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Entretien
ASMAHANE MEDJDOUB, PR�SIDENTE DU COMIT� DE SOUTIEN POUR LA CANDIDATURE DE DE VILLEPIN : �On ne veut de la diversit� que pour remplir les urnes�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 09 - 2010

�Asmahane Medjdoub, franco-alg�rienne � la t�te du comit� de soutien � Dominique de Villepin� : c�est l�info rapport�e par notre confr�re El Watan du 25 ao�t. La pr�sentation de celle, selon cet article, �� qui est revenu l�honneur et le prestige de diriger le comit� de soutien � la candidature� a aiguis� fortement notre curiosit�.
La jeune Franco-Alg�rienne de 34 ans y explique en effet que son engagement aupr�s de l�ancien Premier ministre de Chirac �traduit parfaitement sa double appartenance et son souci de servir la France et l�Alg�rie�. C�est bien rare qu�une personne impliqu�e officiellement dans un dispositif de pr�paration �lectorale franco-fran�aise s�affiche aussi clairement pour servir, comme elle le dit, �autant son pays d�adoption que son pays d�origine�. Un pied-de-nez � tous ceux qui effacent d�un trait leur origine et c�est bien cela qui nous a interpell� et amen� � vouloir la rencontrer. Et l�, elle nous annonce l�inimaginable et nous donne des informations des plus �tranges. Le groupe de parole du comit� de soutien pour Dominique de Villepin, valid� par R�publique Solidaire, a �t� purement et simplement supprim� le jour m�me de la publication de l�article d�El Watan. Ce m�me jour d�ailleurs, R�publique Solidaire a cr�� deux groupes de parole, l�un �groupe Maroc� et l�autre groupe �musulmans pour la France�. Elle nous explique tout cela dans l�entretien ci-dessous. Et comme tout au long de cet entretien elle a nomm�ment cit� Mme Brigitte Girardin, ancienne ministre de l�Outre-Mer et pr�sentement secr�taire g�n�rale de R�publique Solidaire de Dominique de Villepin et qu�elle consid�re celle-ci comme �tant � l�origine de la suppression de son groupe de parole, nous avons, par souci d�objectivit�, demand� � la secr�taire g�n�rale de nous donner sa version des faits, ce qu�elle a bien voulu faire (voir encadr� ci-contre)
Entretien r�alis� par Khedidja Baba-Ahmed
Le Soir d�Alg�rie : Vous nous avez dit au t�l�phone que le groupe de parole pour le comit� de soutien pour la candidature de Dominique de Villepin dont vous assuriez la pr�sidence a �t� supprim�. Quand ? Par qui ? Et surtout, pour quelles raisons ?
Asmahane Medjdoub : Au lendemain de la parution de l�article d� El Watan qui parlait du comit� de soutien que je pr�sidais, j�ai re�u un coup de fil de la secr�taire g�n�rale de R�publique Solidaire, Mme Brigitte Girardin, qui m�a parl� sur un ton que je qualifierai de �voyou�, me sommant textuellement �d�arr�ter mes conneries�. Le m�me jour, un comit� Maroc a �t� cr�� et un autre comit� appel� �Musulmans pour la France� a aussi �t� mis en place. C�est quoi �tre �musulmans pour la France�, est-ce que cela veut dire qu�il y a des musulmans qui seraient contre la France ?
Mais lorsque Mme Girardin vous demande �d�arr�ter vos conneries�, elle parle de quoi, de quelles fautes que vous auriez commises ?
