De Tunis, Mohamed Kettou Au bord des larmes, elle a décrit une situation «catastrophique» : occupation maximale des lits de réanimation, manque d'oxygène et personnels médical et paramédical dépassés. «Le système sanitaire s'est effondré». Cela sonne comme une sentence. Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé, mieux que quiconque, sait de quoi elle parle. Au bord des larmes, elle a décrit une situation «catastrophique» : occupation maximale des lits de réanimation, manque d'oxygène et personnels médical et paramédical dépassés. C'est un tableau devenu encore plus sombre depuis l'arrivée en Tunisie, en avril-mai derniers, du variant Alpha, suivi, récemment, du virus indien Delta dont la transmission est 60 à 70% plus rapide. Cela, a-t-elle dit, a plongé la Tunisie dans une situation dramatique qui a conduit à l'écroulement du système sanitaire. L'urgence, aujourd'hui, est de créer le maximum de lits pour assurer les soins à un plus grand nombre de patients attendus. Dans ce contexte, deux avions cargo ont atterri, jeudi à Tunis, transportant une aide qatarie. Il s'agit de deux cents lits de réanimation entièrement équipés et des quantités d'oxygène. De son côté, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a pris, jeudi, une nouvelle mesure qui consiste à interdire les déplacements entre les 24 gouvernorats (wilayas) que compte le pays. Cette interdiction restera en vigueur jusqu'au 31 juillet. Cependant, malgré les appels incessants au respect des mesures sanitaires, leur violation se poursuit. Violation du couvre-feu, pas de port de bavettes, irrespect de la distanciation. C'est le quotidien d'une population, par ailleurs souvent poussée à un tel comportement afin de travailler pour subvenir aux besoins des familles nécessiteuses nullement prises en charge par l'Etat. Pis, on relève, non sans regret, le comportement de certains responsables pour lesquels la santé du citoyen ne fait pas partie de leurs priorités. C'est le cas de la centrale syndicale qui tient son congrès extraordinaire dans une ville frappée de plein fouet par l'épidémie. En effet, malgré l'interdiction prononcée par un tribunal à Sousse, 600 congressistes s'y sont rendus, sur autorisation du ministre de la Santé, alors que la gouverneure avait décidé le bouclage de toute la région. En fait, l'Etat pouvait-il interdire un tel rassemblement, alors qu'il avait autorisé, auparavant, des manifestations organisées par des partis politiques tels que Ennahdha de Rached Ghannouchi ou le PDL de Abir Moussi ? Cependant, l'espoir de sortir de cette crise est toujours permis. D'importantes quantités de vaccin sont attendues pour les prochains jours, ce qui permettrait d'accélérer le rythme de vaccination afin de rompre la chaîne des contaminations. Celles-ci ont atteint de nouveaux records : 126 décès et près de 9 000 nouveaux cas testés positifs à un taux de 33%. De tels chiffres laissent perplexe le personnel médical, et les scientifiques prévoient une aggravation des contaminations à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Adha qui sera célébrée le 20 juillet. Les décisions du gouvernement pèseront-elles sur les us et coutumes ? M. K.