Selon le directeur général de l'Institut Pasteur, « 92% de malades atteints du Covid-19 en Algérie ont été contaminés principalement par le variant Delta. Celui-ci est un virus qui a une capacité de transmission inédite par rapport aux autres variants détectés ». Rappelant que plus de 4 000 variants du Sars-Cov-2 ont été identifiés à travers le monde, selon des études britanniques. Pour les chercheurs, l'apparition des variants est un processus tout à fait naturel. Le virus doit muter pour assurer sa survie. Leila Zaimi - Alger (Le Soir) - Effectivement, c'est le variant Delta qui est à l'origine de la troisième vague qui frappe de plein fouet l'Algérie en ce moment. Ce variant représente actuellement l'essentiel des travaux des experts de l'OMS. Commentant cela, Fawzi Derrar estime que l'actuelle crise sanitaire doit nous servir de leçons. « C'est un avertissement » de ce qui va venir, dit-il. Ajoutant que, désormais, «nous n'aurons plus le droit aux mêmes erreurs». C'est-à-dire «nous devons avoir la force d'anticipation et de prévention ». Une stratégie globale pour éviter les erreurs de la troisième vague est nécessaire. Dans ce contexte, l'invité de la radio algérienne, Chaîne 3, réaffirme les appréhensions de ses confrères quant à une éventuelle quatrième vague. « Puisque on n'est pas correctement vaccinés, on n'est pas à l'abri ni de la quatrième vague ni d'autres crises dont les mutations peuvent être plus meurtrières que l'actuelle ». Pour faire barrage au pire, il faut agir en amont. C'est-à-dire, se faire vacciner massivement. L'invité de la rédaction rappelle que « 90% des malades du Covid passés en réanimation, qui souffrent de problèmes liés à la respiration et qui sont décédés, n'étaient pas vaccinés ». Le Pr Derrar qui s'est longuement exprimé sur l'importance du vaccin pour limiter les mutations du Sars-Cov-2, dira que chaque personne vaccinée est un gain qui renforce l'immunité du troupeau. « Vacciner, c'est éviter l'hospitalisation et les complications dues à la contamination », affirme-t-il à nouveau. De plus, dans son intervention, il dévoile les objectifs et les perspectives des membres du comité scientifique. « Notre objectif à court et à moyen terme est de faire vacciner au moins 50% de la population. Un taux qui va enclencher une immunité collective. Nous espérons atteindre un taux de vaccination satisfaisant avant la rentrée sociale .» « Vers la fin de l'année, nous projetons de faire vacciner la plupart de la population, soit plus de 70% .» Le directeur de l'Institut Pasteur rassure quant à la disponibilité du vaccin. « Nous allons recevoir 9 millions de doses en ce mois d'août, 3 millions arriveront dimanche prochain », a-t-il précisé. Sur la vaccination des jeunes de 12 à 18 ans, Derrar souligne que les enfants jouent un grand rôle dans la propagation du virus. « La vaccination des jeunes est un défi que nous allons relever pour atteindre l'immunité collective. Néanmoins, cette opération tiendra compte de plusieurs paramètres à savoir, les essais cliniques des producteurs de vaccins ». Pour les enfants et adolescents, « deux doses sont recommandées ». Les mêmes doses pour les personnes déjà infectées, a-t-il fait savoir. Les personnes vaccinées, d'après le Pr Derrar, doivent toujours maintenir les mesures et les gestes barrières. Car, elles ne sont pas tout à fait à l'abri d'infection. Il se pourrait qu'elles soient contaminées par le virus et le transmettent aux autres. L'immunité collective n'est pas encore installée. « Les personnes vaccinées peuvent être contaminées comme les non-vaccinées, selon des études. Le protocole sanitaire doit accompagner le vaccin », insiste-t-il. « Nous devons au moins attendre un mois et demi pour que l'immunité collective se mette en place. Avant cette période, le risque est bien là ». Aux sujets des réticences du personnel soignant vis-à-vis de la vaccination et du pass sanitaire, le Pr Derrar trouve qu'il n'est pas normal que les professionnels de la santé, en première ligne face à la pandémie, refusent le vaccin. « Le corps médical doit être le premier à recevoir les doses du vaccin », pense-t-il. Avant d'enchaîner : «C'est inconcevable que les hôpitaux soient des foyers de contamination. Les établissements sanitaires doivent être protégés contre le virus .» En ce qui concerne le pass sanitaire, « l'option est sur la table », dit Derrar. Il laisse comprendre, cependant, que cette possibilité n'est pas pour demain, puisque la majorité des Algériens n'a pas encore reçu les doses de vaccin. Quant aux chiffres actuels des individus vaccinés, nous comptons « plus de 4 millions ». Selon le DG de l'Institut Pasteur, « 20% de la population est vaccinée ». Il est important de savoir que ces chiffres évoluent quotidiennement. L. Z.