De Tunis, Mohamed Kettou La mauvaise gestion de la pandémie et la situation de crise épidémique hors contrôle ont eu raison de ministre déjà sur la sellette. Alors que la population célébrait la fête de l'Aïd, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, concoctait un plat amer qu'il servit au ministre de la Santé publique, Fawzi Mehdi. La raison est, selon Mechichi, l'accumulation des erreurs. Mauvaise gestion des affaires du ministère et surtout la décision d'organiser une journée «porte ouverte» de vaccination sans en informer le chef du gouvernement et les gouverneurs. Ainsi, la réaction a été immédiate et le ministre ne s'attendait pas à son limogeage en plein rebond épidémique et au moment où il était totalement engagé dans le processus de lutte contre la propagation du coronavirus. À vrai dire, c'était dans l'air puisque, deux jours plus tôt, Mechichi, qui cherchait à faire porter le chapeau à son ministre de la Santé en ce qui concerne la pénurie d'oxygène médical, avait, ouvertement, critiqué la manière dont était menée la gestion de la crise sanitaire y compris au niveau de la communication. C'était en présence du ministre concerné lequel, sans doute, avait compris le message qui lui était destiné. De plus, il avait du mal à assimiler la rapidité avec laquelle fut décidé son limogeage. À l'analyse, il aurait couru à sa propre perte. En effet, la veille de l'Aïd, il a offert l'occasion à Mechichi de s'en séparer et c'était la goutte qui fera déborder le vase. S'adressant à la population, Fawzi Mehdi l'a invitée, pour le lendemain et sans préparation préalable, à une vaccination massive sans tenir compte des critères retenus à ce jour dont l'âge des candidats. Ce fut un échec en raison de la ruée inattendue sur les 29 centres de vaccination pris d'assaut pour devenir, subitement, incapables de répondre à la demande. Les images illustrant cette ruée renvoyaient à celles d'une foule réunie devant un stade de football le jour d'un derby. Pis encore, certains centres ont été dévastés. À la vue du désordre enregistré, le risque était grand de voir se multiplier les contaminations qu'on cherchait à endiguer. Dans la quasi-totalité des centres, ont eu lieu des scènes indescriptibles. Des files d'attente interminables de candidats au vaccin s'étaient formées sous un soleil ardent qui a eu raison de leur patience. La précipitation avec laquelle a été prise la décision d'organiser deux journées portes ouvertes pour tous les citoyens âgés de plus de 18 ans n'a pas eu l'effet escompté. Au contraire, elle a abouti à un désastre et serait la cause de la multiplication des contaminations propagées parmi les milliers de personnes entassées sans respect des gestes barrières devant tous les centres. Tard dans la soirée du mardi, jour de l'Aïd, le ministère de la Santé a annoncé la poursuite de l'opération sous une autre forme, sans en préciser les contours. Il faut dire que Fawzi Mehdi devait sa longévité à la tête du ministère de la Santé au Président Kaïs Saïed qui avait rejeté, il y a six mois, le remaniement ministériel effectué par Hichem Mechichi. Son remplaçant, Hedi Khiari, n'a jamais mis les pieds dans ce ministère sans l'accord du chef de l'Etat. Depuis le 16 janvier, date du refus du président de la République de confirmer la confiance du Parlement aux 11 ministres proposés, bon nombre de départements ministériels sont dirigés par des «intérimaires» dont celui de l'intérieur, tenu par le chef du gouvernement. Reste à savoir si le nouveau ministre (par intérim) est capable de gérer le ministère de la Santé tout en ayant en charge celui des Affaires sociales. Deux départements à influence directe sur la vie des citoyens. M. K