Lorsque je lui demande de baisser le ton et de m�expliquer ce qui m�est reproch�, elle m�a �voqu� le comit� de soutien que j�avais cr�� et reproch� d�avoir utilis� son fichier. Ce que je d�mens formellement. A la suite de quoi, elle me r�torque : �De toutes les fa�ons, vous n�avez pas le droit d�utiliser le nom de Dominique de Villepin et vous n�avez pas non plus le droit de cr�er un comit� de soutien.� Le nom de Dominique de Villepin serait-il devenu une marque d�pos�e ? Un produit ? De plus, lorsqu�elle me dit que je n�avais pas le droit de cr�er un comit� de soutien, elle d�clare cela bien tardivement dans la mesure o�, d�s le 16 ao�t, M. de Villepin a �t� rendu destinataire de tr�s nombreux courriers �lectroniques au nom de ce comit� de soutien, courriels dans lesquels d�ailleurs nous y joignons des r�flexions et des contributions de membres du comit� de soutien. (En appui de ses dires, notre interlocutrice nous remet alors des copies de plusieurs envois par internet, dat�s des 15, 16 et 25 ao�t, de courriers du comit� de soutien adress�s effectivement � M. de Villepin).
La suppression de votre groupe de parole a pris quelle forme, on vous l�a signifi�e par �crit ?
Pr�cis�ment, cette suppression n�a pris aucune forme �crite. Lorsque j�ai demand� � Mme Girardin de me signifier ses griefs par �crit, sa r�ponse a �t� : �Non, on va r�gler cela par t�l�phone. � Naturellement, elle a pris soin de ne laisser aucune trace, sauf qu�imm�diatement, le groupe de parole a �t� ferm�.
Quelle a �t� votre r�action et avez-vous rencontr� M. de Villepin pour lui demander pourquoi votre groupe de parole a �t� supprim� ?
Est-ce � moi � demander � le rencontrer ? Nous sommes un comit� de soutien et c�est plut�t lui qui a besoin de nous, de la force de frappe que nous repr�sentons et qui est constitu�e de pr�s de 500 citoyens. Il faut que je vous dise aussi que le lendemain de l�article d� El watan, j�ai re�u de nombreux coups de fil de menaces venant d�abord de Mme Girardin, puis de son entourage de R�publique Solidaire, mais �videmment aucun �crit et toujours au t�l�phone, ainsi �a ne laisse pas de petits cailloux.
Et avant ces faits, il vous arrivait de rencontrer directement de Villepin ?
Au moins 2 � 3 fois par semaine. Il y a eu des �changes directs entre nous et j�ai m�me eu � parler avec lui de l�Alg�rie lorsque je me suis aper�u qu�il ne parlait que du Maroc. Pour exemple, je lui ai dit un jour, qu�en tant qu�Alg�rienne d�origine, je consid�re que tant que la lumi�re n�a pas �t� faite sur le dossier des Alg�riens jet�s dans la Seine, je ne serai pas tranquille.
Et quelle a �t� sa r�ponse ?
Oui, mais il faudrait avant cela d�abord se rapprocher de l�Alg�rie, a �t� sa r�ponse.
Pour notre propre compr�hension et celle de tous nos lecteurs, pourriez-vous nous retracer bri�vement votre parcours, celui qui vous a men� jusqu�� Dominique de Villepin ?
En novembre 2009, suite � l�avalanche de scandales de la Sarkozye, je me suis rapproch�e du Club Villepin et me suis investie � temps complet en tant qu�assistante de direction b�n�vole. Dominique de Villepin me semblait alors le meilleur candidat potentiel � la magistrature supr�me, et pour concr�tiser mon engagement sur le terrain j�ai rejoint Mme Girardin aupr�s de qui j�ai eu � assurer la gestion de l�agenda et le courrier de M. de Villepin, la gestion des communiqu�s de presse et l�organisation d��v�nements.
Etiez-vous dans l�organisation de la rencontre du 2 juin de De Villepin avec la banlieue � Mantes-la-Jolie qui avait drain� beaucoup de personnes de la population immigr�e ?
Tous les �v�nements qui ont eu lieu depuis la fin 2009, j�y �tais pleinement impliqu�e, qu�il s�agisse du Salon de l�agriculture, de sa rencontre avec la banlieue ou de celle du 19 juin qui a vu le lancement de R�publique Solidaire et qui a drain�, de par le travail de mobilisation intense que j�ai fait aupr�s des Fran�ais de la diversit�, une participation importante de cette population � ce meeting et des adh�sions tout aussi importantes.
