De Tunis, Mohamed Kettou La situation est très grave. C'est ce qui revient sur les lèvres de tous les scientifiques en Tunisie. Le chef de l'Etat va dans le même sens. Voilà ce qui explique la tenue, en urgence ce lundi, d'une réunion regroupant les autorités sécuritaires, militaires et sanitaires en présence du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, à peine sorti du confinement. Avec des taux de contamination de 33% durant les deux dernières semaines et un nombre de décès dépassant la centaine, quotidiennement, la Tunisie a atteint le seuil intolérable d'une pandémie qui met à genoux le personnel médical. Celui-ci est confronté, aujourd'hui, à une situation incontrôlable de l'aveu même des praticiens exerçant dans les divers hôpitaux du pays, qui offrent un «spectacle» désolant. Lors de la réunion du ce lundi, le chef de l'Etat a réagi vigoureusement au «laxisme» qu'il a constaté au niveau de la gestion de la crise. Aussi, plusieurs nouvelles mesures ont été prises dans le but d'endiguer le fléau auquel aucune région du pays n'échappe. Il s'agit de faire intervenir l'armée d'une manière directe dans la gestion de la crise. Des comités sont créés, composés de scientifiques et de services de sécurité et placés sous une autorité militaire unique, le civil ayant prouvé ses limites, selon le Président. En outre, pour mieux cerner les foyers de la pandémie, il sera procédé à une répartition géographique sous forme de districts entre régions similaires en taux de contaminations. La réunion qui s'est poursuivie tard dans la nuit du lundi au mardi a décidé aussi de parer au déficit en personnels médical et paramédical, en faisant appel aux praticiens ayant obtenu leurs diplômes depuis trois ans pour s'enrôler dans le service civil. Il y a lieu, aussi, d'impliquer la diplomatie appelée à agir pour obtenir le maximum de vaccins. Les promesses internationales ne sont pas tenues et les vaccins se font rares. D'où la lenteur qui caractérise la campagne de vaccination. A ce jour, le nombre des personnes ayant été vaccinées est autour de 700 000. Ce nombre comparé au nombre de la population est, estime-t-on, infime. Selon un médecin membre du Comité de lutte contre la propagation du coronavirus, la situation est si grave que l'on pourrait enregistrer, prochainement, plus de 4 000 décès par mois. C'est, dit-on, une conséquence logique de l'anarchie que vivent les hôpitaux dans toutes les régions malgré les multiples appels à la vigilance et au respect des mesures barrières. Cependant, malgré une situation sanitaire «désastreuse», le Président Kaïs Saïed exclut le «recours à un confinement général, arguant que la situation économique et sociale du pays ne peut le supporter». Autant de mesures qui n'auront aucun effet positif tant que la nonchalance, la désinvolture et l'absence de l'esprit de responsabilité caractérisent le comportement quotidien du citoyen. M. K.