Les ministres chargés de l'intérim ont toutes les prérogatives pour gérer les affaires courantes, et les limogeages ont pour but de redonner aux ministères concernés un rythme de travail ordinaire. En Tunisie, la crise constitutionnelle, qui est partie pour bien durer, inquiète au plus haut point des pans entiers de la société en raison de ses implications sur un vécu déjà difficile des citoyens en proie au chômage et à la cherté de la vie, induits par la double crise économique et sanitaire que traverse le pays. "La crise constitutionnelle rencontrée a conduit à la perturbation des intérêts de l'Etat et à une paralysie générale", a souligné hier le bureau exécutif de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). En exprimant sa profonde préoccupation quant à la situation générale causée par la crise du remaniement ministériel, l'UGTT a dans un communiqué appelé à accélérer le règlement de ce conflit constitutionnel dès que possible, exhortant les organisations nationales à unifier les efforts pour faire pression et trouver une solution. La principale centrale ouvrière du pays a aussi mis en garde contre la détérioration continue de la situation économique et sociale en l'absence de toute mesure claire pour réduire la tension dans le pays. Mais aussi contre leurs effets négatifs sur les salariés et la population en général, en particulier à la lumière de la hausse des prix et de la spéculation. Cela intervient alors que le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a démis de leurs fonctions cinq ministres sur fond de tensions au sein de l'Exécutif et chargé cinq autres ministres, déjà en exercice, d'assurer l'intérim, en attendant "la finalisation des procédures du remaniement ministériel approuvé le 26 janvier 2021". Hichem Mechichi, qui a démenti la possibilité d'annuler le remaniement ministériel, a expliqué que le limogeage de ministres, décidé lundi dernier, entre dans le cadre de l'amélioration du rendement du gouvernement et du travail des cinq ministères. Les ministres chargés de l'intérim ont toutes les prérogatives nécessaires pour gérer les affaires courantes, et les limogeages ont pour but de redonner aux ministères concernés un rythme de travail ordinaire, a-t-il précisé. Et ce, avant d'appeler à installer dans les plus brefs délais la Cour constitutionnelle, car c'est l'unique institution à même de résoudre le blocage. Alors que la Tunisie connaît une crise sociale et politique majeure, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a en effet limogé cinq ministres, le 15 février. Cette décision intervient dans l'attente de "la finalisation des procédures du remaniement ministériel approuvé le 26 janvier 2021, selon lesquelles les nouveaux ministres ont obtenu la confiance du Parlement", précise un communiqué du chef du gouvernement tunisien. Sont concernés par ces limogeages le ministre de la Justice, la ministre de l'Industrie, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'Intégration professionnelle, la ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, et la ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. La chefferie du gouvernement a également affirmé dans son communiqué qu'elle restait "ouverte à toutes les solutions propres à dépasser le blocage en cours et à permettre aux ministres de prendre leurs fonctions dans le respect de la Constitution". Dans ce sillage, le président de la République, Kaïs Saïed, a adressé, lundi, une correspondance au chef du gouvernement, Hichem Mechichi, portant sur "les aspects juridiques du remaniement ministériel et le non-respect de certaines dispositions (...)".