«Il est temps aujourd'hui d'aménager les grandes surfaces et de mettre en place de grandes structures sanitaires, bien équipées pour accueillir les malades atteints du Covid. Le but est de ne pas contaminer les autres services hospitaliers. Améliorer la qualité de la prise en charge des malades. Et de soulager le personnel soignant», appelle, à nouveau, le professeur Kamel Sanhadji, président de l'Agence nationale de sécurité sanitaire. Leila Zaimi - Alger (Le Soir) - Hier, sur les ondes de la Radio algérienne Chaîne 3, ce professeur en charge de la sécurité sanitaire du pays a souligné la nécessité d'organiser et de créer de grands espaces aérés qui seront dédiés uniquement à la prise en charge et la réanimation des malades du Covid. « Si nous avions externalisé les services de la prise en charge ainsi que la réanimation, nous aurions pu éviter la situation dramatique de nos établissements sanitaires aujourd'hui», déplore-t-il, relevant, en ce sens, le manque flagrant des moyens médicaux et l'anarchie qui règne actuellement dans les hôpitaux du pays, faute de vision. Le Pr Sanhadji ajoute que l'externalisation du service Covid évite la contamination des services hospitaliers et limite la circulation des variants, qui sont plus contagieux. Dans ce même contexte, il indique qu'il faut agir par anticipation contre l'évolution du virus. «Il vaut mieux installer ces structures en situation calme», recommande-t-il. Affirmant, de plus, que l'Algérie n'est pas à l'abri d'une quatrième vague. Celle-ci pourrait éventuellement arriver en raison du taux très faible des vaccinés. «Nous ne pouvons pas éloigner la possibilité d'une quatrième vague, vu le nombre réduit des personnes vaccinées. Effectivement, nous ne sommes pas à l'abri de la quatrième vague qui frappe de plein fouet les pays européens et autres, en ce moment», a-t-il estimé, avant d'enchaîner : «Seule la vaccination, qui a prouvé son efficacité d'ailleurs, peut freiner et limiter les contaminations massives», indique-t-il. S'exprimant sur le variant Delta, le Pr Sanhadji dit que cette mutation est beaucoup plus dangereuse et contagieuse que la souche originelle. «Le variant Delta est 8 fois plus transmissible que le Sars-Cov. Une personne atteinte peut contaminer jusqu'à 8 personnes. Le taux de reproduction de ce variant est de 8. Alors que le virus originel est à 1 ou 2», a-t-il fait savoir. Cette mutation du virus touche également les enfants et les adolescents. 7 000 petits ont été touchés par le Delta en Algérie. Certains sont décédés. De ce fait, il ne se dit pas contre la vaccination des enfants. Lors de son intervention, Sanhadji estime que la «sécurité sanitaire est synonyme de sécurité nationale». C'est pour cela qu'il est important de fédérer les efforts de tous les acteurs ainsi que les institutions pour faire face à cet ennemi invisible. Ceci est, entre autres, le rôle de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire. L'Agence de Sanhadji sert à croiser les données des différents organismes pour pouvoir attirer l'attention de la décision politique. Elle est «l'œil scientifique du Président», selon l'expression de l'invité de la radio, qui a appelé tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le Covid et ses mutations à œuvrer ensemble et échanger pour mieux faire face à la pandémie. L'option du retour au confinement total en Algérie n'est pas écartée. Pour le responsable de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, «un confinement total s'impose de lui-même. C'est-à-dire lorsque la situation devient encore plus critique, où le nombre de cas de contamination ainsi que de décès augmente», a-t-il expliqué. L. Z.