Le Conseil national interprofessionnel de la filière de la pomme de terre (CNIFPT) insiste sur l'organisation de la distribution. Selon son président, seule la mise en place de coopératives agricoles pourrait réguler la filière et stabiliser les prix du tubercule. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La pomme de terre qui a atteint durant le Ramadhan dernier, des prix exhorbitants pour atteindre parfois 140 dinars le kilogramme, continue à se faire désirer. Très prisée, surtout en frites, elle affiche, aujourd'hui, entre 65 et 70 dinars. Malgré une certaine baisse, ce prix rebute nombre de ménages dont le pouvoir d'achat a été considérablement affaibli depuis l'augmentation des prix de la quasi-totalité des produits de large consommation, il y a quelques mois. Pourtant, le président du Conseil national interprofessionnel de la filière de la pomme de terre (CNIFPT), Ahcène Guedmani, estime que les prix actuels du tubercule sont raisonnables. «Le prix de la pomme de terre a largement baissé. Il est de 35 et 40 dinars le kilo aux marchés de gros. La pomme de terre arrive aux consommateurs entre 50 et 60 dinars», précise-t-il. Il écarte ainsi toute possibilité de voir ces prix diminuer davantage. «C'est pratiquement impossible !», dit-il avec certitude. Selon lui, le coût de production du tubercule demeure élevé pour les agriculteurs. «L'hectare de pomme de terre revient entre 1 million et 1,2 million de dinars, soit entre 30 et 35 dinars le kilogramme», dit-il. Il évoque également la sècheresse qui a affecté les régions centre et ouest du pays, et qui a engendré une baisse du rendement de la production de ce produit de large consommation. Le président du CNIFPT souligne, en outre, le manque d'organisation qui caractérise la filière de la pomme de terre, notamment sa distribution. Une situation qui se répercute selon lui, sur son prix. «Il faut aller vers le système des coopératives agricoles pour éviter les différents intervenants et la spéculation, et permettre ainsi aux consommateurs d'accéder directement à ce produit à des prix plus au mois raisonnables», plaide-t-il. D'autant assure-t-il, que la production nationale ne fait pas défaut. «Nous produisons 50 millions de quintaux de pommes de terre par an», dit-il. Il fait remarquer à ce propos, que l'Algérie se distingue par la multitude des zones de production de ce produit : les zones de l'arrière-saison, les zones tardives et les zones précoces, contrairement à nombre de pays qui ne disposent que d'une seule saison. D'ailleurs poursuit-il, les plantations de la pomme de terre d'arrière-saison débuteront vers fin juin et début juillet prochain dans plusieurs régions des Hauts-Plateaux, notamment à Mila, Batna , El Bayadh et El-Oued. «Plus de 60% de la pomme de terre d'arrière-saison proviennent d'El-Oued», note-t-il. Quant à la production actuelle de saison, provenant de la majorité des wilayas telles que Mostaganem, Skikda, Boumerdès, Aïn Defla et Bouira, il précise qu'elle est destinée à non seulement couvrir les besoins du marché national, mais à renouveler les stocks à utiliser durant les périodes de soudure. Insistant sur l'organisation de la filière de la pomme de terre, Ahcène Guedmani cite également le volet de l'exportation et celui de la transformation. «Il faut établir des plans d'exportation avec les pays concernés et des contrats entre les producteurs de pomme de terre et les transformateurs», suggère-t-il. Ry. N.