Chirac a réaffirmé son choix de manière “franche” à son homologue algérien lors de leur dernière rencontre à Paris, la semaine dernière. Principal point d'achoppement dans les relations algéro-marocaines, l'affaire du Sahara occidental pose également problème dans les rapports entre la France et l'Algérie. Partisane d'une annexion pure et simple de l'ex-province espagnole au Maroc, Paris procure à Alger beaucoup de désagréments sur cette question, si bien que le renforcement du partenariat déclamé de part et d'autre se trouve compromis par la persistance de cette divergence fondamentale. En visite d'état de trois jours au royaume alaouite, le président français, Jacques Chirac, a affirmé, lors d'une rencontre avec la presse, jeudi, qu'“à la prochaine réunion du Conseil de sécurité, la France soutiendra la position du Maroc”. Faisant valoir ce choix intangible, l'hôte de Fès a clairement affiché sa préférence : “Je l'ai dit très franchement au président algérien Bouteflika.” Comme pour lever le doute sur un probable changement de cap qu'il aurait entrepris sur la base d'une plus grande coopération avec Alger, il a assuré qu'il s'est toujours fait l'écho de ce soutien auprès de son homologue algérien, notamment lors de leur dernière rencontre à Paris, le 3 octobre dernier. Les nombreux commentaires de la presse publiés à cette occasion avaient indiqué que le Président algérien est rentré bredouille de sa visite dans la capitale française. D'aucuns l'ont soupçonné d'avoir fait ce énième voyage pour obtenir l'appui du palais de l'Elysée quant à sa candidature pour un second mandat. Manifestement, si Paris a souhaité rester en marge de la bataille intra-muros pour la présidentielle, elle a, sur un tout autre chapitre, celui du Sahara occidental, fait sienne la détermination de Rabat à instaurer sa souveraineté définitive sur ce territoire. À Fès, le chef de l'Etat français a lié cette solidarité à “plusieurs raisons”. Sans les expliciter, Chirac s'est contenté de louer “l'amitié intangible, indéfectible” entre les deux pays. À ce propos, il est important de signaler que ces derniers ont signé en 2002 un accord de partenariat stratégique. Quand il est venu à Alger, en mars dernier, le locataire du palais de l'Elysée avait pourtant présagé d'un pacte similaire avec notre pays. Exaltant le renforcement des relations entre les deux pays, il s'est présenté comme l'instigateur d'une “nouvelle alliance algéro-française”. Dans un discours devant les deux Chambres du Parlement réunies, le maître de l'Hexagone avait promis d'être l'avocat de l'Algérie auprès des institutions financières internationales. Il est allé jusqu'à se faire l'écho d'un “traité d'amitié”, le second dans l'histoire de la France d'après-guerre, après celui qui avait consacré l'amitié franco-allemande. Malheureusement, de toutes ces résolutions, aucune ne semble avoir d'impact. En revanche, l'activisme de Paris en faveur du Maroc se matérialise à travers des positions franches, comme pour l'affaire du Sahara occidental ou son entrée dans l'Union européenne. Sur ce dernier point, il faut savoir que la France milite pour que le Maroc obtienne un “statut avancé” au sein de l'UE qui lui accorderait moins qu'une adhésion mais plus que l'association. Pour cela, Paris encourage le royaume à persévérer dans ses réformes. “Il est naturel que la France soit à ses côtés, le soutienne et l'encourage à poursuivre dans la voie qu'il a choisie”, a soutenu Chirac dans une interview à l'Agence marocaine de presse (MAP). Sur le volet sécuritaire, il a fait remarquer que le Maroc prend “toute sa part dans la lutte sans merci contre le terrorisme”. À ce propos, l'hôte du royaume a ajouté que “la lutte contre le terrorisme, c'est aussi rendre leur dignité aux hommes et aux femmes plongés dans l'exclusion”. Sensible à cette grande préoccupation, Chirac a emmené dans ses valises au Maroc le ministre chargé de cette question, Dominique Versini. Ce dernier est natif de Rabat comme le chef de la diplomatie Dominique de Villepin, également du voyage. C'est dire que les liens entre la France et le Maroc sont très forts. S. L.