Sans �tre des �v�nements remarquables, par la singularit� de l�int�r�t qu�ils peuvent susciter, ils constituent n�anmoins d�excellents rep�res � qui voudrait se pencher sur l��tat de l�Etat en majuscule. Le GPRA, n� en septembre 1958, et le Parlement, �lu pour la premi�re fois en septembre de l�ann�e 1963, offrent justement une double perspective destin�e � �valuer le pr�sent de nos institutions. Certes les contextes diff�rent, mais les constantes historiques, toujours pr�gnantes, se r�v�lent pesantes, voire bloquantes en termes d��mergence et de consolidation du droit, des libert�s et de l�alternance au pouvoir. Une constatation, outre qu�elle n�est pas � l�avantage de l�actuel r�gime, impute � celui-ci la r�gression dans tous ces domaines ainsi que la dilapidation du fameux contrat social esquiss� apr�s le 5 Octobre 1988. Retour, par cons�quent, sur deux �actualit�s� mineures mais, n�anmoins, significatives� Samedi 19 septembre. Mehri et quelques personnalit�s sont invit�s � une conf�rence consacr�e au 52e anniversaire de la cr�ation du GPRA. Dans la discr�tion d�une salle et � travers des �changes feutr�s et courtois, on s�essaya � r�habiliter la dimension historique de l��v�nement dont, d�ailleurs, l�ex-secr�taire g�n�ral du FLN n�h�sita pas � qualifier de �v�ritable date de naissance de l�Etat alg�rien�. L�exercice �tait, en soi, louable et, m�me de nos jours, ne provoque plus de pol�mique sur la g�n�alogie aupr�s des historiens sinon aupr�s du reliquat de l��tat-major de l�ALN des fronti�res, toujours en d�licatesse avec ce pass� et qui, au demeurant, a la bonne fortune de, toujours, exercer de hautes fonctions dans l�Alg�rie actuelle. Mardi 21 septembre. Le Parlement entame sa session d�automne. � l�ordre du jour, n��tait inscrite que l�adoption, sans d�bat, de 5 ordonnances. Dans la torpeur habituelle, la majorit� de cette chambre des d�put�s n�eut m�me pas la volont� de donner le change en critiquant le diktat persistant du gouvernement qui se passe de l�avis du l�gislateur et recourt, avec m�pris, � l�ordonnance. Un abus d�testable qu�aucune urgence ne justifie. Certes, quelques voix os�rent se plaindre de ce fait accompli, devenu la r�gle au lieu de demeurer l�exception. L�une d�elles, s�exprimant au nom du RCD, r�sumait d�ailleurs l�atmosph�re d�liquescente qui enveloppe l�institution. �En ignorant le r�le de l�Assembl�e, d�clarait- il, et en l�agressant avec cinq ordonnances d�s l�entame d�une session, le pouvoir r�affirme sa v�ritable nature. La majorit�, par son vote favorable, confirme la soumission et le r�le-alibi de l�institution parlementaire�. Des lamentations de plus qui ne d�douanent que leurs auteurs sans, pour autant, �pargner aux l�gislateurs les affres de la disqualification. Celle qui les exclut du dispositif r�el de l�Etat en les marginalisant par de telles proc�dures. C�est donc � partir d�une controverse au sujet de la gen�se de l�Etat moderne que l�on d�sire d�ailleurs clore paisiblement, � l�expression d�une inqui�tude dans les �lots minoritaires d�un Parlement, que l�Alg�rie de 2010 se voit rattrap�e par son parcours chaotique. Un Etat malmen�, tant dans son histoire qu�� travers ses gouvernances, poss�de-t-il encore les ressources morales et les ressorts de la probit� chez les �lites pour s�inventer enfin un avenir ? Car, bien plus que les divergences, sur le sens � donner � telle ou telle p�rip�tie de l�histoire, c�est bien le pr�sent qui importe. Or, c�est � partir d�une r�trospective de la praxis des pouvoirs que s��clairent des assembl�es du �peuple�. Car, enfin, qui se souvient qu�un jour, un gouvernement est tomb� � la suite d�une censure de la part d�un Parlement alg�rien ? Personne n�a en m�moire un tel fait d�armes des mandataires dans le pass� et a fortiori ceux qui si�gent actuellement. Et c�est bien l� le trait distinctif de l�institution l�gislative. Totalement inf�od�e � l�homme fort du moment, elle est devenue sa traditionnelle alli�e et m�me le �l�galisateur� � si l�on peut �crire ainsi � de toutes ses forfaitures. Malgr� le formalisme pluraliste octroy� par la Constitution de 1996, l�inclination est demeur�e intacte. Jamais un gouvernement ne fut recal� ou du moins ajourn� afin de revoir sa copie. Ainsi, la primaut� de l�ex�cutif sur le l�gislatif et le judiciaire n�a-t-elle pas �t� la cause centrale de l�autocratie r�publicaine qui n�a finalement pas chang� de Ben Bella � Bouteflika ? Tant il est vrai que la moindre vell�it� de contredire une proc�dure s��tant chaque fois sold�e par de violentes r�actions et �videmment la d�ch�ance. Les �lites politiques des premi�res ann�es de l�ind�pendance se souviennent d�ailleurs bien de ce qu�il advint du premier pr�sident d�un Parlement national et de certains d�put�s prestigieux r�fractaires aux injonctions d�un Za�m violent et orientalis� auquel ils oppos�rent un discours d�mocratique et �minemment moral. Ferhat Abbas, envoy� au goulag saharien d�Adrar, qualifiera cet �pisode odieux de �confiscation de l�ind�pendance� alors que A�t Ahmed choisira l�affrontement radical qui le m�nera dans les ge�les d�El-Harrach. Cong�nitalement, le pouvoir alg�rien porte cette tare de l�intol�rance que l�on d�c�le, � chaque succession, dans la r�surgence de l�omnipotence chez �l�h�ritier �. Historiquement, l�Etat lui-m�me, qui, parce qu�il fut tr�s t�t l�objet de guerres des clans, ne fut consid�r� que comme le butin de la victoire. Et de ce fait, il ne s��difia que sur la base d�int�r�ts id�ologiques et rentiers d�o� cette inaptitude � envisager les libert�s politiques et les institutions l�gitimes comme les deux seules b�quilles qui vaillent la peine. � l��poque, Ferhat Abbas, A�t Ahmed et bien d�autres moins embl�matiques s��taient �lev�s contre la d�rive totalitaire et la d�mon�tisation des objectifs de Novembre 1954 et Ao�t 1956. Ils furent rejoints bien plus tard par d�autres hommes politiques en rupture de compagnonnage sans que ces derniers aient pu peser significativement sur l�ordre des choses. L�Etat, immobile et p�trifi� tel que le voulurent les putschistes de l��t� 1962 et que consolid�rent les suivants le 19 juin 1965, semblait convenir au r�gne issu des �lections d�avril 1999. Celui-ci r�actualisa la brutalit� qu�initia Ben Bella en r�pudiant sans explication feu Bachir Bouma�za de la pr�sidence du S�nat en 2001 et en d�boulonnant du perchoir de l�APN, en 2004, Karim Youn�s au pr�texte qu�il diffus�t des opinions contraires � la doxa du FLN. Ainsi, depuis l��pique bataille autour d�une constituante fatale � Ferhat Abbas et A�t Ahmed jusqu�aux anecdotiques r�glements de comptes de l�actuel pr�sident, le Parlement alg�rien est demeur� une institution avorton juste bonne pour les basses �uvres. Le t�moignage implacable de la faillite du �mod�le� alg�rien.