De Tunis, Mohamed Kettou Alors que la population s'impatiente de voir le Président Kaïs Saïed annoncer la nomination d'un Premier ministre et, partant, la constitution du nouveau gouvernement, le chef de l'Etat prend, quasiment tous les jours, des décisions de limogeage de hauts responsables. Ce mardi 3 août, il a procédé, par décrets, au remplacement de quatre hauts cadres au ministère de l'Intérieur et au limogeage du gouverneur (wali) de Sfax, capitale du Sud. Il est clair que ce remue-ménage est en lien direct avec la prise en main, par le président de la République, de tous les pouvoirs et sa détermination à mener une opération de nettoyage au niveau des rouages de l'Etat. Dans la même foulée, il a mis fin à la mission de l'ambassadeur à Washington en poste depuis décembre dernier. Le communiqué de la présidence n'en donne aucune raison ni n'annonce le nom de son remplaçant. Mais les observateurs estiment que Kaïs Saïed aurait décelé chez ce diplomate sa tendance à faire face à la campagne menée par le parti islamiste dans le pays de l'Oncle Sam pour soigner sa propre image et justifier ses attaques contre le chef de l'Etat, l'accusant surtout d'avoir fomenté un complot contre les institutions. Aujourd'hui, l'euphorie des premiers jours a cédé la place à l'inquiétude. Quel plan est en train de concocter Kaïs Saïed pour remettre le pays sur les rails ? se demande le citoyen lambda. Même état d'esprit chez de nombreuses organisations dont, en particulier, la centrale syndicale, sa commission administrative, s'est réunie mardi. Pour son secrétaire général, Noureddine Taboubi, il y a urgence de former un gouvernement et d'une feuille de route annonciatrice de mesures salvatrices. Le futur chef du gouvernement «doit être une grosse pointure» pour redonner espoir aux Tunisiens, a-t-il dit. 100 000 vaccinations/jour À ces problèmes institutionnels, économiques et sociaux, se greffe celui de la pandémie de Covid-19. Malgré une légère amélioration, la pandémie reste inquiétante puisqu'elle est favorisée par les multiples manifestations comme celle organisée le 25 juillet au soir suite à la décision du chef de l'Etat de geler le Parlement et de s'approprier tous les pouvoirs. Pour les spécialistes, les conséquences de ces attroupements seront visibles dans quelques jours. Dans ce contexte, Kaïs Saïed a ordonné l'organisation, dimanche prochain, d'une journée nationale ouverte de vaccination des personnes âgées de plus de 40 ans. Cette opération sera, sans doute, mieux organisée que la précédente qui a abouti à un échec. Pour la réussir, le ministère de la Santé, en collaboration étroite avec celui de la Défense nationale, a mis au point un programme minutieux et prévu une logistique qui, estime ce département, sera efficiente. Pour parer aux bousculades, il est prévu d'éviter les centres de vaccination habituels et se diriger vers l'exploitation des établissements scolaires dans toutes les régions du pays. Ainsi, les autorités sanitaires estiment que d'ici octobre, la moitié de la population sera vaccinée. Ceci est possible à condition de maintenir le rythme actuel qui, grâce au concours de l'armée, a permis d'atteindre récemment 100 mille opérations par jour contre 30 mille auparavant. M. K.