagés à ne pas recourir au torchage de routine pendant la décennie à venir, et certains ont également rejoint notre partenariat mondial, ce qui constitue une évolution très positive. Les projets de réduction du torchage exigent des investissements substantiels, mais donnent des résultats après plusieurs années. À l'approche de la prochaine Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique à Glasgow, nous continuons d'inviter les dirigeants des pays producteurs de pétrole et des compagnies pétrolières à mettre la réduction des gaz torchés au centre de leurs plans d'action pour le climat. Pour préserver la planète de millions de tonnes d'émissions chaque année, il est temps de mettre fin à cette pratique vieille de 160 ans». En 2020, selon le relevé satellitaire du GGFR, l'Algérie a été le 5e pays à user du torchage dans son industrie pétro-gazière avec un volume de 9,32 milliards de mètres cubes, soit 0,02 de moins qu'en 2019 lorsque le volume atteignait 9,34 milliards de mètres cubes. En 2018, le volume était de 9,01 milliards de mètres cubes alors que l'année d'avant, soit en 2017, il était de 8,8 milliards de mètres cubes. Des volumes qui valent à l'Algérie de tenir le 5e rang des utilisateurs du torchage, juste derrière les Etats-Unis, avec un volume de 11,81 milliards de mètres cubes en 2020, l'Iran avec 13,26 milliards de mètres cubes, l'Irak avec ses 17,37 milliards de mètres cubes, et le chef de file russe avec ses 24,88 milliards de mètres cubes. Des volumes qui pourraient permettre d'alimenter en électricité des parties entières de pays qui en sont dépourvus. En tous les cas, Le GGFR de la Banque mondiale travaille en étroite collaboration avec les gouvernements et les sociétés pétrolières pour aider à évaluer les technologies, élaborer des politiques pour espérer mettre fin au torchage d'ici 2030. Azedine Maktour