Et le comit� de soutien dans tout cela, quand l�avez vous cr�� et pourquoi avez-vous �prouv� le besoin de le lancer ?
L�initiative est n�e en ao�t 2010 � la suite de nombreuses dol�ances venues des adh�rents du Club Villepin qui ne s�expliquaient pas la confirmation par de Villepin de la poursuite de son adh�sion � l�UMP. Il nous fallait expliquer et apporter une alternative aux nombreux citoyens qui soutiennent l�homme et qui n��taient pas tr�s convaincus des explications apport�es par R�publique Solidaire.
De Villepin confirme la poursuite de son adh�sion � l�UMP, mais vous continuez donc � le soutenir, vous qui dites vous �tre engag�e contre les d�rives du parti au pouvoir, l�UMP�
Je vous dis encore une fois que j�ai cr�� ce comit� pour soutenir l�homme Villepin pour ce qu�il repr�sentait en terme de rupture. Je ne pouvais qu�adh�rer aux id�es de l�homme qui a farouchement d�fendu le refus d�intervention de la France en Irak. Dans son intervention du 19 juin, il avait parl� de l�Alg�rie et en avait encore parl� dans une �mission de Fr�d�ric Tadde (Ce soir ou jamais) au cours de laquelle il a �voqu� l�Alg�rie et ces pays que l�on colonise. Mon engagement, pr�cis�ment, et la cr�ation du comit� de soutien se fondent sur cette image de l�homme et pour moi, adh�rer � ces id�es, les d�fendre et entra�ner avec moi des centaines de personnes issues notamment de la diversit�, mais pas seulement, pouvait se poursuivre mais dans un cadre totalement hors clivage politique. La r�ponse apport�e par R�publique Solidaire, suite � la d�cision de Dominique de Villepin de demeurer au sein de l�UMP, n�ayant malheureusement pas pu conforter tous les citoyens partisans de Dominique de Villepin qui s�interrogeaient sur R�publique Solidaire, nous avons d�cid� de la cr�ation de ce comit� de soutien pour faire porter sa candidature et apporter une alternative aux nombreux citoyens qui le soutiennent. Ce comit� de soutien a �t� cr�� conform�ment � l�esprit et � la lettre de la Constitution et de son amendement de 1962 sur l��lection du pr�sident au suffrage universel. Il s�agit bien de la rencontre entre un homme ou une femme et le peuple, autour d�un projet.
On vient de supprimer votre groupe de parole et on vous d�nie maintenant le droit de cr�er un comit� de soutien, comment expliquez-vous ces mesures ? En fait, quelle en est votre lecture ?
A partir du moment o� vous n��tes pas �une suiveuse�, et je ne le suis pas, et que vous prenez des initiatives, que vous montrez un peu trop votre t�te et que par ailleurs vous travaillez et r�ussissez � drainer avec vous beaucoup de monde, alors l� on vous le reproche, et c�est fini ! Il n�est pas fortuit d�ailleurs, qu�au lendemain de la parution de l�article d� El Watan dans lequel je proclamais que j��tais � 100 % alg�rienne et � 100 % fran�aise, le groupe de parole a �t� ferm� et le tout en catimini. On nous a d�ailleurs demand� (toujours au t�l�phone) de ne nous rassembler que 6 mois avant les �lections, c�est proprement scandaleux et l�, on voit bien que de la diversit� on en veut simplement pour remplir les urnes. Cela veut dire que chaque citoyen est un bulletin de vote. On sert encore de chair � canon, on est une monnaie d��change, on ne fait pas, comme il a �t� dit, �la politique autrement�. Selon moi, on est en train, en 2010, de reproduire tous les mod�les auxquels on a eu droit depuis la 5e R�publique.
Et maintenant, qu�allez-vous faire ?
Effacer � jamais cette �tiquette de villepeniste parce qu�elle ne correspond plus � ma vision de la politique, aux valeurs qui m�ont �t� inculqu�es par ma famille. Par mon engagement, j�ai fait na�tre beaucoup d�espoir (pr�s de 500 personnes ont rejoint le comit� de soutien), je ne peux donc en rester l� et les abandonner. Je dirai, tr�s prochainement dans un communiqu� et une conf�rence de presse, ce que nous envisageons, tous les membres du comit� de soutien et moi-m�me, ce que nous envisageons de faire.
K. B.-A.
Mme Girardin, secr�taire g�n�rale de R�publique Solidaire, donne sa version des faits
Lorsque nous avons pu la joindre au t�l�phone et lui avons demand� de nous dire pourquoi le groupe de parole anim� par Asmahane Medjdoub a �t� ferm� et pourquoi elle s�est �lev�e contre la cr�ation du comit� de soutien � Villepin, elle a commenc� par nous dire qu�elle aurait souhait� ne pas entrer dans ce type de pol�miques totalement st�riles. Pouss�e � nous fournir tout de m�me sa version des faits, elle nous assure que c�est au lendemain de la publication de l�article d� El Watan qu�elle-m�me et tous les membres de R�publique Solidaire ont d�couvert avec grand �tonnement l�existence de ce comit� de soutien. C�est une initiative totalement isol�e et surr�aliste, nous dit-elle. A supposer qu�Asmahan Medjdoub n�ait inform� personne de la cr�ation de ce comit� (voir cependant plus haut, la copie des courriers qui nous ont �t� montr�s et remis et qui consistent en e-mails adress�s � D. de Villepin d�s le 15 ao�t) pourquoi, lui avons-nous demand�, elle consid�re que ce comit� de soutien n�a rien � voir avec de Villepin ? Mais parce que, nous dit-elle, �d�abord nous ne sommes pas en p�riode �lectorale et que pour l�instant Dominique de Villepin ne s�est pas prononc� sur sa candidature pour 2012, cette op�ration n�a donc aucun sens�. Et la secr�taire g�n�rale d�ajouter : �Au lieu de cr�er un comit� de soutien qui ne peut avoir aucune raison d��tre, pourquoi Asmahane n�a pas rejoint R�publique Solidaire ? Or, dit-elle encore, trois mois apr�s qu�Asmahane nous ait quitt�s pour un travail ailleurs, l�on apprend l�existence de ce comit�.� Quant � la suppression du groupe de parole, Mme Girardin nous affirme qu�il n�y a eu aucune fermeture �elle n�avait plus acc�s au code d�acc�s � la base de gestion et �a, c�est un peu normal, elle nous quittait pour retrouver un travail ailleurs�. Comment se faitil alors qu�Asmahane affirme que le jour m�me de la fermeture de son groupe de parole, vous en avez ouvert deux autres dont un groupe �musulmans pour la France� et un autre groupe Maroc ? Absolument pas, s��crie-telle : �Moi qui ai travaill� � faire que la diversit� soit une r�alit� et qu�elle soit effectivement repr�sent�e, je ne peux admettre aucune remarque de ce type. D�abord aucun comit� de soutien n�a �t� cr�� par nous pour les raisons que je vous ai �voqu�es et ensuite nous avons cr�� 17 groupes de travail et de r�flexion dont certains sont dirig�s, d�une mani�re tout � fait fortuite d�ailleurs, par autant d�Alg�riens d�origine que de Marocains d�origine, parce que lorsque quelqu�un nous rejoint, je ne lui demande jamais quelle est son origine.� Pour nous en convaincre, elle nous invite � visiter le site de R�publique Solidaire o� tout ce qu�elle annonce, nous dit-elle, est contr�lable. Enfin, pour conclure, Mme Girardin consid�re que �toute cette op�ration est pilot�e d�on ne sait o� et par on ne sait qui et nous traitons cette pol�mique par l�indiff�rence �. Cette derni�re remarque nous indique que cette affaire est loin d�avoir livr� tous ses secrets.


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